lundi 23 juin 2008

Fumetto Noir


Tome 1 : La scomparsa (la disparition) di Amanda Cross
(Pour la petite histoire, Amanda Cross est le pseudonyme sous lequel Carolyn G. Heilbrun
a publié quatorze romans policiers. Elle s'est suicidée en 2003.)

Pour vous remettre de vos émotions générées par le billet sur la bande dessinée finlandaise, je vous propose d'évoquer une petite série transalpine plus "gros-nez" dont j'ai fait la découverte il y a déjà quelques temps lors d'un voyage d'étude (hum !).


Créé en 2001 par Claudio Nizzi et Massimo Bonfatti pour le compte des éditions Bonelli, Leo Pulp est une bonne grosse caricature des détectives privés à la Mike Hammer, Dick Tracy, Sam Spade ou Philip Marlowe, que n'aurait sans doute pas renié le regretté Benito Jacovitti et dont les enquêtes se déroulent dans le milieu cinématographique du Los Angeles des années 40 : Hollywood, revu par Cinecittà en quelque sorte !


La barmaid amoureuse, le commissaire rouspéteur mais bienveillant, les poursuites en grosses bagnoles chromées, les mitraillages à chaque coin de rue, les gorilles barraqués mono-neuronaux, les bars enfumés, les femmes fatales en nuisette ... Tous les ingrédients sont réunis pour faire sourire le lecteur avec cette agréable impression de "déjà-vu"... Mais comment l'intègre Leo Pulp va-t-il se sortir de ce guêpier ???


Le scénariste, Claudio Nizzi, né en 1938 à Sétif en Algérie, est notamment connu pour sa série-fleuve policière Nick Raider, dont 200 fumetti et 10 albums spéciaux sont parus entre 1998 à 2005 chez le même éditeur. Sa passion pour les romans et films noirs étatsuniens , en particulier ceux de Raymond Chandler, James Ellroy, Howard Hawks ou encore Billy Wilder, est à l'origine de cette trilogie.

Massimo Bonfatti, le dessinateur, est né en 1960 à Modène, où les deux auteurs résident actuellement. Il a appris le métier aux côtés de pointures italiennes comme Bonvi, Silver et Clod.
Son trait (trop ?) méticuleux et le soin qu'il apporte à la réalisation de chacune des cent pages constituant chacune de ces aventures honnêtement colorisées informatiquement par Cesare Buffagni, ainsi que ses nombreux autres travaux parallèles (Lupo Alberto, Cattivik ...), ne lui ont permis de réaliser quant à lui, que trois aventures de Leo Pulp entre 2001 et 2007, autant dire une goutte d'eau dans la production faramineuse des éditions Bonelli !

On imagine que ce contraste, tant qualitatif que quantitatif ait malheureusement pu perturber autant l'éditeur que les lecteurs, et soit peut-être à l'origine de l'arrêt prématuré de cette sympathique série, sans prétention certes, mais qui mériterait, selon moi, une traduction de ce côté-ci des Alpes.




Tome 2 : I diletti (les meurtres) di Sunset Boulevard

tome 3 : Il caso della Magnolia Rossa (l'enquête du Magnolia Rouge)

Une petite brochure de huit pages, reprenant certains dessins et préfacée par François Corteggiani a été réalisée dans notre langue à l'occasion du dernier festival d'Angoulême :




On signalera deux interviews, publiées simultanément en juillet 2007 par les excellents mensuels Fumo di China et Scuola di Fumetto, que l'on peut lire (en italien, évidemment) sur le site de Massimo Bonfatti.


Leo Pulp vu par Corrado Mastantuono.

Hasard du calendrier du blog : on trouve également une référence au film de Howard Hawks "Le grand sommeil" ("The big sleep") dans le premier tome du RASL de Jeff Smith dont nous avons parlé la semaine dernière !



***Fine***

12 commentaires:

Li-An a dit…

Ah c'est sûr, c'est de l'obscur. On ne peut pas dire que je flashe dessus (j'ignorais que pour aller en Finlande, il fallait passer par l'Italie).

Totoche Tannenen a dit…

Tous les chemins mènent à Rome. Ha ! Ha ! Ha !

Hobopok a dit…

Bravo pour ce rire !

Et sinon, le voyage d'études, elle était mignonne, vous êtes toujours en contact ?

Anonyme a dit…

C'est vrai qu'il y a beaucoup de bonnes choses dans les éditions Bonelli. Je ne connais pas grand chose en dehors de Martin Mystère, Nathan Never et Dylan Dog, et je me rend compte que c'est dommage. Malheureusement, ce type de BD en petit format est difficilement vendable dans le monde francophone.
Il faudrait un journal intelligent, qui ne fasse pas que de la prépublication d'albums, et qui traduise en français le meilleur des fumetti

Totoche Tannenen a dit…

Merci de ta visite et bienvenue dans ce machin qui n'arrive pas à la cheville de ton blog, Raymond :

Je n'entrerai pas dans le débat de ce qui est bon et de ce qui est moins bon chez Bonelli, mais on peut effectivement se poser la question de savoir si l'affirmation qu'on nous assène depuis des années comme quoi les petits formats ne se vendent pas est VRAIE.
Quand on voit les chiffres de vente des mangas (malgré leur prix que je trouve relativement élevé) ou de "Persépolis", il est permis d'en douter et on se dit que les éditeurs n'ont vraiment rien compris.
Ou plutôt si : ils ont bien intégré qu'on pouvait nous vendre un album 10 à 20 euros en nous persuadant qu'on serait incapables d'apprécier les PF ou le NB ...
Il ne faut pas s'étonner si les tentatives de traduction de quelques fumetti chez nous comme "Ken Parker" (Milazzo/Berardi), "Capitain Rogers" (Cavazzano/Pezzin/Corteggiani), "DylanDog" (Sclavi/Ambrosini/Cossu/etc.),
"Tex Willer" (Bonelli/Galleppini/etc.)
se soient soldées par un échec : on dirait que les éditeurs oublient que ces histoires populaires ("Leo Pulp" ne casse pas des briques, je le reconnais) s'adressent à un public populaire au pouvoir d'achat restreint et qui passe plus souvent devant un kiosque à journaux que dans une librairie de bandes dessinées ...
(Le 1er tome de Leo Pulp, par exemple, qui comporte 100 pages en couleur, ne coûte que 3,62 euros !!!)
Les éditeurs spécialisés dans les comics US semblent tout de même avoir intégré cette donnée.
Quel intérêt, par exemple, d'éditer "Groo the Wanderer" de Sergio Aragones et Mark Evanier en album grand format cartonné alors que les histoires, certes hilarantes, ne se lisent qu'en 5 minutes ? ...
Je viens de m'offrir hier le "Rex Steele Nazi Smasher" de Bill Presing et Matt Peters pour 25 euros ... C'est un très bel album avec un DVD, d'accord, mais je ne pense pas que je le relirai souvent ... Il faut vraiment être frappé comme moi pour payer une BD à ce prix ! Il me semble qu'Akileos se prive d'un vaste lectorat, qui plus est, les nombreux fans des productions Pixar ...

...
Houlà ! Tout ça pour ça !

Anonyme a dit…

C'est vrai que le petit format a une mauvaise image en France. Cela tient au fait qu'on y a publié beaucoup de BD espagnoles ou italiennes médiocres. Mais dans le fonds, le manga ne publie pas que des oeuvres de grand intérêt, et je me demande pourquoi Dylan Dog ne pourrait pas trouver une parution française régulière en petit format.
Il faudrait que les italiens fassent des dessins animés à partir de leurs BD, et ils retrouveraient alors un jeune public,

Totoche Tannenen a dit…

"Martin Mystère", d'Alfredo Castelli et Giancarlo Alessandrini a bien eu droit à une adaptation animée pour la télévision, mais celle-ci est tellement éloignée du fumetto original qu'il n'y a, à mon avis, aucune chance pour que ce dernier puisse bénéficier d'une quelconque publicité ...

Anonyme a dit…

Les mangas sont chers quand ils sont de mauvaise qualité (graphisme, scénario à deux balles, etc). Mais comme les "bons" mangas sont au même prix que les "mauvais", sachant le travail qui est derrière (réalisé si je ne fais pas erreur sur planches au moins 30x40), je ne les trouve pas si chers que cela, et personnellement je sais me passer d'une couverture cartonnée ;-) Bon, parfois il est vrai il faut de bons yeux pour capter tous les détails. En gros, choisissez bien vos mangas à l'achat.

Totoche Tannenen a dit…

Boyington >
"Il convient de savoir que les manga japonais sont moins chers qu'en Europe, leur prix avoisinant les 400 yens (2,50 euros en février 2008), alors qu'en France, le prix d'un manga se situe généralement entre 5,50 et 8 euros selon le format et les éditions."
(in Wikipédia :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Manga
)

Tu vois : contrairement à ce qu'ils essaient de nous faire croire, nos éditeurs s'en mettent pas mal dans la poche au passage, d'autant plus que ces mangas ont déjà été largement amortis au pays du Soleil-Levant, et qu'à mon humble avis, ce ne sont pas les droits d'auteur qui doivent faire grimper l'addition (sauf peut-être pour des auteurs renommés comme Otomo, Miyazaki, Tanigushi, Matsumoto ou Tezuka, voire Clamp ...).

Anonyme a dit…

Moi j'aime bien ce trait assez daté de "Léo Pulp", cette surcharge et ce mélange de style me rappelle (si je puis dire car pas un seul nom me vient à l'esprit) des plaisirs de lectures d'enfance ; le genre de truc qu'on découvrait dans Pilote ou dans Pif et qui demande tellement de travail que son auteur finissait par disparaître de la circulation.
C'est vrai qu'il manque des collections abordables comme les Dupuis brochés d'antan, ou des petits-formats d'un genre nouveau.
À mon avis, c'est sans doute l'élargissement de l'offre qui a tué les petits-formats plutôt qu'une mauvaise image.
On pouvait tout de même y trouver de bonnes choses et en quantité (j'y ai découvert entre autres Bottaro, jacovitti, Kirby, Alex Raymond, Wrigthson, Marotto et bien d'autres espagnols de talents dont les noms m'échappent... et les couvs de Jim Canada ;-).
Bon, le papier était pas terribles et ça finissait à la poubelle...
Et du coup, ça revient en nostalgie.

Totoche Tannenen a dit…

Merci Vasco : au moins un sur qui je puisse compter ! (pas comme les autres faux-frères :-) )
Je suis 100% d'accord avec ton analyse.

Anonyme a dit…

Totoche> Ah oui dis-donc, 2,50 €, là j'suis quasi sur le départ pour Tokyo! La merde, c'est qu' j'pige que dalle au japonais... Ben voilà où ils partent les 4 € de plus: c'est pour les traducteurs. Non? Tiens, là je jette un oeil nostalgique sur des "Rapaces" de 1969: 13cm x 18cm, 63 pages de mauvais papier, offerts à moi par mon papa dans une gare à l'époque, prix: 0,60 (anciens) francs. Quel pied j'ai pris avec ça à l'époque (des histoires de warbirds pendant 39-45, pas si mal dessinées que ça, en noir et blanc...)Le bonheur ça peut aussi être la simplicité (ça pouvait?)