mardi 21 avril 2009

Le Docteur est malpoli


C'est en ne pouvant s'empêcher d'insulter intérieurement un de ses amis (qui lui avait taxé, sans jamais les lui rendre, vingt pesos afin de jouer aux courses à l'hippodrome de Buenos Aires) que Guillermo "Willy" Divito (1914-1969) imagina, en 1940, la schizophrénique série "El otro yo del Dr. Merengue".


Alors que le Dr. Merengue parait à priori bien éduqué, mesuré, poli jusqu'à l'hypocrisie, plus flegmatique que le colonel Clifton, Blake et Mortimer réunis, son double (l'autre moi), véritable soupape de sécurité, dit tout haut ce que l'autre pense tout bas.
Quasiment hystérique, laissant éclater ses colères, exprimant ouvertement ses sentiments, spécialement quand il est en présence d'une des hallucinantes chicas de Divito qui semblent l'obséder, il semble alors plutôt tenir du loup de Tex Avery.
Une telle dualité me fait irrésistiblement penser à Milou, tiraillé entre sa bonne et sa mauvaise conscience dans Tintin au Tibet (oui, bon, il y avait aussi Pinocchio et son criquet, Johan et Pirlouit, le Schtroumpf grognon et le Schtoumpf à lunettes, etc. ).


Créé en 1940, El otro Yo del Dr. Merengue fit plus tard les beaux jours de Rico Tipo, l'hebdomadaire créé par Divito en 1944 et eut même, dans les années cinquante, son propre supplément.
Je trouve le dessin incroyablement dynamique pour l'époque. Quant au style vestimentaire des chicas, il fit écrire à la revue Time en 1947 que, "pour les travailleuses porte­ñas (habitantes de Buenos Aires), Willy Divito faisait plus autorité que Christian Dior " !
J'en ai les yeux tout ébouriffés.

¡ Plop !

À la lecture de ces gags, je me dis que le politiquement correct ne date pas d'hier et l'envie me prend de mettre parfois ma bonne éducation de côté.
Quoique, faire un grand sourire au crétin qui me klaxonnait et m'insultait l'autre jour, tout en pensant au Dr. Merengue m' a rendu de particulièrement bonne humeur. Essayez !

Heureusement que sous nos latitudes et à notre époque, les docteurs ne se permettraient pas de telles pensées dans le dos de leur patient(e)s.

2 commentaires:

Raymond a dit…

Il est marrant ce double ! Au départ, je ne lui ai pas prêté trop attention, mais c'est lui qui fournit les gags.

Il me fait penser au loup de Tex Avery.

Hobopok a dit…

Je dirais même plus : iplop !