samedi 10 octobre 2009

Le Pont de la Rivière Shukumeï


Le franchissement du torrent sur un pont de corde délabré, c'est un des clichés les plus éculés aussi bien au ciné qu'en BD. Mais lorsque c'est Yann et Conrad qui conduisent le camion, cela devient tout simplement mythique !

Shukumeï, par Yann et Conrad : la V.O. (la seule, la vraie).

Depuis que j'ai découvert cette scène de Shukumeï ("destin" en japonais) dans les pages de Spirou, elle est restée une de mes scènes préférées de toute l'Histoire du Neuvième Art. Elle dure environ... quinze (15 !) pages, sur les quarante-cinq que comporte l'histoire ! Un truc de dingue, je vous dis.

Shukumeï
est le second épisode de la série Les Innommables réalisé par Yann et Conrad (le premier étant Matricule Triple Zéro), et parut en 1980 dans les n° 2219 à n°2229 de Spirou (reliures 159 et 160, à posséder absolument).
Aussi incroyable que cela puisse paraître, aucun des quatre épisodes de la série ne fut jamais repris en album par Dupuis. Le troisième (Cloaques), bien que plusieurs fois annoncé dans l'édito, effraya tant et si bien la rédaction qu'il ne fut jamais publié dans les pages de l'hebdomadaire !
Shukumeï ne fut quant à lui jamais édité sous sa forme originale, Conrad l'ayant à chaque fois
en partie redessiné et remonté pour les albums ultérieurement édités par Glénat/Bédéscope en 1987, puis par Dargaud en 2002.

Quand je pense que deux des planches de cette fabuleuse scène étant en vente il y a deux ans à Angoulême (à un prix prohibitif) et que je ne les ai pas achetées... J'en pleure encore.

Shukumeï, version Spirou, Dupuis, 1980

Shukumeï, version Glénat/Bédéscope, 1987

Shukumeï, version Dargaud, 2002

Cette séquence me rappelait Le Salaire de la Peur, tourné en 1953 par Henri-Georges Clouzot, et dont une scène fut -parait-il- tournée dans la Calanque de Sugiton, entre Marseille et Cassis, autrement dit le terrain de jeu de Conrad quand il était encore minot !


Eh bien pas du tout du tout : le récent commentaire de Giulia sur le Blog des Innommables m'apprend que c'est l'affiche du film Sorcerer (Le Convoi de la Peur), réalisé par William Friedkin en 1977 et dont j'ignorais jusque-là l'existence, qui inspira en fait Conrad pour cette scène. Bon... Le Convoi... n'est autre qu'un remake du Salaire de la Peur, l'honneur est sauf !

Mais qui a dessiné cette affiche ?

6 commentaires:

Li-An a dit…

Pas vu le Peckinpah assez mauvais parait-il. Moi c'est resté dans ma mémoire avec "on a une chance sur deux de s'en tirer" que je ressors encore...

Vlad a dit…

Eh Li-an, faut pas confondre Le Convoi de Peckinpah et le Convoi de la peur de Friedkin. Le Peckinpah est bien marrant mais il n'a rien à voir avec le Clouzot.Le Friedkin je le connais pas mais ça donne envie.

Sinon, l'affiche noir et blanc fait assez Breccia, ou Garcia... Elle est signée en bas à droite, mais là... C'est trop petit.
La version couleurs à l'air extra.

Boyington a dit…

Dans le genre camion tombant à l'eau et humour décapant, "le chinois à deux roues" de Tillieux de 77 m'a laissé de même un souvenir attachant. Certes, ça n'avait pas l'attrait cinématographique du çui qu'on cause ici, mais il y avait de l'action quand même, notamment la glissouillette sur le deuxième pont haut perché et miné... Tillieux je t'aime.(Enfin ton style...) (Je l'ai déjà dit récemment je crois)

Li-An a dit…

Ah ben j'ai confondu...

Giulia a dit…

Waaaah, la gloire !! Je suis citée chez Totoche !

Je laisse juste un commentaire éclair pour parler 30 secondes du film de Friedkin. Si c'est trop fan, trop long, t'as le droit de couper ou de retirer Totoche !

Conspué à sa sortie Française - biscotte on n'a pas le droit de toucher au chef d'oeuvre de Clouzot -, c'est pourtant le genre de film qui te fait aimer un réalisateur à vie... !

Je vous résume ça en quelques mots : Sec (les dialogues tiennent sur une page !), violent (tout se déroule dans une de ces républiques bananières fascistes), sombre (Misère, crasse, révolution), tourmenté (melleure prestation de Bruno Cremer à ce jour !)... Un critique a même écrit quelques années plus tard : 'Clouzot a fait un film sur les hommes, Friedkin a réalisé une épopée sur les Dieux !'.

N'hésitez pas donc à voler, pirater, détrousser pour voir l'un des meilleurs films des années 70, injustement introuvable en France !

Voilà Totoche, Et merci pour ton site !

Totoche Tannenen a dit…

Et moi, je vais devoir expliquer à Mme Totoche que je passe mes soirées à discuter cinéma sur le blogue avec des actrices porno...