mercredi 28 mars 2012

Reporters à terre


Il y a trente ans, entre un reportage au Babouchistan sur les traces du commandant Mamouk et un autre avec les enfants-guerriers dans les rizières du Khompôt, Jeannette pointait son nez dans les pages de Spirou.


La jeune photo-reporter du Moustique (le journal de Seccotine et Fantasio) y jouait déjà les Edith Bouvier en se faisant canarder par l'Armée rouge dans Le Dragon vert, un récit intelligemment ancré dans l'actualité dramatique de l’époque, invitant le lecteur de base à sortir de sa léthargie comme avait su le faire en son temps Le Lotus bleu.


Comme le fond du récit, la forme interpelait également : non seulement les pages de cette aventure étaient chapitrées une par une, mais elles étaient inhabituellement distillées au compte-gouttes au rythme de deux par semaine, étrangement réparties en début et fin de magazine, ce qui renforçait le côté "reportage en direct".


Plus nerveux que jamais, le trait de Marc Wasterlain conservait néanmoins toute la sensibilité du poétique Docteur Poche.


Ce premier épisode de ciquante-deux planches sera remonté en quarante-sept pages pour la version album -quelques cases seront même discrètement retouchées-, paraissant d'abord dans la collection Carte blanche avant de finalement intégrer la série-mère en troisième position.


 Dépoussiérant non seulement l'image des héros-reporters, mais aussi et surtout celle des héroïnes de bandes dessinées, Jeannette Pointu aura prouvé qu'on pouvait séduire toute une génération de lecteurs sans cuissardes ni décolleté affriolant. Allez..., peut-être un gilet pare-balles, et encore.


4 commentaires:

Li-An a dit…

Ben je ne sais quoi ajouter. Disons qu'en plus, ce n'était pas à la mode de raconter ce qui se passait dans le monde...

Totoche Tannenen a dit…

Non, bien que certains s'y soient risqués, comme par exemple Jean-Claude Fournier avec "son" Spirou (L'Ankou, Tora Torapa, au Çatung, etc.) ; j'ai cru comprendre que cela n'avait pas plu à tout le monde...
Charlier aussi.

Julien a dit…

La claque,c'était de donner force et crédibilité à un récit en fuyant le réalisme plat(Cela m'avait marqué ces véhicules plus vrais que vrais).C'est tellement vivant,tellement beau.Je comprends Franquin (Trés sincère) qui aurait aimé "dessiner comme Wasterlain"...Bah,Les Picaros de Hergé c'était un peu un regard sur le monde,désabusé,bien entendu,en partant de ses propres ficelles.D'une autre époque.

Totoche Tannenen a dit…

Ah, "Tintin et les Picaros" !
Je ne comprenais pas pourquoi tout le monde le dénigrait, c'était le seul Tintin que je vivais en direct.
Les salauds, ils me le gâchaient ! Vive Bob de Moor !