samedi 17 avril 2010

Le silence, le soir au fond des fjords

(Alpha et Oméga à la Pinacothèque de Paris)


En 1908, victime d'un sévère syndrome anxio-dépressif compliqué de délires hallucinatoires et persécutifs -que l'abus d'aquavit ne devait pas arranger- Edvard Munch (1863-1944), est hospitalisé plusieurs mois dans une clinique de Copenhague.
C'est cette même année qu'il entreprend l'écriture de l'étrange Alfa og Omega (Alpha et Oméga).


Le début de cette fable commence comme une banale histoire d'amour. On pense évidemment à Adam et Ève au jardin d'Eden ; d'ailleurs, comme dans La Genèse, cette histoire va vite dégénérer.


En effet, la rencontre avec le serpent va nous faire découvrir une Omega non seulement nymphomane, mais également zoophile ! En se tapant tous les animaux de la création, la volage finira par attiser jusqu'à la haine, dans une ambiance crépusculaire, la jalousie du malheureux Alfa qui, souffrant en silence, supporte par ailleurs difficilement les railleries dont il fait l'objet de la part de sa grotesque progéniture dégénérée.
On s'en doute, cette histoire d'amour finira mal, très mal...


Les vingt-deux lithographies réalisées par le peintre norvégien pour illustrer cette sombre fable peuvent être admirées dans le cadre de l'exposition Edvard Munch ou L'Anti Cri proposée par la Pinacothèque de Paris jusqu'au 18 juillet 2010.

Buchet Chastel a pubié Alpha et Oméga en français dans Le Cahier Dessiné n°4, paru en 2004.


Alfa og Omega est enfin disponible en V.O. sur le site danois Artscandinavia (d'où les images du billet proviennent - il existe heureusement une traduction en anglais et en allemand ! -). La qualité de reproduction ne permet cependant pas d'apprécier à leur juste valeur les superbes dessins de Munch.

4 commentaires:

Raymond a dit…

Turner, puis Munch ... bravo Totoche. Ce sont par ailleurs les deux meilleures expos de peinture actuellement à Paris. ;-)

Totoche Tannenen a dit…

Eh oui, j'essaie tant bien que mal de me cultiver : j'ai même fini par acheter le gros bouquin de De Kuyssche et Groensteen sur Jacques Martin, pour avoir l'air moins céhoenne sur les forums. Bel effort, non ?

Totoche Tannenen a dit…

Cette expo, basée uniquement sur des pièces issues de collections particulières, est en fait controversée par certains critiques grognons qui préfèrent attendre la future expo Munch prévue à Beaubourg en 2011.

Raymond a dit…

Ce sera une bonne occasion de revenir à Paris :-)

Sinon, j'espère que tu as apprécié la monographie de Thierry Groensteen (De Kuysche a fait le complément qui concerne les années 90) ?