Extrait du livre d'entretiens avec Thierry Bellefroid, Les Éditeurs de Bande Dessinée, paru chez Niffle en 2005 :
Thierry Bellefroid : -"Comment gère-t-on les échecs avec les auteurs, lorsque ça arrive ?"
Guy Delcourt : -"Pour les auteurs, c'est très dur d'essuyer un échec. Et là, c'est le rôle de l'éditeur de rebondir. Avec une première obligation, à mon sens, qui est de ne pas lâcher un récit en cours de route. C'est une question d'éthique. Si on a prévu une histoire en trois volumes et qu'au bout du premier, ça ne se passe pas bien, il faut pourtant continuer. C'est un devoir envers l'auteur et l'éditeur (...)"
Ça en jette, non ?
Guy Delcourt tranche sur Blanche
Après la théorie, je propose que nous passions maintenant à la pratique, si vous le voulez bien, en suivant ce lien. (Âmes sensibles s'abstenir)
11 commentaires:
Oui, bon, ça fait un peu "naïf" comme billet, ami Totoche. C'est une pratique courante chez Delcourt et ce depuis au moins dix ans. Tu imagines le nombre de séries en cours s'il avait continué toutes celles qui ne fonctionnent pas (j'en ai le vertige rien que d'y penser)? On en serait à Planète Lointaine tome 12.
Pour ce que j'ai vu, Delcourt a toujours proposé aux auteurs d'essayer de boucler leur histoire (dans le cas précis, ce sont des one shot donc pas de blème) et, surtout, a essayé de retravailler avec les auteurs en question, ce que certains de ses confrères ne pratiquent pas.
L'attaque contre Morvan est un peu foireuse à mon avis mais bon, c'est ton problème :-)
En règle générale, le concept de séries n'est plus valable éditorialement parlant aujourd'hui sauf en cas de succès (et artistiquement parlant, ça devient limite). Qu'est-ce qui justifie un héros récurrent à part la nostalgie enfantine d'une histoire sans fin ?
Je rajouterai que depuis cette interview, de l'eau a coulé sous les ponts et la politique éditoriale de Delcourt a bien évolué depuis (qu'on l'apprécie ou pas).
Naïf, je le suis évidemment. Je ne fais que lire ce qui est écrit.
Il n'y a AUCUNE ATTAQUE contre Morvan : j'aurais aussi bien pu citer Van Hamme, si c'était chez Dargaud ou Cauvin, chez Dupuis.
Cela ne retire aucun mérite au travail de ces grands scénaristes.
"De l'eau a coulé sous les ponts" : cela ne fait que cinq ans, ce n'est pas si vieux, tout de même !
Delcourt publie d'excellents livres. Certains figurent dans mon Panthéon. (Je ne citerais que Jimmy Corrigan...)
Je ne vois pas pourquoi cela nous empêcherait de rappeler, même naïvement, ses engagements, tout à fait honorables ; bien au contraire.
Pour en revenir à ma naïveté, je la revendique pleinement dans le billet, déjà écrit, qui paraîtra demain !
à Li-An : en faisant ce commentaire ironique, je voulais simplement faire allusion à Tillieux ainsi qu'à Will/Macherot/Franquin/Delporte, qui profitaient parfois, parait-il, de leur renommée pour aider leurs protégés en disgrâce avec l'éditeur.
(désolé, c'est décousu, mais au boulot, c'est pas facile...)
Si, cinq ans c'est énorme. Le monde éditorial de la BD a été complètement bousculé à un point que vous n'imaginez pas. En cinq ans, les tirages moyens se sont effondrés et le concept de BD/industrie s'est imposé.
Franchement, on pourrait reprendre tous les acteurs interviewés et leur poser les mêmes questions, je suis sûr que les réponses seraient très différentes sur beaucoup de points (dit le type qui n'a même pas lu ce bouquin).
M'enfin, c'est bien contre ça que je rouspète ! Ce n'est quand-même pas moi qui essaie de transformer la BD en industrie !
Evidemment que les tirages ne s'effondrent : les livres n'ont même plus le temps d'être exposés en librairie qu'ils sont déjà repartis. Les séries n'ont pas démarré qu'elles sont déjà arrêtées !
Je viens seulement de me rendre compte, par exemple, que le dernier Bois-Maury -série que j'aimais pourtant suivre- était sorti chez Glénat, il y a au moins un an !
Et combien de séries pertinentes-pas si nombreuses-ne découvre t'on pas,avec l'oeil du gars qui vise bien,avant de se rendre compte qu'il s'agit d'un troisième tome.Cela m'arrive de plus en plus(Ben oui,tiens,VICOMTE si ça se trouve..?).Les auteurs en font les frais.A part SFAR qui peut réllement se réjouir de ce flot de livres et un comportement qui ne vise pas seulement à scier la branche sur laquelle etc mais la scier de plus en plus vite.Car il faut aller vite.Votre échange est intéressant:Vous avez raison tous les deux.L'utopie et le but à atteindre coté TOTOCHE et les faits(qui sont tetus)coté LI AN.Et oui,en cinq années,la BD a changé.L'ère nouvelle de 2000 ressemble déjà à de l'histoire,à un age d'or déjà éteint.Le lecteur peut trés vite devenir parresseux:Intégrales et une poignée d'auteurs suivis;guère davantage.Naif moi aussi et en plus j'enfonce des portes ouvertes depuis le début!
C'est ce que j'essayais d'expliquer chez Raymond : qu'il y ait pléthore de livre, pourquoi pas s'il y a pléthore de lecteurs et assez de place et de temps pour tous ces bouquins.
Le problème n'est pas qu'"on ne peut pas tout lire", ce qui est évidemment absurde -on ne pourra jamais tout lire-, mais qu'on nous empêche de lire ce qui nous plaît, qu'on nous force à ne plus lire ce que les autres lisent !
Le "problème" est, selon moi, que certains éditeurs indépendants appliquent désormais des politiques de banquiers.
Je suis le premier à déplorer que le catalogue Delcourt ne me fasse plus bander, à ne plus avoir envie de me précipiter dans les librairies pour y découvrir que le livre que je viens chercher n'existe déjà plus ou bien fait déjà partie d'une intégrale !
Qui est le plus fautif dans cette folle course en avant ?
Enregistrer un commentaire