samedi 1 août 2009

Comic fever versus Teen movie

(Marine à Paris-Plage)


Profitant de sa renommée désormais internationale (et du repos bien mérité de son rédac'chef), le Plan B(d) a décidé de mettre en valeur les travaux de ses lecteurs.
De jeunes stagiaires issus de milieux défavorisés et ne partant pas en vacances, ont donc été embauchés, non pas pour faire les photocopies ou servir le café, mais afin de redonner vie à la feue rubrique "Carte Blanche", lâchement abandonnée en 1979 par l'hebdomadaire Spirou.

C'est donc la petite Marine qui a l'honneur d'essuyer les plâtres. Attention, c'est très fin : les habitués du blogue risquent fort d'être décontenancés...
Je vous laisse savourer (Comme on dit à Montreuil : "MIAM" ! -private joke, ;-), Lol, MDR, etc.- )

Comic fever versus Teen movie

Les Beaux Gosses
, film de Riad Sattouf, adaptation de ses chroniques La vie secrète des jeunes, parues dans Charlie Hebdo, a éclos sur les écrans au moment des vacances scolaires. Moment privilégié donc, à l’heure des premières amours où le romantisme attendu et les espoirs de succès sentimentaux s’effondrent sous le flot d’une réalité abrupte, cruelle et drôle à la fois.

La vie secrète des jeunes était (et reste) ainsi drôle. La vie (…) s’apparente au journal intime d’un illustrateur attentif aux faits, gestes et paroles de ses congénères, en métro, en train, en dédicace, en concert, au café. Riad se fait voyeur et auditeur d’un monde (celui des « jeunes ») à part, parallèle, discret, qui paradoxalement se montre, s’expose et parle fort, sans tourner sept fois sa langue dans sa bouche. Il était donc une fois une génération, une tribu aux codes arrêtés, qui, au choix, fréquente des concerts de hard-rock chevelu, se chambre à vue, a pour QG le Mac Donald’s des Halles, s’interroge sur le sens de la vie à coup de « c’est clair, tu m’étonnes, grave »…


En huit vignettes, en noir et blanc, Sattouf esquisse le dialogue jouté entre un petit et un grand, une fille menue et un costaud viril, un personnage plein champ et un hors champ au bout du fil…Parfois aussi ce sont des monologues intérieurs où chacun devient son meilleur ennemi, où une fille jolie et seule dans une rame de métro, fourre ses doigts agiles dans un nez, et devinez... Sattouf parvient à capter les errements des passants, dont le ridicule, s’il ne les tue pas, les renforce.


En lisant les chroniques condensées de Sattouf, et en étant à l’écoute du chant de la ville, on s’aperçoit que nos vies ordinaires sont elles aussi traversées d’insolites événements, de micro conversations absurdes et de réactions improbables. En témoigne ce jeune homme aujourd’hui croisé, musclé sous son noir tee-shirt pestant vainement et oralement contre le bus 129 qui n’arrive pas, « sale bâtard ».

Bref, les propos des personnages croqués par Sattouf nous reviennent en écho et nous gloussons intérieurement de ces phénomènes de la vie, pas si secrète en fin de compte, des jeunes et des moins jeunes.


Plus incarnés, plus charnels, plus physiques, les personnages de Sattouf sur écran donnent littéralement corps et voix à ses silhouettes sur papier. Les bogosses, drôles de lascars, s’appellent Hervé, Camel, Aurore, Jean-Eudes, s’interpellent « T’es sur qui, toi ? ».

En voyant son film, on se souvient des détails qui forment le tout du grand mal-être adolescent, on se reconnaît dans ces menues saynètes mettant en scène des adultes pas tout fait aboutis que l’on figurait soi-même. Adolescents qui se bousculent, engoncés dans un corps qui grandit trop vite, comme un vêtement qui, d’un coup, flotte autour de vous. Garçons qui se gênent, se disputent la place du plus benêt, hésitent entre le rire et le charme. Personnages qui se guettent, s’observent, se cherchent, se heurtent.

Sattouf saisit cet âge incertain où les premières fois apparaissent comme des défis à soi-même, et davantage à l’altérité. Cet autre, un jour, c’est cette fille, carré sage, sac à dos et expérience du baiser mouillé à son actif, à qui l’on rêve parce qu’elle semble inaccessible.

Cet autre, le jour suivant, c’est cet ami, cheveux longs dans la nuque, avec qui l’on s’essaie à l’auto-stimulation, catalogue La Redoute en main, mais qu’on trahit en falsifiant l’adresse d’une fête où il est malvenu.

Enfin cet autre, c’est cette mère, tête bouclée et dégaine indolente, qui encombre par son affection expressive, par sa curiosité intrusive (« tu te branlais ? »), et qui voudrait faire partie de la « vie privée » de son fils, s’amourachant comme lui du premier à lui rendre son baiser.

Le film décrit le tableau pas totalement réaliste d’une jeunesse pas tout à fait rêvée. Car décidément trop c’est trop : les pulls-over over passés de mode, les boutons en relief sur des joues plus si imberbes, les remarques primitives et bas de plafond, les jeux de séduction maladroits et risibles…forment le scénario à épisodes d’une époque résolue à être révolue au plus vite.

Riad est-il Hervé ? Ce qui est certain c’est qu’Hervé (qui doit signer RV sur msn) devient l’archétype du jeune homme gêné aux entournures, assiette de coquillettes au fromage fondu sur les genoux, ironique bogosse looser, tendre et héros, lâche et brutal, selon l’humeur.




Plus d'infos sur ce film

Dans la salle obscure ce soir-là, une bande de jeunes pouffaient dès le générique. Excédé, un homme s’exclame « Bon ça suffit, ça n’est pas la récréation, là ! ». Rires confus et collectifs parmi les spectateurs. Justement si. Dans le film, rien n’est vraiment sérieux. Mais tout n’est pas aussi léger qu’en apparence. Grave trop.


Marine


L'avis de la rédaction :
Mmmmh..., c'est cash.
Analyse pertinente, jolie plume pour ton âge, sens de l'observation digne de Riad Sattouf ; tu manies habilement le second degré et c'est plutôt étonnant pour une personne de ton sexe, qui plus est, sur un sujet comme la Bande Dessinée...
Pas mal donc, pour ce coup d'essai, Marine.
Mais ne t'endors pas sur tes lauriers, le talent ne suffit pas ; il te faudra encore beaucoup de travail avant de pouvoir espérer arriver un jour au niveau des chevilles (certes un peu enflées en cette période estivale) de Totoche !

******

Si comme Marine, tu es jeune, jolie, blonde, que tu as de l'humour, une forte poitrine, et que tu souhaites aborder un sujet qui te tient à cœur, envoie-nous toi aussi ton billet. Les meilleurs seront publiés sur Plan B(d).

6 commentaires:

Raymond a dit…

Félicitations pour ta renommée internationale !

Sinon... pour en venir au sujet ... j'ai beaucoup aimé le livre de Satouf ... mais le film ... (soupir) ...

Pour tout dire, la petite vidéo publicitaire me fait furieusement penser à des choses déjà vues (et détestées), à des films du genre "A nous les petites anglaises", à des gags vaguement remis au goût du jour. Et puis, je ne crois pas beaucoup aux adaptations des BD au cinéma.

Mais je n'ai pas vu le film et je peux bien sûr me tromper.

Totoche Tannenen a dit…

D'un autre côté, Marine a (probablement) l'âge d'être ta fille (oui, je sais, au début, ça fait un choc) : ceci peut peut-être expliquer cela.

Raymond a dit…

C'est vrai, je dois probablement être un vieux schnock et ... j'ai vu trop de films. Mes filles (la première est d'ailleurs adulte) seraient sûrement de l'avis de Marine, je pense.

Au fond, je dois reconnaître que son article est très bien écrit.

Mea culpa.

Je ne recommencerai plus :-(

Totoche Tannenen a dit…

Allez Raymond, fais pas ta mauvaise tête, t'es pas tout seul...

D'un autre côté, Marine n'a jamais entendu parler de Crumb et est même amie de Riad Sattouf sur FesseBook. Tu vois : personne n'est parfait !

Allez, viens Raymond, il me reste trois sous. On va aller se les boire chez la mère Françoise...

Raymond a dit…

"Fessebook" ?

Flagrant délit !

Toi aussi, tu te permets de faire de l'ironie à propos des fétiches de la nouvelles génération ;-)

Hobopok a dit…

Pis on ira voir les filles, paraît qu'y en a de nouvelles.