samedi 27 mars 2010

Le Héros s'appelle Bob Marone

"Quand Marone et le fabuleux dinosaure blanc s'affrontent enfin, il n'est pas étonnant que la Terre elle-même tremble d'excitation...
Ainsi continue la saga du plus extraordinaire aventurier du vingtième siècle...
... le célèbre commandant BOB MARONE !..."

(extrait du quatrième de couverture de Bob Marone - Le Dinosaure Blanc 2 : L'Affrontement, par Yann, Conrad et Lucie, paru aux éditions Glénat en 1985)


Si les gens heureux faisaient chier Gros Dégueulasse, moi, c'était les héros.
Malgré leurs indéniables qualités, je n'ai jamais accroché aux aventures d'Alix, Bernard Prince ni de Corto Maltese ; et s'il m'arrivait de lire les exploits de Michel Vaillant et d'Alain Chevallier, c'était uniquement que parce que j'étais fan de Majorette, Matchbox et autres Solido.
Haddock, Tournesol et les Dupondt, Obélix, Fantasio et Gaston me rendaient supportables Tintin, Astérix et Spirou et ce n'est qu'après avoir acquis tous les albums où apparaissaient les Dalton que je me résignai à compléter ma collection de Lucky Luke (*)!


Quelle bouffée d'oxygène donc, quand apparut, en ce mois de juillet 1981, dans les hauts de page des numéros 2255 et 2267 de Spirou et sous la plume et le crayon de Yann et Conrad partis en vacances, le fameux commandant Bob Marone (car c'était bien lui) !
Les Bonbons de l'Ombre Mauve et Les Gâcheurs de Dinosaure n'étaient pas de "simples" bandes dessinées, mais bien deux merveilleuses nouvelles illustrées, ciselées en seize strips chacune, parodiant à la virgule près (du moins je l'imagine) les romans d'Henri Vernes que publie Marabout depuis 1953.


Après s'être attaqués au récit hagiographique (Le Courrier de l'Apocalypse), au polar (Jean-Christophe le lombric -in Bill a disparu-), au western (La Saga du Pendu), au récit d'aventure pur jus (avec Matricule 000 et Shukumeï, les deux premiers épisodes des Innommables), et s'être mis à dos la quasi-totalité des auteurs Dupuis dont ils caricaturaient semaine après semaine le travail ; les deux snipers des Hauts de Pages prenaient cette fois pour cible LE "héros complet"-type, "l'aventurier-contre-tout-guerrier" : Bob Morane !
Certainement dans l'intention de foutre un peu plus la merde, la tête de turc du jour était un des piliers du journal concurrent Tintin, ses albums étant édités par les "ennemis" du Lombard. Bonjour l'ambiance. Heureusement pour tout le monde (exceptés les lecteurs), Yann et Conrad allaient bientôt être virés de Spirou.


C'est donc en 1984, dans les pages du mensuel Circus que Bob Marone allait s'épanouir et devenir adulte, s'interrogeant enfin sur ses origines, son identité, ses motivations, ses actes et leurs conséquences, et finalement assumer son homosexualité... Deux albums -indispensables- aux couvertures acidulées seront édités par Glénat en 1984 et 1985.


Le dessin et les couleurs de À la Recherche de Frank Veeres est sublime et a ma préférence (j'en ai recopié des cases et des cases...). Quant à celui de L'Affrontement , il paraît plus nerveux, hâché et semble plus spontané...,"relâché" ? annonçant peut-être la longue mise entre parenthèses de la pourtant si fructueuse collaboration entre les deux Marseillais.


Bien que n'ayant jamais ouvert un bouquin de Vernes, ni même lu une seule des innombrables adaptations dessinées par Attanasio, Forton, Vance, Coria, ou Leclerq, je devine que Bob Marone atteignit un niveau jamais égalé, ni même imaginé par le créateur, les adaptateurs, ni surtout les lecteurs de Bob Morane (je sens que je vais me faire des amis).


Après une tentative de reprise avortée sous le pinceau de Fabrice Tarrin, c'est finalement Yoann qui, sous le pseudonyme de Janus, reprendra le temps de quelques épisodes le dessin de Bob Marone dans les pages de Fluide Glacial, avant de se consacrer à la reprise graphique de... Spirou. La boucle était bouclée.

Mais je m'égare... Je voulais juste signaler la parution annoncée pour la mi-avril - à moins qu'il ne s'agisse d'un poisson ?- d'un album de 112 pages (d'après mes calculs, ça nous fait une bonne vingtaine de pages d'inédits, ça. Hmmm ?) chez Dargaud. À suivre, donc...


(* : authentique !)

9 commentaires:

Li-An a dit…

Pour moi, c'était un peu le début de la fin de mon histoire avec Yann & Conrad. J'avais préféré la version non BD des hauts de Spirou et, pour avoir lu des Bob Morane, je trouvais ça moins passionnant que l'original :-) Du coup, je ne comprenais pas pourquoi ils étaient "partis" chez Glénat.

totoche a dit…

A cette époque, il y avait une véritable "fuite des cerveaux" chez Circus : Hardy, Le Gall, Hislaire, Berthet, Cossu... allaient aussi essayer de s'y émanciper.
Comme par hasard, c'est à cette époque que je découvrai le mensuel des éditions Glénat !

Boyington(bre jaune) a dit…

J'ai grandi avec le commandant et Bill... Ca va bien, merci. C'est qui Conrad et Yann?

Totoche a dit…

Damned... Je suis cerné !
Ils sont plus nombreux que ce que je croyais !

Raymond a dit…

J'en remets une couche puisque, moi aussi, j'ai lu Bob Morane dans ma jeunesse ! C'était très scout en effet, et proche de Tintin. C'était surtout beaucoup mieux que toutes les BD qui ont été tirées de cette série (même celles de Vance).

Pour Marone, je me demande ce que seront les 20 pages inédites ? Suspense !

Hectorvadair a dit…

Yep !
Et voilou, il a paru.
Merci pour ce petit billet Totoche, que je cite à l'occasion de ma chronique sur Nebula store :
http://nebular-store.blogspot.com/2010/06/bob-marone-le-dinosaur-blanc-reed.html

Cheers, Punk !

Totoche Tannenen a dit…

à Raymond : Les 2 épisodes des Hauts-de-Pages sont bien repris dans l'intégrale, ainsi que queques croquis. La couverture reprend celle de l'édition flamande/hollandaise.

à Hectorvadair : je n'en demandais pas tant ! (Sinon c'est Le PeNNEtier !)

Elouarn a dit…

tiens, j'ai trouvé un beau clin d'oeil à la série dans tintin (par Darasse et Bosse)

http://danslabulle.over-blog.com/article-le-traquenard-infernal-57770419.html

Totoche Tannenen a dit…

En se revêtant, Carlotta crut remarquer un imperceptible frémissement parcourant l'échine burinée du commandant Totoche (car c'était bien lui) encore endormi.
Dehors, les premiers rais du soleil dardaient déjà ; la nuit avait été courte.