Toutes les jeunes mamans savent combien il est difficile de composer entre sa vie de famille et son métier. Mais quand on est agent secret comme Alice (un mari, deux chiards) -ou plutôt Gemma- et qu'on doit faire l'aller-retour dans la semaine pour aller convoyer des œuvres d'art au Bangladesh, ça devient carrément Mission impossible.
C'est avec cette idée a priori simple d'approfondir leur héroïne en nous faisant partager les joies de sa vie privée (ça sent souvent le vécu) que 'Fane (Skud, Joe Bar Team, Rallye raid Calagan, Petites éclipses) et Nadje (sa compagne ?) réussissent à nous rendre leur héroïne si attachante sans jamais tomber dans le racolage graveleux : pas un décolleté, pas l'ombre d'un porte-jarretelle, pas un talon-aiguille, pas même une scène sous la douche : ceinture !
Comme Conrad jadis, 'Fane s'affirme en digne héritier de Franquin, transcendant son dessin à la serpe. Il est impeccablement servi par un scénario à la Tillieux, les poursuites en bagnoles de six pages comprises ; heureusement, le récit dépasse les quarante-quatre planches réglementaires. Cette aventure, digne du Treizième apôtre ou d'Un trône pour Natacha est directement inspirée de l'invraisemblable débâcle de l'exposition Chefs d’œuvre du delta du Gange qui aurait dû avoir lieu en 2008 au musée Guimet. Autant être prévenu : on ne lâchera pas ce bouquin (ni son souffle) avant la dernière page.
Rien qu'avec le camion, on se croit déjà dans Shukumeï ou Le treizième apôtre !
Les Gardiennes de Dhâkâ est déjà sorti il y a un an et, selon mes calculs, le tome 3 ne devrait plus tarder : je devrais donc juste avoir le temps de me précipiter chez le libraire pour aller acheter le premier volet de cette jolie série, née aux éditions 12bis en 2009, bien que les vendeurs d'une librairie soit disant "spécialisée" du Bd St Germain m'aient affirmé, railleries à l'appui, que Gemma n'existait pas.
Ce qui, finalement, est logique pour une taupe.
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