Les Rendez-Vous de la Bande dessinée d'Amiens sont, chaque année, l'occasion de découvrir d'intéressantes expositions mettant en valeur des auteurs aux styles variés, ne s'adressant pas qu'à un public de "bédéphiles" pointus et élitistes (suivez mon regard ...).
Après nous avoir fait découvrir le travail du mangaka Jirō Taniguchi l'an dernier, la grande salle accueillait pour cette édition le Suisse Frederik Peeters, l'auteur de "Pilules Bleues","Koma", "Lupus", "Constellation" ...
Si vous ne connaissez pas le travail de cet auteur, piochez au hasard dans la liste, il est fort peu probable que vous soyez déçus ("Lupus" est peut-être un peu plus "ardu" pour des personnes n'ayant pas l'habitude de lire de la bande dessinée, mais ce n'est qu'une opinion personnelle ...)
La partie de l'exposition qui m'a le plus intéressé fut sans conteste celle concernant les planches de "RG", la série inspirée par les souvenirs de Pierre Dragon, ancien flic, donc, de ces "Renseignements Généraux".
Ayant déjà lu et apprécié la mise en couleur de "Ryad-sur-Seine", le premier tome de ce diptyque (il semblerait hélas que leur collaboration, pourtant efficace, s'achève avec "Bangkok-Belleville"), je pensais tomber soit sur des planches en couleurs directes, comme on dit dans le jargon, soit sur des planches encrées accompagnées de mise en couleur sur bleus, comme j'avais appris que cela se faisait dans les manuels techniques consacrés au neuvième art.
Quelle ne fut pas ma surprise en ne découvrant ... ni les unes, ni les autres !
En effet, Peeters adopte pour cette série, un encrage à la plume, rehaussé par un très sobre et néanmoins superbe lavis monochrome, terre de Sienne pour le premier tome, et indigo pour le second, (excusez-moi si j'écris des conneries, là, mais je suis daltonien ... Bon en gros c'est soit marron, soit bleu, vous allez pas me chier une pendule pour ça, non mais c'est vrai quoi ...).
Et pourtant, la version définitive, celle que vous lirez dans le bouquin, est bel et bien en couleurs ! Même si cette mise en couleur très réussie, intelligente, quoique parfois un peu surchargée, est de Frederik Peeters lui-même (on n'est jamais si bien servi que par soi-même), je me suis demandé pourquoi le dessinateur s'était octroyé cette double charge de travail : était-ce par pur plaisir de "peindre" ses images ? Ressentait-il la nécessité de travailler les ombres et les reliefs avant "réelle" mise en couleur ? La colorisation avait-elle été imposée dans un second temps par l'éditeur ? ... J'ai fini par décréter que ma version préférée était la "monochrome" ...
Mais assez déblatéré : je vous laisse vous faire votre propre opinion en découvrant ces quelques images, avec tout d'abord une mise en parallèle des planches originales de "Ryad-sur Seine" (photographiées à Amiens), et des pages de l'album correspondantes, puis les planches originales seules (je ne possède hélas pas le deuxième tome) de "Bangkok-Belleville". (Je suis étonné, le directeur de collection, Joann Sfar, ne m'a toujours pas envoyé mon exemplaire dédicacé !)
Ryad-sur Seine :
Bangkok-Belleville :
Aïe, aïe, aïe, désolé pour les reflets,
les expos sont intéressantes,
mais la salle de lecture où elles se déroulent est beaucoup trop éclairée ...
les expos sont intéressantes,
mais la salle de lecture où elles se déroulent est beaucoup trop éclairée ...
Ils auraient presque fini par me rendre les flics sympathiques,
ces deux-là : il était temps que la série s'arrête !
ces deux-là : il était temps que la série s'arrête !
Et pour vous consolez, si vous avez raté l'exposition, vous pouvez allez visiter celle en ligne, proposée par le site BD Gest'.
14 commentaires:
Oui eh bien pour avoir bien regardé attentivement les planches, je crois pouvoir affirmer que Peeters ne s'est ni octroyé ni même infligé de double peine en matière de couleurs, mais que la version lavis a très probablement servi comme base pour les ombres, se retrouvant intacte en couche de noirs/gris sous les couleurs définitives..
C'est un procédé assez classique de mise en couleurs (travailler d'abord dans les gris pour obtenir les valeurs). Personnellement, je connais bien plus vicieux: Philippe Mouchel qui a réalisé des albums en couleurs directes pour qu'ils soient imprimés en niveaux de gris.
Merci pour vos avis de professionnels éclairés.
Je ne connais pas grand chose en technique.
Mais si c'est pour finalement imprimer en niveau de gris, pourquoi fait-il les ombres en couleurs et pas directement en gris ?
Et pourquoi a-t-il changé de couleur de fond entre les deux tomes ?
La couleur choisie pour les préombrages de chaque tome est à chaque fois la couleur dominante du livre une fois mis en couleur. Ambiance, guide ?
Et le Provisus d'or du titre de note le plus tiré par les cheveux, a été décerné… au professeur Totoche !
Superbes images, vraiment. Je me demande de quelle taille sont les planches originales ? Benoit Peeters est vraiment un créateur indispensable.
Dommage qu'il ne s'entende plus avec le scénariste de RG. Il n'y
aura semble-t-il pas la fin de tryptique :(
Tim Sale utilise la même technique, justement parce qu'il est daltonien: dans un premier temps, il réalise un dessin au lavis, ensuite quelqu'un met en couleur pour lui. J'ai longtemps cru qu'il s'agissait de la couleur directe.
Le plus rigolo dans l'histoire c'est que les dessins en couleur de Tim Sale qui apparaissent dans le générique de Heros (la série tele) ont été vendus comme des dessins originaux mis en couleur par l'artiste...
Et à y regarder encore plus près, j'ai l'impression que les planches, lavis d'un côté, couleur de l'autre, ne sont pas du même format (proportions modifiées). Des petits gros sur le lavis, des grands minces sur le def.
Edika faisait comme Mouchel de temps en temps, juste parce qu'il était frustré de ne pas pouvoir publier ses planches en couleur dans Fluide (je parle d'un temps révolu, quand cette revue se vendait beaucoup et que ses cahiers étaient en noir et blanc).
Merci à tous.
Itomi > Le lien sur "le dessin au lavis" n'a malheureusement pas l'air de fonctionner.
Hobopok > La déformation provient certainement de ma retouche sur Photoshop que je maitrise mal : , j'ai essayé d'utiliser comme je pouvais l'outil "perspective" pour redresser les photos que j'avais dû prendre temps bien que mal de biais pour éviter les reflets sur le verre :-)))
Ronan > Maintenant que tu le dis, je me souviens aussi des sublimes planches de Goossens qui passaient dans Fluide et je me demandais à l'époque ("Route vers l'enfer", "L'encyclopédie des bébés"), en voyant ses couvertures en couleurs s'il réalisait ses planches en couleurs ou en gris.
Par ailleurs, je trouve la nouvelle collection de Fluide, souple et grand format, en couleurs, assez réussie. Il parait que Goossens avait proposé de l'appeler "Le Connoisseur" ou quelque chose comme ça !
Si j'étais toi, Totoche, je me contenterais de mettre uniquement des images et je laisserais mes invités poster les commentaires : primo ça te ferait gagner du temps,
et secundo ça serait beaucoup plus intéressant.
Raymond >
Les planches originales ne sont pas très grandes.
Je vais encore dire une connerie mais à vue de pif, je dirais du A4 ...
Itomi > Ah ben si ; là, ça fonctionne ...
Je découvre une passionnante interview de Frederik Peeters dans l'excellllllent
"Du 9"
.
Hélas, pas une ligne sur "RG" (enfin, si, une allusion à la fin).
J'ai failli tomber dans le piège grossièrement tendu :-) en allant gueuler avec ma mauvaise foi caractéristique que c'était "encore" un choix "élitiste" de la rédaction ... avant de m'apercevoir qu'il s'agissait d'une interview réalisée en 2006, ressortie pour cet été !
http://www.du9.org/Frederik-Peeters
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