Du 4 octobre 2008 au 12 janvier 2009, le musée d'art et d'histoire de Saint-Denis (93) rend hommage au caricaturiste Honoré Daumier (1808-1879), dont c'est le 200e anniversaire de la naissance cette année, à travers la splendide exposition "Du rire aux armes".
Musique pyrotechnique, charivarique et diabolique.
(quand Berlioz donne de l'urticaire à Daumier ...)
(quand Berlioz donne de l'urticaire à Daumier ...)
On pourra également retrouver cette exposition dans le très intéressant catalogue rédigé pour l'occasion par Dominique Lobstein du musée d'Orsay, Sylvie Gonzalez du musée d'art et d'histoire de Saint-Denis et Laurence Goux du musée de la musique.
Cet ouvrage permettra également de prolonger la visite par la lecture des chapitres consacrés à la biographie du caricaturiste, à la censure, ainsi qu'à la représentation de l'architecture de spectacle et des bouleversements (macadam, travaux de Haussmann, expositions universelles... ) du Paris du XIXe siècle.
Le musée ne possédant malheureusement pas de cabinet des dessins pour présenter régulièrement une des plus importantes collections de lithographies (plus de 3500) et de bois gravés de cet artiste en France, cet anniversaire est donc l'occasion rêvée pour mettre ce fonds en valeur.
Contrairement à la récente exposition de la BnF, plus généraliste, qui retraçait sa carrière de lithographe, l'exposition "Du rire aux armes" se concentre sur les "caricatures de mœurs" que l'artiste était contraint de réaliser du fait de la censure impitoyable qui sévissait sous le Second Empire.
Ces caricatures de ses contemporains ne sont pas moins drôles, intéressantes ni féroces que ses caricatures politiques pour peu qu'on se donne la peine de lire les légendes jusqu'au bout... Elles sont peut-être même plus subtiles, puisque c'est à travers elles que le dessinateur de presse devait parvenir à se jouer de la censure pour faire passer discrètement ses messages contestataires aux lecteurs du Charivari.
C'est probablement pour cette raison que Daumier s'intéresse plus au spectacle qui se passe dans la salle plutôt qu'à celui qui se joue sur scène, ne représentant, bien souvent que les jambes des danseuses qui s'y produisent ! Dans le même ordre d'idées, il est également intéressant de constater que le lithographe semble plus se consacrer aux "petits" théâtres populaires et aux spectacles de salon que, par exemple, à l'Opéra Garnier qui, bien qu'édifié à l'époque, n'est jamais représenté...
D'intéressantes mises en parallèle montrent enfin comment Daumier a pu influencer d'autres artistes majeurs comme Degas ou Manet dans leur manière d'aborder les cadrages, les jeux de lumière, les points de vue pour représenter les loges ou la scène.
L'expo a beau avoir lieu dans le 93, il y a peu de chance que vous vous y fassiez égorger en vous y rendant (j'ai testé pour vous...). Et si vous craignez vraiment de retrouver votre voiture sur quatre parpaings, sachez que la station de métro Saint-Denis Porte de Paris (ligne 13) vous laisse à 100 m du musée, situé dans un magnifique carmel du XVIIe siècle.
Une visite s'impose également sur The Daumier Register Digital Work Catalog, le premier catalogue digital des 4000 lithographies et 1000 gravures sur bois d'Honoré Daumier.
(Bon anniversaire à Bidouille !)
5 commentaires:
Finalement, tu y as allé à cette expo :-)
Daumier, j'adore ce qu'il fait. Je n'aurai malheureusement pas le temps le week-end prochain. :-(
Il y a de quoi aller tous les week-end à Paris ;-)
Li-An > Oui, c'est une belle expo, une très belle même, compte-tenu des faibles moyens financiers de ce musée.
Raymond > Bon dimanche... Martin. ;-)
Paris, vitrine culturelle et artistique de la France. Pauvres provinciaux que nous sommes... Enfin, c'est quand même bien :-)
A quand la télétransportation?
Pour Degas et Manet, y a-t-il eu vraiment influence de Daumier?... Je pencherais beaucoup plus pour celle de la photo, mais bon...
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