vendredi 29 août 2008

L'attentat du 23 septembre 1982

(L'assassinat de l'Oncle Paul)


Au début des années 80 (mon "âge d'or" personnel du journal Spirou), le fameux duo iconoclaste et sulfureux constitué par le scénariste Yann (Yannick Lepennetier) et le dessinateur Didier Conrad, à qui le rédacteur en chef, Alain de Kuyssche, avait demandé quelques temps auparavant de mettre un peu d'animation dans les pages du magazine (avec le succès que l'on sait), décidait une fois de plus de sévir en s'attaquant à une figure mythique de l'hebdomadaire : "Les Belles Histoires de l'Oncle Paul".

"Les belles", puis "les plus belles histoires de l'Oncle Paul"
furent rebaptisées "Histoires en mille morceaux" à partir de 1980.

Cette série fut imaginée en 1951 par l'immense scénariste Jean-Michel Charlier (créateur, entre autres, des Chevaliers du Ciel, Tanguy et Laverdure, de l'aviateur US Buck Danny, du pirate Barbe-Rouge, du lieutenant Blueberry ...), avant d'être reprise dès la même année par Octave Joly.

Ces courtes histoires complètes hebdomadaires étaient le garant intellectuel du journal et permettaient de rassurer les parents des jeunes lecteurs, apportant un côté éducatif au journal en relatant sobrement, sérieusement, parfois calamiteusement et surtout chiantissimement, des épisodes de la grande et de la petite Histoire de l'humanité.

Le dessin en était confié à différents dessinateurs, confirmés ou débutant, travaillant tous dans un style réaliste.
Se succédèrent donc, dans le désordre, des grands noms comme Eddy Paape (Luc Orient, Marc Dacier), Jean Graton (Michel Vaillant), Gérald Forton (Bob Morane), Liliane et Fred Funcken (Le Chevalier Blanc), René Follet (Valhardi, Les Zingari), MiTacq (La Patrouille des Castors, Jacques LeGall), Arthur Piroton (Jess Long), Guy Mouminoux (Le Goulag) ... mais également des petits jeunes comme Willy Lambil (les Tuniques Bleues, Sandy et Hoppy), Jean-Claude Mézières (Valérian et Laureline), Hermann (Jérémiah, Comanche, les Tours de Bois-Maury), Derib (Buddy Longway, Yakari), Franz (Jugurtha, Poupée d'Ivoire), etc, etc.
Autant dire qu'on n'était pas là pour rigoler ! Et ce ne sont pas les exceptionnelles contributions de Jean Roba (Boule et Bill, la Ribambelle), Paul Deliège (Bobo, les Krostons), Marc Hardy (Garonne et Guitare, Pierre Tombal, la Partouille des Libellules) ou Luc Mazel (Câline et Calebasse, Boulouloum et Guiliguili) qui allaient dérider le cher tonton !

Cela m'épate d'ailleurs toujours quand des anciens "ADS" (Amis de Spirou) me témoignent de leur engouement à l'époque pour cet Oncle Paul : personnellement, ces histoires m'ont toujours gravement gavé et je ne les lisais en ultime recours que quand j'avais vraiment épuisé le contenu du périodique !

Daniel Goossens, qui s'était perdu par là, avait certes déjà allumé le feu avec une parodie parue l'année précédente dans le n° 2238 ...

Philippe Bercovici est crédité par erreur dans le bandeau -titre.

Mais imaginez donc l'onde de choc lorsque Yann et Conrad débarquèrent avec leur version personnelle de l'Oncle Paul, ayant bien évidemment pris soin de choisir, avec leur légendaire délicatesse, des sujets légèrement sensibles pour les chers têtes blondes et mettant par ailleurs à contribution des dessinateurs atypiques pour cette série :
La première bombe, qui explosa dans le n° 2298 fut "L'Ogresse des Carpates" illustrée par Will (Tif et Tondu, Isabelle), suivie de "La Bête du Gévaudan" par Dany (Olivier Rameau) (pratiquement sa seule apparition dans ce magazine), et de "Jack l'Éventreur" par Bercovici (Les Femmes en Blanc) !


Le dernier dynamitage eut lieu dans les pages du vol n° 2319 daté du 23 septembre 1982 avec l'épisode intitulé "Les Croisades", véritable bouquet final, somptueusement mis en miniatures par un Didier Conrad au sommet de son art (oui, je sais, cela n'engage que moi ...).


Nos deux affreux-jojos prirent ce jour-là un malin plaisir à abattre un pan entier de notre éducation judéo-chrétienne, ce qui ne manqua pas de faire tâche dans cet hebdomadaire de tradition catholique.


En seulement quatre petites pages de bandes dessinées fut allègrement massacré tout ce que nos manuels scolaires nous avaient inculqués sur cette glorieuse page de l'Histoire de France : les Croisés de Yann et Conrad, assoiffés de Graal, n'avaient en effet rien à envier aux hooligans du kop Boulogne du PSG élevés à la Heineken, et leur mystique mission s'apparentait désormais plus à une sympathique ratonnade (que ne renierait pas tout bon gardien de la paix nostalgique de l'automne 1961), quand elle ne confinait pas tout simplement à du tourisme sexuel !


Cette version épicée me parait néanmoins toujours non seulement plus drôle, mais également nettement plus crédible que la version officielle édulcorée !


Ultime bras d'honneur de nos deux terroristes en herbe ou purge immédiate de la direction ? Toujours est-il qu'on ne reverra pratiquement plus Conrad, le hardi Marseillais, dans les pages du périodique avant 1991, avec son lumineux Donito.
Après "Polly Littledwarf", un ultime épisode (évoquant plus une parodie d'Andersen que de Charlier/Joly) écrit pour Frank Le Gall, le Breton Yann ne réapparaîtra quant à lui qu'en 1999, avec le scénario des "Chasseurs d'Étoiles" pour Olivier Wozniak.


Alain de Kuyssche sera remplacé dans l'année à la tête du journal par Philippe Vandooren.


Quant au vieil Oncle Paul, il semble qu'il n'ait pas survécu à ce lâche attentat !


Signalons que Tome et Janry illustreront également dans les pages de Spirou, toujours en 1982, les joyeux exploits de Landru. Ils garderont néanmoins leur place.

On rappellera aussi que Vents d'Ouest a édité en 1986 un album à mes yeux "indispensable", bien que longtemps soldé, intitulé "Les Histoires Merveilleuses des Oncles Paul", qui reprend les versions alternatives de Bercovici, Chaland, Serge Clerc, Dany, Frank (une très belle (quoique non déconnante) biographie de Rodin), Goossens, Le Gall, Will, et bien entendu Yann. Pour continuer à vous enquiquiner, l'histoire de Didier Conrad reste donc inédite à ce jour : il ne vous reste plus qu'à vous lancer sur la piste de ce fameux n° 2319 ... Bonne chasse !

Voilà, aujourd'hui, tout le monde semble avoir oublié l'Oncle Paul ...
Tout le monde ? ...


lundi 25 août 2008

Faux amis et vrais cons


Mon meilleur et plus ancien ami, qui connait donc ma passion pour le "neuvième art", a cru bon de m'offrir "Les Amis", le dernier livre de François Ayroles, paru dans la collection Côtelette de L'Association il y a de cela quelques mois, et que j'avais repéré depuis un moment chez mon libraire préféré.
Non seulement c'est à peu près la seule personne qui arrive à me faire cadeau d'une BD que je ne possède pas, mais en plus ce livre s'est avéré être extrêmement divertissant et enrichissant.


Sous un dessin faussement minimaliste, François Ayroles observe en fait avec méticulosité, comme le ferait un savant avec ses rats de laboratoire, le comportements d'individus, esseulés ou en groupe, plongés dans diverses situations prédéterminées, en étudiant s'ils arrivent à fraterniser ou s'ils décident de se foutre sur la gueule.

Le décalage entre ces cobayes et le langage assez froid, posé, policé, littéraire et quasi-scientifique à la fois, qu'ils utilisent pour commenter à chaud leur raisonnement fait mouche à chaque coup. Ces joutes verbales (ainsi que les séquences muettes, Keatonesques) sont d'autant plus hilarantes qu'on a dû plus ou moins tous se poser, mais intérieurement, ce genre de question sur ce qui fait ou ne fait pas l'amitié ; qu'on s'est tous, il y a plus ou moins longtemps, retrouvés un jour dans la situation du gamin qui demande "je peux jouer avec vous ?".

Ici, les protagonistes, de jeunes adultes, ne craignent pas d'exprimer à leur interlocuteur tout haut ce qu'ils pensent de lui tout bas, un peu à la manière des mômes dans la cour de récré. Ils ne craignent de toutes manières pas les répercussions psychologiques que cela pourrait engendrer sur le type qui se trouve en face d'eux, le Pr Ayroles ayant choisi des sujet frontalement lobotomisés pour qui le "politiquement correct" n'est plus qu'un lointain souvenir.



Car, inévitablement, à vouloir résoudre l'amitié à l'aide d'équations mathématiques, on finit par approcher celle, peut-être plus facile à résoudre, de la connerie !

Mieux que dans un "dîner de cons", on explique ici carrément au con qu'il est con, pourquoi il est con, et qu'il devrait donc cesser de nous importuner puisqu'ici on n'accepte pas les cons. Dis comme ça, c'est très con, mais croyez-moi, avec la finesse de François Ayroles, c'est à se tordre de rire.

Finalement, on a froid dans le dos en réalisant la différence ténue entre ce qui fait le vrai (ou le faux) ami et ce qui fait le pauvre con, les deux ne semblant, pour tout simplifier, pas incompatibles.
On frissonne également à l'idée (pure supposition de ma part) que le Pr Ayroles pourrait nous pondre une thèse du même acabit sur les lois de l'amour (mais à l'Association, on n'aime pas trop les séries ...).


Après avoir refermé la dernière page de ce livre, je me suis dit que finalement, sous prétexte de me faire plaisir en me faisant découvrir cette excellente BD que je ne connaissais pas, mon soi-disant "ami" m'humiliait ainsi de facto, en me faisant remarquer que je manquais cruellement de discernement dans mes choix de lecture, confondant trop souvent quantité et qualité, et que sorti de "Mortadel et Filémon", je n'y connaissais vraiment pas grand chose à l'art séquentiel ...

C'est vraiment un gros con ce type, quand j'y repense.

mardi 19 août 2008

Vive le sport !

Encore des médailles ! Ouaiiiiis ! Youpi !

Allez, courage ! Les Jojo Lapique (comme disait mon p'tit frère), c'est bientôt terminé : après c'est foot toute l'année !

Or donc, nous avons :

- Médaille d'or en tennis de table pour le Suisse Zep, qui s'est successivement débarrassé des Français Larcenet, Boulet, Stan & Vince, Chauzy, Tebo, Bercovici, avant d'éliminer le grand Gotlib (rien que ça) en finale :


- Médaille d'or en bras de fer par équipe pour les Français Ruppert et Mulot, sortis vainqueurs du fort relevé tableau exposé ci-dessous :


Et par la même occasion, découvrez en exclusivité grâce à Zeporama, à quoi ressemble le fameux Raymond , ce mystérieux athlète Suisse, sorti de nulle part, médaille d'or du blog d'info BD.
(Moi je dis "c'est louche"... Non monsieur, je ne suis pas jaloux. Pas du tout. Mais au moins, en France, on est des blogueurs "propres". C'est tout.)

"Comment Dessiner/deviens un chevalier du crayon en 86 leçons"
par Tebo et Zep, à paraître à la rentrée aux éditions Glénat (?)

lundi 18 août 2008

La vie n'est qu'un souffle ...


Parfois même, elle ne se manifeste que par un léger souffle au cœur ...


Carlos Meglia,
dessinateur argentin
(11 décembre 1957 - 15 août 2008).

Canari, "Les Larmes d'Or"
par Didier Crisse et Carlos Meglia,
éditions Soleil, 2005

(Qui a dit que "la BD-Soleil", c'était pas beau ?)

jeudi 14 août 2008

Citalopram : antidépresseur inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine


J'ai fait la connaissance de Gilles Rochier en 2007 lors du festival malouin "Quai des Bulles" : il y tenait un petit stand en compagnie de son ami Jacques Des Portes avec qui il avait auto-édité Thony Blanco, un petit coffret de deux albums dont la particularité était de présenter deux versions du même scénario, mis en image par chacun des deux compères.

Thony Blanco par Jacques Des Portes

Le fait d'apprendre de la bouche-même de Gilles Rochier que leur production-maison avait été encollée par sa propre grand-mère sur la table de sa cuisine fut l'argument de vente décisif (j'aime les histoires trash).
Le pétillant personnage et le concept m'ayant tout de suite séduit, nous entamâmes une discussion à bâtons rompus qui nous mena sur le "brûlant" sujet "des banlieues".


Et c'est là que je me tapai la méga-honte :
T. T : - "Tu vois, ce qui manque, c'est un type qui fasse des histoires sur la banlieue, la vraie, mais pas celle de Tardi, celle d'aujourd'hui ..." (le con ...)
G. R : - " Ah ben, c'est exactement ce que je fais depuis plus de dix ans."
T. T : - "... Ah ? Hum ... Brrrrm, euuuuh, c'est à dire, ... Je."
Intérieurement : -"Bon, ferme ta gueule là."
G. R : - "D'ailleurs, il y a un stand là-bas où ils ont un de mes bouquins, Dernier Étage, à 2 €, si tu veux te faire une idée."

Le plan pour aller chez Gilles Rochier

Ce que je ne savais pas non plus, c'est qu'entre-temps (en 2006), la boîte où Gilles bossait depuis douze ans avait coulé, et qu'il avait touché le fond avec, essayant de surnager à l'aide d'une bouée, curieusement confectionnée par son médecin généraliste à l'aide de boîtes d'antidépresseurs (Ah, ces généralistes ... Ch'te jure ! Y'aurait de quoi écrire un blog !) ...

Loin de moi l'idée de faire un papier voyeur à la Closer, je voulais juste attirer votre attention sur le très beau Temps Mort, le petit dernier dont G. Rochier a récemment accouché, mettant à profit cette parenthèse imposée dans sa vie, aussi involontaire que brutale. (la parenthèse, pas sa vie)

G. Rochier y raconte, avec son dessin "brut de décoffrage", sobrement rehaussé par une efficace bichromie (dûe à Jean-Philippe Garçon), comment il avait traversé cette difficile épreuve, entouré par sa famille, secoué jusque dans son pieu par ses amis que son boulot avait pourtant fait perdre de vue, et surtout motivé par son carnet de croquis, loin de qui il m'avoua "se sentir mal au bout de deux jours".
C'est ce salutaire carnet qui lui permettra d'observer justement, avec finesse et tendresse, cette "banlieue" dont on parle en se bouchant le nez dans les journaux télévisés et que l'on assimile trop souvent à la "racaille" dans les discussions pas seulement parisiennes.
La réalisation de ces bouts de dessins l'aidera finalement à se réveiller et à redécouvrir petit à petit la vraie vie (pas celle des BD d'héroïque-fantaisie) et ses petits plaisirs, réapprenant à causer le vrai français avec ses vieux potes, reprenant plaisir à collectionner les onéreuses Nike, bouffer le classique bo-bun du boui-boui asiatique ou boire un café dégueulasse chez le connard de buraliste d'en-bas.


Il réussira finalement à prendre du recul, et même de la hauteur sur tout ce petit monde en allant s'isoler, comme il le faisait déjà dans Dernier Étage, pour méditer (sans gourou, psy, ni autre illuminé en soutane ou à chapelet) et se remettre en question, toujours en dessinant, sur la canopée des tours - ses tours - qu'elle soient de Colombes ou de Nanterre, et qu'il arrive à rendre humaines et "aussi belles que des grands arbres".

Nanterre, Neuf-Deux (Deux-Neuf en verlan)

En conclusion, je n'oserai(s ?) pas dire que cette mise au chômage aura finalement été une chance pour Gilles Rochier, mais en tous les cas, cela aura été une aubaine pour nous autres lecteurs, qui avons ainsi pu découvrir un grand auteur de "bande dessinée contemporaine".

Pour toutes ces raisons au moins, ce livre devrait se trouver dans toutes les bonnes ... banlieues (au moins à la médiathèque !).

Ah ben oui, c'est la banlieue, quand même ! :-)

Allez hop, Plan B(d) vous offre un deuxième Rochier pour le même prix !

mardi 12 août 2008

Les cartoons oubliés de la feuille de Shoe

Spirou, c'est Shoe !

En 1984, bien avant le "Corbac aux baskets" de Fred (1993), apparaissait à la une du numéro 2387 du journal Spirou, un drôle de volatile répondant au nom de HatShoe, rédac'chef de La Tribune dont les bureaux, situés en pleine forêt, étaient perchés juste sous la canopée.
Il s'agissait en fait de la traduction du strip "Shoe", (nom finalement conservé pour l'édition en album) créé outre-Atlantique par Jeff McNelly dès 1977 et publié entretemps dans plus de mille journaux aux quatre coins de la planète.

Comme pour le strip "Tiger" de son compatriote Bud Blake (1918-2005), publié à la même époque par Spirou, les gags me laissaient souvent de marbre : l'humour, la culture, les situations étaient-elles trop typiquement "américaines" ? La traduction, comme pour les séries TV US, s'avérait-elle inefficace ou, pour les jeux de mots, trop souvent impossible ? Ou bien était-ce tout simplement et plus probablement un manque de maturité et d'humour de ma part ?
Je tombai en revanche immédiatement amoureux du dessin de McNelly, à la fois élégant et poétique, mais également nerveux, hachuré, "acéré", peut-être par ce qu'il me renvoyait inconsciemment à celui d'un Franquin des années 80.





Je devais découvrir quelques années plus tard (était-ce dans les pages de Courrier International, ou bien lors d'une exposition consacrée aux dessins de presse, organisée par ce magazine du côté des Invalides ?) que McNelly n'était pas seulement un talentueux dessinateur de strips, mais surtout un immense, peut-être le plus génial, des dessinateurs de presse de tous les temps, dont la plume effectivement particulièrement aiguisée fut justement récompensée par de multiples prix, dont 3 Pulitzer en 1972, 1978 et 1985.


Né en 1947 à New York d'une mère journaliste et d'un père directeur d'une agence de publicité, McNelly publie ses premiers articles et dessins dans le Chapel Hill Weekly, le journal de ce patelin de Caroline du nord où il effectua ses études, édité par un certain Jim Shumaker, qui deviendra son mentor et lui inspirera le personnage de Shoe des années plus tard.
Il rejoint en 1970 le Richmond News Leader en Virginie où il se fait un nom, et qu'il ne quittera qu'au tout début des années 80, finalement débauché par le Chicago Tribune.


Il y a quelques années, un site, malheureusement aujourd'hui disparu, regroupait une bonne partie de ses "editorial cartoons", tous plus magnifiques les uns que les autres.
Quelques images reposent peut-être encore sur le disque dur de l'ordinateur d'un de mes anciens boulots, et qui a de toutes manières probablement fini à la décharge ...
Quel regret, d'autant que le dessinateur sudiste, décédé en 2000, semble avoir pratiquement disparu de la mémoire du ouaibe et que jusqu'ici, personne ne semble avoir été intéressé par l'(a ré-) édition d'une compilation qui serait à la fois un formidable manuel d'Histoire, un fantastique cours de dessin et une superbe leçon de clairvoyance.


Hormis cet article de Wikipédia dont je me suis largement inspiré, le site actuel de Shoe qui ne présente que le daily-strip repris par ses assistants Chris Cassatt et Gary Brookins, et les superbes toiles en couleurs que présente la Gallery on Greene de Key West en Floride, où McNelly aimait passer l'hiver, on ne retrouve pratiquement plus de trace de ses innombrables travaux réalisés pour la presse ... Y aurait-il un problème d'héritiers ???


La mémoire de Jeff McNelly subsiste néanmoins plus ou moins à travers le trait de nombreux dessinateurs politiques du monde entier, comme ses compatriotes Mike Peters (l'auteur de Grimmy, publié par Dargaud) et Jim Borgman (Zits, chez Rackham), ou bien encore le Suisse Patrick Chappatte (Reportages BD, Le Temps éditions) et le Néerlandais Tom Janssen, alias Tom (Courrier International, Trouw (NL))...

Mike Peters (après le 11 septembre 2001)


Tom Janssen


Je remercie la Gallery on Greene de m'avoir gentiment communiqué les plus belles images qui illustrent cette page.

(si j'étais vous, je me dépêcherais d'en profiter, je ne sais pas si elles vont pouvoir rester longtemps ...)

samedi 9 août 2008

Des cliques et des claques

Francisco Ibañez, "Mortadel et Filémon, Les Jeux Olympiques",
Aventures et Voyages, 1974

Répétez dix fois après moi :

- "Je ne politiserai pas les Jeux Olympiques" (Ah bon ? Mais qu'est ce qu'ils font d'autre, les "pays organisateurs" ?)

- "Je ne confondrai pas le sport et la politique"

-"La clique du Dalaï-Lama menace de saboter les J.O"

...


Chouette, mon blog aussi va être censuré en Chine : je suis tout excité !!!

:-))))

Pessin, "La Vraie Vie", Denoël, 1999

Attendez, on n'a pas fini de rigoler : je vous rappelle que les J.O d'hiver de 2014 se dérouleront (sous réserve de conflit thermonucléaire intercurrent) dans la riante station balnéaire russe de Sotchi (Sochi, Сочи), à une quarantaine de kilomètres à peine de l'Abkhazie, cette province qui ne sera peut-être déjà plus géorgienne à l'heure où j'aurai fini de taper ces lignes ...

Mais ne confondons pas tout.

(L' Ermite aux Singe, lui au moins, il écrit (bien) des trucs pas cons sur l'Empire du Milieu ... )

mercredi 6 août 2008

Peeters, entretiens avec RG


Les Rendez-Vous de la Bande dessinée d'Amiens sont, chaque année, l'occasion de découvrir d'intéressantes expositions mettant en valeur des auteurs aux styles variés, ne s'adressant pas qu'à un public de "bédéphiles" pointus et élitistes (suivez mon regard ...).

Après nous avoir fait découvrir le travail du mangaka Jirō Taniguchi l'an dernier, la grande salle accueillait pour cette édition le Suisse Frederik Peeters, l'auteur de "Pilules Bleues","Koma", "Lupus", "Constellation" ...
Si vous ne connaissez pas le travail de cet auteur, piochez au hasard dans la liste, il est fort peu probable que vous soyez déçus ("Lupus" est peut-être un peu plus "ardu" pour des personnes n'ayant pas l'habitude de lire de la bande dessinée, mais ce n'est qu'une opinion personnelle ...)

La partie de l'exposition qui m'a le plus intéressé fut sans conteste celle concernant les planches de "RG", la série inspirée par les souvenirs de Pierre Dragon, ancien flic, donc, de ces "Renseignements Généraux".
Ayant déjà lu et apprécié la mise en couleur de "Ryad-sur-Seine", le premier tome de ce diptyque (il semblerait hélas que leur collaboration, pourtant efficace, s'achève avec "Bangkok-Belleville"), je pensais tomber soit sur des planches en couleurs directes, comme on dit dans le jargon, soit sur des planches encrées accompagnées de mise en couleur sur bleus, comme j'avais appris que cela se faisait dans les manuels techniques consacrés au neuvième art.
Quelle ne fut pas ma surprise en ne découvrant ... ni les unes, ni les autres !
En effet, Peeters adopte pour cette série, un encrage à la plume, rehaussé par un très sobre et néanmoins superbe lavis monochrome, terre de Sienne pour le premier tome, et indigo pour le second, (excusez-moi si j'écris des conneries, là, mais je suis daltonien ... Bon en gros c'est soit marron, soit bleu, vous allez pas me chier une pendule pour ça, non mais c'est vrai quoi ...).
Et pourtant, la version définitive, celle que vous lirez dans le bouquin, est bel et bien en couleurs ! Même si cette mise en couleur très réussie, intelligente, quoique parfois un peu surchargée, est de Frederik Peeters lui-même (on n'est jamais si bien servi que par soi-même), je me suis demandé pourquoi le dessinateur s'était octroyé cette double charge de travail : était-ce par pur plaisir de "peindre" ses images ? Ressentait-il la nécessité de travailler les ombres et les reliefs avant "réelle" mise en couleur ? La colorisation avait-elle été imposée dans un second temps par l'éditeur ? ... J'ai fini par décréter que ma version préférée était la "monochrome" ...

Mais assez déblatéré : je vous laisse vous faire votre propre opinion en découvrant ces quelques images, avec tout d'abord une mise en parallèle des planches originales de "Ryad-sur Seine" (photographiées à Amiens), et des pages de l'album correspondantes, puis les planches originales seules (je ne possède hélas pas le deuxième tome) de "Bangkok-Belleville". (Je suis étonné, le directeur de collection, Joann Sfar, ne m'a toujours pas envoyé mon exemplaire dédicacé !)

Ryad-sur Seine :








Bangkok-Belleville :



Aïe, aïe, aïe, désolé pour les reflets,
les expos sont intéressantes,
mais la salle de lecture où elles se déroulent est beaucoup trop éclairée ...







Ils auraient presque fini par me rendre les flics sympathiques,
ces deux-là : il était temps que la série s'arrête !

Et pour vous consolez, si vous avez raté l'exposition, vous pouvez allez visiter celle en ligne, proposée par le site BD Gest'.