dimanche 28 février 2010

Dernier Tango à Paris

(Carlos, Gare de l'Est)

Dernière semaine pour aller coller son nez sur les superbes planches et fantastiques portraits de José Muñoz qui resteront exposés à la Galerie Martel (Paris Xe) jusqu'au 6 mars 2010.

l'hommage de René Pétillon

Comme à chacune des précédentes expositions, un documentaire vidéo présente l'artiste et son travail aux visiteurs qui se donneront la peine de s'asseoir quelques minutes devant l'écran.

José Muñoz,
dessin original pour

Carlos Gardel, la Voix de l'Argentine - première partie
,
(scénario : Carlos Sampayo)
Futuropolis, 2007

On y verra ici le dessinateur argentin évoquer ses premières historietas réalisées à l'École Panaméricaine d'Art de Buenos Aires sous l'influence de ses maîtres Hugo Pratt et Alberto Breccia, la rencontre -qui allait ouvrir une des plus belles pages de l'Histoire mondiale de la bande dessinée- organisée par son compatriote Oscar Zárate avec Carlos Sampayo, ou bien encore répondre à une jeune dessinatrice en herbe lui demandant quelque conseil quant à la lisibilité de son travail. À ne pas rater.

José Muñoz
Julio Cortázar, “El Perseguidor”
2007

samedi 27 février 2010

Et moaï, et moaï, et moaï

Rapa Nui est un confetti de terre posé en plein Pacifique, à peu près à mi-chemin entre le Chili, dont l'île dépend politiquement et économiquement, et Tahiti, un peu plus à l'ouest (4000 bornes, tout de même).
En 1862, les ancêtres des insulaires furent déportés en masse par les Péruviens qui les réduisirent en esclavage afin d'exploiter leurs gisements de guano. C'est ainsi que mourut le dernier roi. Les maladies rapportées dans l'île par les rares survivants achevèrent de détruire cette ancienne civilisation.


Aujourd'hui, la population de l'Île de Pâques (car c'était bien elle) est pacifique et largement métissée. Les jeunes se défient en surf dans la baie d'Hanga Roa et sont fiers d'aller à cheval plutôt qu'en 4x4, au prix de toutes façons inabordable. Ils regardent la mer comme tu regardes un puits et s'il n'y a pas d'hiver, cela n'est pas l'été.


Pourtant, le 24 octobre 2009, les Pascuans se prononçaient par référendum à plus de 96 % en faveur d'une réforme de la constitution visant à limiter l'immigration sur leur territoire ; un comble quand on sait qu'au début du XXe siècle encore, une loi leur interdisait l'émigration !


Le but officiel de la manœuvre est d'éviter que l'île aux moaïs, de seulement 162 km2 (soit un triangle de 23 km de base), peuplée d'à peine 5000 habitants mais visitée par dix fois plus de touristes chaque année, ne se transforme petit à petit en Disney-village. Les insulaires n'ont pas oublié qu'une grande partie de leur île avait déjà servi au XIXe de pâturage aux moutons anglais ! On peut donc comprendre qu'il n'ait pas envie de se la faire de nouveau confisquer, que ce soit par les touristes (manne financière néanmoins nécessaire), par les promoteurs immobiliers ou par les nouveaux riches Chiliens !

"Soñando Rapa Nui"

Quoi qu'on en pense, un an avant cette votation, les enseignants de l'école d'Hanga Roa décidaient d'organiser un sympathique "petit débat sur l'identité insulaire" en invitant leurs élèves à peindre l'île de leurs rêves.
On pourrait aussi rêver que nos dirigeants à nous s'inspirent de cette méthode, s'ils tiennent absolument à débattre d'"identité nationale" ! Mais bon, je ne crois pas qu'ils soient assez ouverts d'esprit, ni qu'ils lisent le blogue...

Voici donc, en vrac, tous les dessins (je n'ai pas su faire un choix) que j'ai pu ramener de mon court séjour à Rapa Nui. Bonne visite.





















"(...) la vieille civilisation de l'Île de Pâques est morte entre 1862 et 1870. Depuis cette date, elle n'attendait plus qu'un devoir d'humanité : que la personne et la dignité des descendants des hommes qui ont taillé les grandes statues fussent respectées par les maîtres de l'Île."
Alfred Métreaux, l'Île de Pâques, Gallimard, 1941


Merci à Carlos Ignacio (6 ans ?), Rafale (13 ans), Javier (13 ans), Toki Ariki (12 ans), Alexis (12 ans), Isidora (12 ans), Guillermo (11 ans), Kiva Haoa (5 ans), Fernanda (5 ans), Pua Hine (5 ans), Hinariru (5 à 8 ans), Otouti (14 ans), Orion (13 ans), Celine (13 ans), Jorge (15 ans), Pablo (13 ans), Diego (13 ans), Carolina (13 ans), Sebastian (15 ans), Ka'anny (13 ans), Abraham (11 ans), Emilia (13 ans) et Macarena (14 ans) pour leurs magnifiques dessins.

dimanche 21 février 2010

Un Gars, Une Fille


C'est en 1995 que le Catalan Manel Fontdevila (Une vie de Saint enluminé par Alfonso López, édité Fluide Glacial en 1996-), alors trentenaire, entreprend de raconter sous la forme de gags en une page, sans complexe ni tabou, la vie quotidienne d'un jeune ménage constitué par Emilia, prof de gym de son état et Mauricio, livreur de pizzas à ses heures.


La Parejita, S.A. parait depuis régulièrement dans l'hebdomadaire satirique espagnol El Jueves, dont Manel Fontdevila fut un des rédac'chef, et qui serait un peu l'équivalent en France d'un mix entre Fluide glacial et L'Écho des Savanes, mâtiné d'un soupçon de Charlie Hebdo. En effet, l'équipe d'El Jueves n'a pas peur de se frotter à des sujets qui fâchent comme la politique du gouvernement, les frasques de l'E.T.A. ou bien celles de la famille royale, ce qui valut à certains de ses membres (dont M.F.) la joie de connaître des tribunaux espagnols.

Toute la finesse d'El Jueves

Bien que les tribulations des deux tourtereaux s'inspirent de la propre vie de couple de l'auteur, nombreux sont les lecteurs ibériques à se reconnaître dans ce petit brin de bonne femme portant la culotte ou dans cet ado attardé ayant une fâcheuse tendance à se laisser vivre. Il faut dire que, sans être non plus dans "l'Espagne d'en bas", les préoccupations de Mauricio sont souvent plus terre-à-terre, moins "intellectuelles", que celles de Mr Jean, notre bobo national préféré.
Plébiscitée par le public, La Parejita, S.A. aurait (je n'en suis pas certain) même été adaptée en dessin animé pour la télévision.


Hélas et à moins que je ne dise des conneries, la série n'a toujours pas franchi les Pyrénées. Le mode de vie "à l'espagnole" serait-il trop éloigné du "modèle français" pour séduire éditeurs et lecteurs francophones ?


Même s'il ne fait pas toujours dans la dentelle (il en faut bien plus pour choquer les lecteurs d'El Jueves dont la finesse n'est pas forcément non plus la spécialité...), c'est toujours avec une grande tendresse que Manel Fontdevila observe ses amoureux se débattre pour survivre dans leur milieu. Malgré l'usure du temps, le couple tient bon et Emilia et Mauricio connaitront même un heureux évènement, juste en même temps -ah ben dis donc ça alors c'est dingue- que l'auteur et sa compagne !


Ainsi, La Parejita, S.A. n'est pas qu'un fade alignement de gags-gros-nez de plus, mais bien l'occasion pour Manel Fontdevila de réaliser une véritable satire sur la société des années 1990-2000, comme il le fait en parallèle, avec une rigueur scientifique, dans ¡Para ti que es joven !, deux pages satiriques hebdomadaires co-signées avec son son compère Albert Monteys, toujours dans les pages d'El Jueves.


Même si le rapprochement que font certains avec Le Retour à la Terre de Ferri et Larcenet est bien vu, je préfère personnellement imaginer La Parejita, S.A. comme le croisement improbable, par un rédac'chef qui aurait pété les plombs, entre un family-strip pépère à la Boule et Bill et un Titeuf, plus trash.

©Manel Fontdevila/Público

Tout comme Alfonso López, l'inusable Manel Fontdevila exerce également ses talents de caricaturiste pour le journal Público. Les hispanophones peuvent lire leurs cartoons respectivement ici et .

Yellow Kid

La plupart des albums de Manel Fontdevila paraissent logiquement chez l'éditeur El Jueves.
Je ne connais malheureusement pas Súper Puta (probablement plus "ardu"), qu'édite Glénat-Espagne et dont les somptueux dessins aperçus sur la toile laissent deviner l'admiration que voue Manel Fontdevila au dessinateur français Blutch.

vendredi 19 février 2010

Les deux visages de Kid Ordinn


Ayant attrapé la fièvre de la dédicacite en 1983, lors d'une manifestation parisienne quelconque, à cause de messieurs Dany, Gilles Chaillet, Paul Geerts (du studio Vandersteen) et Tibet, je re-tentais ma chance l'année suivante auprès de ce dernier.


Ma timidité et mon manque d'expérience ne me permettant pas de quémander un portrait de Chick Bill ou de Petit Caniche (les héros "officiels" de la série), je repartais donc -un brin désappointé- avec un second Kid Ordinn sous le bras, jurant mais un peu tard qu'on ne m'y reprendrait plus !


Mais au fait, trouverez-vous les subtils détails différenciant ces deux splendides œuvres ?

Plus fort que la photocopieuse de Morris,

aussi efficace que le tampon de Philippe Francq !

N.D.L.R. : Afin de faciliter la tâche des faussaires, les prénoms des personnes à qui étaient destinées ces dédicaces ont été effacés. Au travail, et bonnes ventes à tous !

lundi 8 février 2010

Emmoc nu uaesio snas elia

En visionnant cette vidéo montrant ce drôle de drone qu'est le Parrot évoluer dans l'espace aérien parisien, je n'ai pu m'empêcher de penser, tel un Lewis Trondheim découvrant dans les rues de Montpellier -et dans un de ses Petits Riens- un scooter Piaggio à trois roues : "Ça y est, c'est l'an 2000" !









Bon, d'accord, l'an 2000 c'est déjà loin, Taser nous avait déjà fait une adaptation de la sale Zorglonde depuis un moment, et le Parrot n'est qu'un modèle réduit que l'on dirige au moyen d'un i-Phone... N'empêche, tout ça ne m'empêchera pas de rêver à un baptême de l'air en Zorglmobile d'ici quelques années (en attendant le Fantacoptère). Et toc.

Z comme Zorglub
Franquin, Jidéhem et Greg
Dupuis, 1961

(Icrem Notnot Lehcim)

jeudi 4 février 2010

Bienvenue, Franka !


L'éditeur francophone BD Must confirme enfin la parution, pour le début de l'année, de quatre épisodes des aventures de Franka, comme on vous l'annonçait l'été dernier.

J'avoue que le choix de traduire mot à mot les titres originaux (Le Vaisseau d'Or Portugais, Les Yeux du Timonier, Succès Assuré, Risque Propre) me donne quelques sueurs froides pour la suite... Bon, on verra bien.

Grrrrr ! Comme je le craignais de la part de cet éditeur "de luxe", le communiqué annonce qu'il s'agira de tirages limités, donc réservés à un lectorat fortuné : même s'ils restent abordables pour les collectionneurs nantis, tout le monde ne pourra hélas pas s'offrir ces albums à vingt euros la pièce.

Si je rouspète, c'est que Franka est une bande dessinée populaire (le communiqué annonce plus d'un million d'albums vendus aux Pays-Bas) et qui doit le rester, ou plutôt le devenir, de par chez nous. On ne devrait donc pas la trouver seulement en librairie spécialisée mais également au supermarché et à la bibliothèque si l'on veut espérer toucher les jeunes lecteurs de mangas, sacré nom d'une pipe !

Alors croisons les doigts pour qu'une édition courante (pourquoi pas brochée, comme au plat pays ?) suive rapidement ce que j'espère n'être "que" de beaux tirages de tête, afin que Franka rencontre enfin le public qu'elle mérite.

Henk Kuijpers
De Terugkeer van de Noorderzon
-Het Geheim van het Spookschip deel 1-
(ouf!)
Big Balloon, 1978

(merci à Jean-Luc)

mercredi 3 février 2010

Gaston et les Crayopointe

M'enfin, elle sort d'où cette bobine ?!
Qui a rangé ça dans cette boîte ?
LAGAFFE ! Grrdidjiîîî !!!



Ce spot publicitaire pour les stylos-feutres Reynolds date de 1971. Je viens de le découvrir et n'en sais rien de plus. Ben non.