samedi 30 octobre 2010

Fat Bottomed Girls

Si les petites pépées de Dave Cooper me font penser à celles de Crumb, ce n'est certainement pas en raison de leur bonnet. Cela ne les empêche pas de bien bouger leur popotin, comme on peut le voir dans le clip de King of Magazines, animé en 2008 par Nick Cross pour le compte du groupe Danko Jones, et donc 100% made in Canada.



vendredi 29 octobre 2010

Gros Nez Spirituel

 S'ils avaient bossé un peu au Plan B(d), ils auraient pu faire un beau blog, passionnant, instructif et tout. Un peu comme celui de Badlieutnant : BD Rétro Gros Nez.


Mais non, au lieu de ça, Mr Totoche préfère continuer à torcher des âneries.

Ah là là, ce n'est pas comme ça que vous réussirez dans la vie, Mr Tannenen.

dimanche 24 octobre 2010

Femme Blanche, Griffe Noire et Cartons Jaunes


Après Saint-Malo, excursion le week-end dernier sur les bords de la Marne, à Saint-Maur-des-Fossés, où Thierry Chavant, récemment interviewé par nos confrères de l'excellent Plan B(d), avait carte Blanche (Ha ! Ha !) pour rencontrer ses lecteurs au rayon BD bien achalandé de La Griffe Noire, dans une ambiance feutrée, à peine troublée par un téléviseur diffusant en boucle les dessins animés de Captain Biceps.
à repasser au feutre avant de mettre en vente sur ebay

C'était l'occasion de découvrir cette librairie généraliste engagée et particulièrement motivée si l'on en croit l'hallucinant amoncellement de panonceaux criards vantant les qualités de ses non moins innombrables coups de cœur, disséminés dans le moindre recoin. Probablement une sorte de record en la matière. C'est bien simple : on ne voit parfois même plus les bouquins en-dessous !

" Tiens. Prends ça dans ta face ! 
Captain Biceeeeps !!! "

Tiens bon, Thierry : la résistance s'organise !

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Bonus Griffe Noire : ex-libris de Meynet pour... La Griffe Noire.


vendredi 22 octobre 2010

Six pieds sous terre, Jojo.


 Parmi les nombreux hommages à André Geerts, disparu le 27 juillet dernier à l'âge de cinquante-quatre ans, celui qui m'a le plus ému est sans doute celui de Christophe Lazé, un illustrateur breton que je ne connaissais pas jusqu'à présent.
 On pourra se procurer ce joli dessin dans quelque manifestation dédiée à la bande dessinée, en demandant poliment au stand du fanzine On a marché sur la Bulle de Yannick Bonnant (ancien de Sapristi !), qui a eu l'excellente idée d'en faire un petit flailleur.

samedi 16 octobre 2010

Rêves de Gos

Gos, Seron, Berck et Fournier bientôt à L'Association ?




Allons, ne rêvons pas : nous sommes dans le courrier des lecteurs de Spirou... en 1976 !

Jean-Christophe Menu aime bien jouer les gros durs dans ses Éprouvettes et autres Plates-Bandes, mais je suis sûr que tout au fond de lui-même, il a su garder une partie de son âme d'enfant...

Spirou n° 1971, 22-1-1976, Dupuis

vendredi 15 octobre 2010

Franka x 4


 Le dix-huitième numéro de Franka Magazine, le fanzine qu'Henk Kuijpers* consacre à son héroïne, vient d'arriver dans la boîte aux lettres.

  

Il est entièrement consacré au vingt-et-unième album des aventures de Franka : Het Zilveren Vuur (Le Feu d'Argent -?-), dernier d'un triptyque tournant autour de la déesse assyrienne Ishtar, que les lecteurs du mensuel hollandais Eppo ont déjà pu découvrir en pré-publication et qui est en vente depuis le 25 septembre dans toutes les bonnes librairies de Flandre et de Hollande.






 Tous les albums de la série Franka sont en vente sur la boutique en ligne du magazine Eppo.


 Les lecteurs néerlandophones, pourtant bien moins nombreux que nous, se verront proposer, en fonction de leur goût, de leur degré de passion et de la taille de leur bourse, pas moins de quatre versions :
- la plus économique et populaire, brochée, à 7.95€.
- une version cartonnée, équivalente à nos albums, à 17.50€ (on n'est finalement pas loin des 20 € demandés par les éditions BDMust).
- une très belle édition de luxe toilée, numérotée et signée, comprenant quarante-huit pages d'esquisses, d'explications et de documentation, à 44.95€.
- et enfin, la version collector en étui toilé, également numérotée et signée, accompagnée d'une illustration inédite, pour laquelle il faudra débourser 80 €.

 Un exemple d'auto-édition à méditer.


(* J'ai bien fait rire Danier, l'autre jour à Buc quand je lui ai parlé de "Cuijepèrse"... Il paraît qu'on prononce "Caillepeurs" ou quelque chose comme ça)

mercredi 13 octobre 2010

Au-dessous du volcan

 Quartier Western
Téhem
Des Bulles dans l'océan, 2010

  Cet automne, Téhem nous emmène en voyage avec lui dans l'île de son enfance : La Réunion.
 Pas n'importe quelle Réunion, non puisqu'il s'agit de celle de son enfance : la Réunion des années 70, des 404 bâchées, des interminables heures de catéchisme, celle de la mystérieuse boutique de verres toujours désertique devant laquelle il passait en revenant de l'école. Non pas la Réunion des riantes plages à touristes de Saint-Gilles ou de Saint-Leu, mais celle de la cité Cow-Boy (d'où, semble-t-il, le titre), des faits divers sordides du quartier du Chaudron, à Saint-Denis.


Le pulp s'imposant donc, Téhem nous le sert épais (cent-vingt pages et quelques), sans glaçon, animalier (ses bestioles font penser à celles de Plessix, mais en plus débiles) et complètement déjanté, à la Tarantino : ce sera donc en V.O non sous-titrée, avec une merveille de narration non-linéaire, un casting de gueules pas possibles et des personnages tous plus ravagés les uns que les autres, le rhum arrangé n'arrangeant rien.
 On atteint rapidement le complet délire, qui sera tremens pour certains, un peu moins pour d'autre, mais ne comptez pas sur nous pour lâcher quoi que ce soit sur l'intrigue.


  Alors que n'importe quel tâcheron se serait contenté de décalquer des photographies d'époque, l'auteur de Malika Secouille et de Zep Collège, ancien enseignant à Saint-Benoît, dans le sud de l'île, a choisi, pour signer ce chef d'œuvre, de puiser dans ses souvenirs d'enfance afin de recréer un Saint-Denis sans doute plus vrai que nature (Hein ? Comment ??? Il n'a en fait tout simplement pas trouvé de photos de cette période ? Oté, trop tard, c'est imprimé).
 En tous cas, l'ambiance y est : le côté crade, moite, étouffant, glauque et sombre (Mmmmh, le doux bruit des blattes croustillant sous les savates deux-doigts...) est admirablement rendu par l'absence d'encrage : le dessin, lâché, est livré brut, au crayon uniquement rehaussé de gris, tellement brut que quelques crayonnés préparatoires se sont même d'ailleurs retrouvé inopinément imprimés !
 Bon, trêve de moukatage, ce deuxième bouquin de la jeune maison Des Bulles dans l'Océan est superbement fabriqué. On en redemande : garçon, un autre. Vite !


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Petite revue de presse péï :

http://www.reunionnaisdumonde.com/spip.php?article3025
http://www.clicanoo.re/index.php?page=article&id_article=259225&var_recherche=tehem
http://www.clicanoo.re/113-colonne-3/Edito/256454-tehem-l-homme-aux-600-000.html

mardi 12 octobre 2010

Bonbon piment


 Totoche !
 Après quelques strips aperçus dans Tchô ! cet été, le cinquième album de Tiburce devrait paraître chez Glénat en novembre.
 Cela faisait un moment que Téhem souhaitait redonner vie à ce petit garçon réunionnais, né dans les pages du Cri du Margouillat dans les années quatre-vingt-dix.

 En exclusivité pour les lecteurs du Plan B(d) : le fameux Cri du Margouillat.

 Pour ceux qui n'ont jamais pu lire un des quatre albums déjà parus aux éditions Centre du Monde dans la fameuse collection bichick, rappelons que ce best-seller (à la Réunion, hein), relate avec humour la vie de tous les jours à l'Îlet Titby, dans les Hauts de l'île de La Réunion où l'auteur a également passé son enfance.


Le créole fleuri dans lequel s'exprime Tiburce, ses copains, son père et les gens de l'îlet est certainement une des clés du succès de la série, mais certainement pas le seul. La série est en effet surtout une excellente caricature, tendre et pimentée à la fois, de la société multi-ethnique de l'île.
 Aux antipodes également du politiquement correct, Téhem prouve qu'avec intelligence, on peut aussi faire rire avec nos différences, non pas pour s'en moquer connement, mais pour mieux les comprendre et surtout les accepter.

Tiburce in Tchô ! n°137, août 2010

Pour faire adopter Tiburce par Mr Glénat, il aura quand-même fallu faire quelques concessions : je ne sais pas si le ti'moune des Hauts arrivera à châtier longtemps son langage, mais grâce à l'introduction astucieuse dans la série d'une nouvelle copine, une Zoreille un peu perturbée, comme les nouveaux lecteurs métros, par tous ces mots nouveaux, Tiburce sera contraint de faire le traducteur, tout en leur donnant quelques clés sur le mode vie là-bas, dans l'océan Indien.

Pas d'erreur : on est bien dans Tchô !

 Le cinquième album paraîtra, comme les premiers albums, toujours à l'italienne, mais cette fois-ci avec deux strips par pages, probablement pour faire plus riche. Faute de bichicks on mange des sardines...

pitch extrait du 4decouv' d'Îlet Titby, le premier album de Tiburce

Un bon colis-pays étant toujours bien garni, nous apprenons également que Le Temps Béni des Colonies, excellent ouvrage de notre confrère Hobopok, jadis également paru dans la même collection bichick et épuisé depuis belle lurette, devrait prochainement bénéficier d'une intégrale enrichie de nombreux inédits. Valab'  !

Petit avec des grandes zoreilles

vendredi 8 octobre 2010

Trucs en vrac

Festival Quai des Bulles à Saint-Malo : du 8 au 10 octobre 2010. Je ne tenais pas spécialement à y aller cette année, mais c'est Mme Totoche qui m'a forcé... Bon, j'espère pouvoir y renconter Gégé, Jérôme Jouvray, Stéphane Oiry, Tehem (Quartier Western m'a scotché : ça risque fort d'être la BD de l'année du Plan B(d), on en reparlera)... En plus, cette année, faudra supporter mon beauf (soupir)...

Ah, au fait, si vous ne savez pas où manger à Saint-Malo, réservez donc une table chez Tanpopo ("pissenlit" en japonais) : cuisine japonaise raffinée intelligemment adaptée aux produits du terroir. Copieux. Addition plus que raisonnable. Expérience inoubliable. Rien à voir avec les sushi et sashimi des tristes "japonais chinois" (Je soupçonne que c'est en fait la véritable motivation de Mme Totoche pour aller à St-Malo). Divin.

 Centenaire de Pierre Joubert, 1910-2010 Une vie d'illustrateur  : exposition au Musée Lambinet à Versailles, jusqu'au 12 décembre. Joubert, on adore ou on déteste, mais bon, il a quand-même plus ou moins influencé pas mal de dessinateurs, de René Follet à Emmanuel Lepage, en passant par Mitacq, Patrice Pellerin, euuuh... Yann et Hardy ?

 Lé Nista Neli Ne et la musique, à la Cité de la Musique, Paris XIXe, du 12 octobre 2010 au 16 janvier 2011. Bon attention, là-aussi, c'est pour faire plaisir à Mme Totoche, hein.

 Exposition Cent pour Cent Bande Dessinée à la Bibliothèque Forney, Paris IVe, jusqu'au au 8 janvier 2011. "Cent auteurs du monde entier revisitent cent chefs-d'œuvre de la bande dessinée", sur une idée de Gilles Ciment. Tiens, à propos de ciment, êtes-vous allés voir l'expo Archi et BD, finalement ?


 Dédicace de Thierry Chavant à la librairie La Griffe Noire, à Saint-Maur (94) le 16 octobre.

 Dédicace (à confirmer) de Li-An à la librairie Fantasmagories, Paris IIIe le 29 octobre.

Et aussi :
 Azbouka-Voyages en alphabet russe (j'ai paumé l'image) à la bibliothèque L'Heure joyeuse, 6 /12 rue des Prêtres-Saint-Séverin (à deux pas de la fameuse rue Dante).


Bon, ça en fait des trucs à faire. Va falloir s'organiser.

mercredi 6 octobre 2010

Chéret à l'affiche

Des couloirs du métro aux bas-côtés des routes départementales, des trottoirs de Paris aux ZAC de banlieue, aux ronds-points des sous-préfectures, on ne fait même plus attention à la multitude de panneaux publicitaires qui envahissent notre champ visuel, nous matraquent, nous agressent à coups de slogans débiles, leur message étant certainement censé devenir subliminal. Personne, sauf les aveugles bien entendu, ne peut échapper à cette pollution, toutes ces affiches rivalisant de laideur. Le mauvais goût semble être devenu la règle, comme si le caca faisait vendre le caca.


Toute cette daube photoshopée qui enlaidit aujourd'hui les murs de nos villes, c'est quand-même un petit peu à Jules Chéret qu'on le doit.
Né à Paris en 1836 et mort à Nice en 1932, ce lithographe de formation se fit d'abord connaître à Londres en illustrant des partitions musicales. De retour à Paris, Chéret acheta une imprimerie (qu'il revendra plus tard à Chaix) et en profita pour inventer (je résume) l'affiche moderne, s'inspirant des styles rococo et japonisant pour élever l'affiche au rang d'art.
Ce "Watteau des boulevards" influencera ensuite à son tour Toulouse-Lautrec et les impressionnistes, énervant en passant le "Coin des Classiques" de l'époque à qui il sera préféré pour décorer les salons de l'Hôtel de Ville, avant d'être sacré "Roi de l'Affiche" en 1889, à l'Exposition Universelle.

Rom Chérette ?

Oui, il y a un peu plus de cent ans, on pouvait écrire que ces affiches "embellissaient les villes" : c'était la Belle Époque. Pourtant, même s'il avait vécu assez longtemps pour assister à cette déchéance, Chéret ne l'aurait pas vue, puisqu'il mourut... aveugle.
Y'a pas de justice.

Pour se convaincre que c'était vraiment mieux avant, on peut aller voir les affiches de Chéret en vrai, en grand, sur des murs, jusqu'au 7 novembre 2010 à l'exposition que lui consacre le Musée des Arts Décoratifs, la première à Paris depuis... 1912 !

 rien à voir

dimanche 3 octobre 2010

Reviens, Léon !


Joie !
Que les amateurs de ligne claire trash, d'humour scato et de porno-soft se réjouissent, le bon goût est de retour : après le succès des rééditions française et espagnole de ses tribulations en intégrale par Glénat, "La Terreur" revient enfin : Theo Van de Boogaard et Wim T. Schippers ressuscitent Leon Van Oukel, l'inoubliable fouteur de merde de L'Écho des Savanes.
Tous aux abris.



Un recueil d'illustration du génial Van den Boogaard est également paru cet été en Hollande.


On pourra en savoir un peu plus (éventuellement avec l'aide de la barre de traduction Google) ici ou .

Ça sent le week-end à Knokke au printemps, ça...

Havank à Buc

affiche de Marcel Uderzo

Oyez, oyez.
Le Plan B(d) rappelle à ses bien-aimés lecteurs franciliens la présence de Danier, alias Daan Jippes au Château de Buc, dont la dix-septième édition du festival de bande dessinée se tient ce week-end.
La population est vivement invitée à se déplacer pour aller encourager cet auteur néerlandais dont la venue en France est rarissime.
Qu'on se le dise.

samedi 2 octobre 2010

Nuit "Blanche"


À l'occasion de la sortie de Toumaï, les Savanes Féroces, second tome de la série Blanche qu'il réalise chez Delcourt, Thierry Chavant a accepté de répondre à nos questions, en deux temps : cette saleté de dictaphone ayant rendu l'âme sans crier gare. Bonjour le professionnalisme !

Allez, c'est parti :

- Bonjour Thierry Chaland (Arf ! Arf !).
- Ha ! Ha! Bonjour Torchetoche.

- Google ne sait pas grand chose sur toi, peux-tu te présenter aux lecteurs du Plan B(d) ? Mais vite, hein, déjà que j'ai pas beaucoup de lecteurs...
- Je suis un jeune auteur de quarante-trois ans, j'ai un diplôme de dessinateur maquettiste, un an de beaux-arts, cinq ans d'ENSAD (arts déco) diplômé en design industriel, dix-sept ans de direction artistique en agence de pub avant d'avoir été licencié en cinq minutes il y a un an. 

- Peux-tu nous expliquer en quoi consiste ton métier de directeur artistique ? T'amène t-il a dessiner, à collaborer avec des dessinateurs de BD ?
- Un directeur artistique n'a pas besoin de savoir dessiner, mais j'avoue avoir passé mon temps à dessiner*, c'est quand même plus simple pour exprimer une idée. Par contre, on fait travailler des intervenants comme les roughmen qui ont parfois une activité d'auteur ou de dessinateur de BD en parallèle. J'ai ainsi eu la chance de croiser Bernard Puchulu, Philippe Gauckler, Marc Védrine et Jean-Paul Krassinsky qui débutaient dans le rough et dont le talent était déjà incroyable... Et surtout Herval que j'ai souvent croisé, puisque nous travaillions tous deux dans la même agence, lui en tant que roughman intégré.
 
(* on peut avoir un aperçu du travail de reufmane de Thierry Chavant ici)

- Peux-tu nous donner des exemples de réclames qu'on aurait pu voir ou dont tu es particulièrement fier ?
- Ça risque de prendre de la place. Je dessinais les visuels de mes affiches et presses avant photo et crayonnais tous mes story-boards. J'ai créé les personnages d'un petit spot pour Flunch et aussi fait des séries de gags pour des pubs Kaufman, et bien d'autres encore.
 

- Pourquoi est tu passé à la BD ? Tu avais besoin d'arrondir tes fins de mois ? Tu ne gagnais pas assez de pognon dans la pub ?

- Comme beaucoup d'auteurs, j'ai toujours rêvé de faire de la BD, et d'ailleurs j'en ai toujours fait pour mes proches, à défaut d'être publié. Et même une fois édité, ça n'a jamais représenté une source suffisante pour en vivre. C'est assez rare, les auteurs de BD qui arrivent à en vivre. D'ailleurs, sur les quelques festivals que j'ai faits, c'est assez émouvant de rencontrer des auteurs qui me semblaient pourtant reconnus, expliquant leur difficulté à en vivre. C'est un métier de passionnés pour des passionnés.


- La question que tous les lecteurs du Plan B(d) se posent : dessines-tu à la plume ou au pinceau ?
- Ha ! Ha ! Ha ! Mais tout le monde s'en tape, non ?
- Pour Blanche je travaille exclusivement au critérium, crayon à papier et mine de plomb : ça me donne un sentiment de sécurité, j'ai l'impression que je peux gommer si je me trompe alors que je grave comme une brute pour obtenir des pleins et déliés et qu'il est donc impossible de rattraper une bourde. J'ai réalisé Méliane au feutre, mais je pétais un câble : ça n'arrêtait pas de baver ! Je me remettrais bien au pinceau et à la plume : j'ai ressorti le matériel il y a peu et ce sont des sensations de glisse inouïe... Tiens, on dirait une interview pour Surf magazine, là !

- Continuons dans les questions ringardes : que lisait le petit Thierry?

- Ben, comme toi : les Pif Gadget, Spirou, Rahan, les Strange et Spécial Strange... Tu te souviens aussi des espèces de comics bien noir d'horreur en petit format là, dans les librairies. Avec mon frère, on se faisait vider parce que les gérants croyaient que c'était des bouquins de cul ! Y'avait The Swamp Thing, tout ça...
- Plus tard, il y eut (À Suivre), L'Écho des Savanes, et puis des tas d'albums... Ça prendrait deux heures de tout énumérer... Paradoxalement, je n'avais pas d'argent pour en acheter, mais j'ai toujours pu avoir un aperçu. Honnêtement, c'est ce que je retrouve sur ton blogue : tu as la mémoire et la culture de ça, et souvent un de tes posts me fait "tilt", je ne m'en serais pas rappelé sinon.

- Maintenant que tu as grandi, quelles sont tes lectures favorites ?
- Pas grand chose, ou plutôt j'ai l'impression, comme le commun des lecteurs, d'être dépassé par la production. Ce qui est mis en avant est bien souvent le plus commercial et pas forcément le plus intéressant. Malgré tout, il y a une richesse indéniable. Mais une BD est chère et on doit passer par la frustration de se passer de certaines.
Je suis assez éclectique, je vais citer pèle-mêle ce qui me vient à l'esprit : Davodeau, Guarnido, Guibert, Rébéna, Prudhomme, Blutch, Larcenet, Winshluss, Dumontheuil, De Crécy, Arthur de Pins, Riad Sattouf, Blain, Baru, Bastien Vivès... Pour certains, très honnêtement, je n'ai lu que l'album le plus connu... Certains autres, c'est plutôt le dessin ou inversement les scénarii.
Chez les Américains, j'aime bien certains Crumb, les histoires d'Alan Moore, Maus, Jimmy Corrigan, le Black Hole de Burns ou des séries-polars comme 100 Bullets. 

- Si j'étais toi, je citerais Sfar : ça fait toujours bien dans une interview.
- Je ne déteste pas ce qu'il fait, bien au contraire. Mais c'est le côté "bobo-Télérama" qui est exténuant, aussi épuisant que les "soleilleries" avec les gonzesses à poils et leurs épées 110 E, d'ailleurs.Sfar (et d'autres), c'est un peu les "soleilleries" des bobos : ils ont un talent certains mais sont tellement sur-exposés que ça éclipse des génies comme moi !!! Oui, bon en fait je suis surtout très jaloux de son succès...

- Et les mangas ?
- J'ai malheureusement l'âge d'avoir raté le coche et même d'avoir regardé ça de haut, jusqu'à la claque Akira. Le Dōmu d'Otomo est un des piliers de la BD, à l'instar d'Arzach ou de Partie de Chasse et j'ai rarement ressentis une émotion comme celle que l'on peut trouver dans certains Taniguchi.
Mon frère m'a offert quelques Monster et 20th Century boys, mais je n'ai jamais trouvé le temps de les finir, tout en reconnaissant l'incroyable talent de ces auteurs. Je suis très inculte en manga.

- Pour en revenir à ton enfance, quels étaient les auteurs que tu admirais plus particulièrement ? J'ai cru remarquer quelques références à Franquin dans le premier tome de Blanche : une mouette rieuse par ci, un chat-dingue par là...
- Eh bien, comme tu le relèves, il y a effectivement un hommage à la mouette rieuse de Franquin dans Blanche, il fait partie de ces auteurs qui m'ont énormément influencé, et pas seulement pour le dessin. Comme Yann et Conrad ou Bodart, ce sont à mes yeux des auteurs engagés : leurs œuvres contiennent une critique du capitalisme, de la religion... Pour certains ce sont même de très rares œuvres orientées à gauche. Franquin était un révolté, tout comme son Gaston...
Sinon j'appréciais Mézières, Hermann, Giménez (les deux !) Prado, Hislaire..., l'éternel et magique Wasterlain, Will également... Je vais te citer tous les auteurs Spirou !
Chez les Américains, je me souviens de Miller, Corben, Sienkiewicz, Mignola...
L'immense Toppi aussi...
Mais il y en a beaucoup d'autres dont je ne me souviens plus les noms et que, j'espère je retrouverai sur ton blogue ! 

- Et Bourgeon ? Même si l'histoire de Blanche est totalement différente, on ne peut "évidemment" s'empêcher d'avoir une petite pensée pour les Passagers du Vent : le féminisme, la traite négrière...
- Oui, tu as tout à fait raison, mais à ma grande honte, je n'ai jamais lu Les Passagers du Vent. Je m'étais juré de les lire, et puis en commençant la série, j'ai sans doute eu peur que cela m'influence, voire pire : que je découvre que je faisais la même chose !!!
Par contre, j'ai un livre autobiographique qui date des années 80 sur lui et j'adore les coups de gueule du bonhomme. Il avait déjà prévu cette espèce de débâcle hystérique et consumériste qu'est devenue la BD actuelle.


- J'ai cru trouver une certaine ressemblance entre ton trait et celui de Jean-Paul Krassinsky qui travaille aussi dans la pub : avez vous appris à dessiner ensemble ?
- C'est flatteur et ça me surprend que tu dises ça, car comme je te l'ai dit, j'ai travaillé avec lui en pub. J'admire ce qu'il fait, tant au niveau du dessin que du scénario, mais il est plus doué que moi.
Et non : on n'a pas appris à dessiner ensemble ! 

- De quoi ça cause, Blanche ?

- De l'exploitation de l'homme par l'homme en général. Et plus particulièrement de ces prétextes que sont la misogynie et le racisme.


- Tu avais, me semble-t-il, déjà abordé ces thèmes dans ton premier album, Méliane/Mélanie, paru en 2005. Je crois d'ailleurs savoir que c'est cet album qui a fini de couler le département BD d'Albin Michel, non ?
- Ha ! Ha! Ha ! Non, je ne crois pas que ça ait coulé Albin, mais je pense qu'ils m'ont publié parce qu'ils étaient un peu paumé avant la fin. Ce que je fais ne cadrait pas du tout avec leur style. Méliane parlait de la misogynie que l'on peut trouver dans certaines banlieues et qui n'est finalement qu'un racisme de plus. C'était un hommage à une jeune fille, Sohane, qui a été brûlée dans une cité..., un fait divers atroce.

- Blanche relate une histoire d'amour entre une jeune bourgeoise abandonnée par son mari et son domestique, noir de peau et donc exclu de la société. Y a t-il une raison particulière qui te lie à ces thèmes d'exclusion, de misogynie ?
- Je suis moi même en couple mixte. Ma compagne est d'origine algérienne et nous nous sommes heurtés bien souvent au racisme sous toutes ses formes.
Ayant par ailleurs été élevé par une mère divorcée, seule en H.L.M., je pense que ça a orienté aussi mes thèmes.

Après moult hésitations, c'est finalement le projet initial proposé par Thierry Chavant 
qui sera retenu pour la couverture du premier tome !

- Pourquoi as-tu choisi de situer cette trame au XVIIIe siècle ? Tu rêvais de dessiner des beaux costumes ?
- Ah non, ça me fait super chier de dessiner des trucs d'époque ! Faut se taper tout un boulot de reconstitution, mais malheureusement le scénariste en moi l'exige !
- C'est surtout une manière de polariser le problème. C'est une époque ou l'intolérance était clairement affichée bien qu'on nous bassine dans les livres d'Histoire avec l'humanisme du XVIIIe, ça préfigurait l'hypocrisie actuelle.


- Y a-t-il une base véridique à cette histoire comme le suggère malicieusement Le Blogue de Blanche et Toumaï ? Clara Morgane va t-elle vraiment jouer le rôle de Blanche dans l'adaptation TV de TF1 ?
- Non, le blogue de Blanche est un gros fake, je pensais que l'album allait se vendre à des millions d'exemplaires et que des hordes de fans allaient s'amuser à faire des commentaires et broder leurs propres histoires. J'ai eu quatre visites, je crois... Avec la tienne ! 

- Flûte alors, moi qui rêvais d'interviewer cette jeune chanteuse... Bon, tant pis. Question suivante : pourquoi t'emmerdes-tu à écrire un scénario alors que tu pourrais très bien pondre une adaptation littéraire, comme tout le monde ?
- Oui, en plus c'est très commercial, je me vois bien contacter BHL !
Je suis un intégriste, j'ai envie de faire ce qu'il me plaît et puis je n'ai jamais compris cette manie "d'adaptation". On duplique tout dans tous les formats, et surtout bien sûr, "ce qui marche"... Bon, ceci dit, je serais super content si Cameron rachetait les droits de Blanche... Du coup, je refuserais les interviews pourries de blogueurs débiles, j'aurais une Bentley et des parts dans Soleil et Delcourt. Je me pavanerais avec des nymphettes de dix-huit ans en tutoyant Sfar à Angoulême... Le pied !

- Pourquoi cette série est-elle parue chez Delcourt ? L'Histoire avec un H majuscule, c'est plutôt la spécialité de Glénat/Vécu, non ? Delcourt t'a-t-il demandé de dessiner des elfes, des filles avec des gros seins qui se battent en duel, toute nues avec des épées ? As-tu vraiment dû coucher avec ton éditrice afin d'être publié ?
- En fait, c'est une éditrice virée de chez Albin Michel qui m'a proposé de travailler avec elle chez Delcourt. Y'a pas d'elfe, mais par contre Blanche est quasi à poil avec ses robes-bustiers pas possibles ! 
Mais c'est vrai que chez eux aussi, mon style dénotait ; on m'a fait comprendre que j'étais un peu trop "social" dans mes histoires.
Je n'ai couché avec personne et j'ai été viré. Jeune auteur qui lit ces lignes : prends-en de la graine (sans jeu de mot).

- Toumaï, c'est le nom d'un de nos lointains ancêtres, il me semble ?
- Ça signifie "espoir de vie" en langue gorane, je crois. On donnait ce nom aux nouveaux-nés, et c'est en effet le nom d'une lignée d'hominidés.


- Quand ils vont voir la couverture du second tome, les lecteurs du Plan B(d) vont forcément s'interroger sur la taille du sexe de Toumaï. Je préfère prendre les devant.
- Effectivement, Toumaï retourne à ses origines. C'est un peu L'Origine du Monde de Courbet, en moins cru... Enfin j'espère. Il est assis un peu en position fœtale.

- Blanche est atteinte d'achromatopsie, (pour les ignares : elle ne distingue pas les couleurs). Que lui est-il arrivé ?

- Sont chiantes tes questions : j'en sais rien moi... Elle a trop sniffé ? Ou plus jeune, elle s'amusait à se flasher l'œil avec un projecteur anti-aérien ! 

- Si elle voyait les couleurs, serait-elle tout de même éprise de Toumaï ?
- Grande et judicieuse question..., à laquelle moi-même je ne sais que répondre. 

- Bon, cela ne l'empêche pas de dessiner dans ses petits carnets...
- Elle dessine à l'encre noire..., à la plume ! Sont vraiment chiantes, tes questions ! 

Pour le blanc comme pour les couleurs, Thierry Chavant recommande Delf

- Les couleurs de Delf sont particulièrement réussies : est-ce toi qui as choisi de travailler avec elle ?
- Oui, je rêvais de l'avoir sur Méliane, déjà. En plus c'est une nana marrante, une Bretonne avec un sacré caractère. Sur le tome 2 on a passé une nuit de charrette à bouffer des pizzas et des cocas, on chantait des génériques de dessins animés !



- On peut par ailleurs admirer tes propres mises en couleurs informatiques sur ton blogue. Je trouve que tu te démerdes pas mal : pourquoi ne les fais-tu pas toi même pour les albums?
- Par manque de temps, tout simplement. Si on avait plus de délais, oui : je rêverais de réaliser entièrement un album avec mes propres couleurs, ou alors un travail mixte. Pas mal de dessinateurs se font aider : un coloriste fait les aplats et les détourages, et eux complètent les effets spéciaux. Pierre Schelle, un coloriste, travaillait en binôme passé un temps comme ça, pour Série B. 

- Blanche et Toumaï vont-il avoir un enfant ?
- Dans le 3 oui, ils avaient une fille. 


- Delcourt annonce dans son catalogue* qu'après avoir rencontré les mêmes problèmes d'intolérance en Afrique, Blanche et Toumaï partiront en Amérique dans le tome 3, intitulé Liberté et annoncé pour 2011. Tu avais prévu de les envoyer au nord, comme Aryane de Troïl ou bien au sud, comme L'Épervier ?
- Dans la Louisiane du XVIIIe, autrement dit un vaste bayou sauvage, un marais aux eaux saumâtres où tout est en devenir..., ou en pourriture... Des ambiances vertes comme les dollars, seule idéologie à venir ! 

(*cf Delcourt Planète n°54, août/septembre 2010)

- Je viens en fait d'apprendre, en lisant un précédent billet, que la série venait en fait d'être arrêtée. Comment as-tu appris cette mauvaise nouvelle ?
- Un soir, mon éditrice me propose de boire un verre pour qu'on voit les planches du 3... Elle arrive déconfite : Guy Delcourt, après avoir fait les bilans l'après-midi-même, avait décidé d'arrêter la série... Pas assez de ventes.

- Le premier tome, L'Île de la Solitude, est sorti en mai 2009, en pleine crise. Je vais te sembler naïf, mais je me dis que l'éditeur aurait pu être plus indulgent, non ? Le capitalisme à visage humain, ça doit bien pouvoir exister, nom d'une pipe !
- Je ne sais pas. De toutes manières, on n'a pas d'explication, ils ne prennent même pas en compte ce qu'on peut leur dire. Par exemple, j'avais suggéré qu'on ne mette pas "à suivre" à la fin du premier tome, conscient du fait, après la mésaventure d'Herval* qu'ils pouvaient arrêter la série comme ça. Je trouvais plus respectueux pour le lecteur de ne pas lui faire attendre un deuxième album. En plus, je m'étais démerdé pour faire une fin "ouverte", mais pas trop : le premier album est un one-shot, tout comme le second d'ailleurs. 

 (* Sa série Tiffany, écrite par Yann et publiée chez Delcourt, a également été stoppée après deux tomes)

- Comment l'éditeur peut-ils rendre un tel jugement avant même que le second tome soit mis en vente ?
- C'est comme beaucoup d'entreprises que j'ai pu croiser durant ma carrière dans la pub : en fait, il n'y a pas vraiment de vision d'avenir, de planning ni rien. Ils avancent à vue.
Mais c'est un travers de l'économie actuelle. Chaque éditeur/directeur de collection gère cinquante albums par an et comme il y en a une dizaine par maison, il est impossible dans ces conditions de connaître et de suivre tout son catalogue : dès lors, tout est géré dans l'urgence.

- Mais se rendent-ils compte qu'ils sont en train d'écraser leurs propres albums avec le reste de leur production ?
- Ils cherchent juste à occuper le terrain. Desinge, chez Albin Michel, me disait qu'il lui fallait un seul album qui cartonne par an pour faire vivre sa maison d'édition. Juste avant la fin, ils avaient eu L'Enquête Corse de Pétillon et puis rideau !
Souvent, les éditeurs ne s'intéressent pas vraiment à ce qu'il font, ou alors ça va être un engouement dans le plus pur style "yes, man" : vous êtes le petit nouveau sur qui on compte, c'est super génial, on y croit, t'es le meilleur... Et puis les résultats des ventes tombent et on vous jette sans un regard.

- Pourrais-tu récupérer les droits de Blanche et proposer la série chez un autre éditeur ?
- Il paraît, oui. Mais je ne compte pas trop là-dessus.

- Avais-tu déjà commencé à travailler sur le troisième tome ?
- Le scénario et les dialogues sont faits, tout est scripté. J'avais crayonné cinq planches et compilé la doc. Trois bonnes semaines de boulot, quand même.
  
- Quels sont tes prochains projets ?
- Un polar fantastique avec des mafiosi et des sirènes : il y a des illustrations sur le blogue. J'aimerais bien développer des histoires à la fois fantastiques, spectaculaires et très psychologiques, sociales et humaines. En fait, comme j'ai toujours rêvé de faire de la BD, j'ai des histoires et des projets plein mes cartons. Le plus dur, c'est de les faire éditer !

anti-mythe

- Les cartoons dessinés sur le vif dans les festivals que tu montres sur le blogue me font bien marrer, on voit que tu ne te prends pas trop la tête. Comme dirait Bacri, pourquoi ne fais-tu pas un truc comique ? Chez Bamboo, par exemple (Les Publicitaires ? Les Roughmen ?...). Ça se vendrait mieux, non ? Et la caricature, tu y penses ?
- Oui, ce sont des choses que j'envisage, on m'a souvent dit que je devrais faire de l'humour. Par contre la caricature est une spécialité où je ne suis pas très fort, comparé à des Maëster ou Jason Seiler.
Le dessin de presse me tenterait bien, j'ai des réactions par rapport à l'actualité qui se traduirait facilement graphiquement. Mais c'est pareil : faut-il encore intéresser un journal !

- Que penses-tu des festivals ? Ça te gonfle, les séances de dédicace ?
- J'en ai fait très peu et du coup, je suis assez frais. De plus, n'étant pas un auteur à succès, j'ai rarement plus de dix dédicaces dans une après-midi. Du coup, je peux discuter avec le lecteur. Même les collectionneurs sont les bienvenus puisque souvent je n'ai personne (Ha ! Ha ! Ha ! ). En tous cas, j'ai un profond respect pour la personne qui fait la démarche de venir me voir. Je suppose que si je me tapais vingt festivals dans l'année, avec des files d'attente de quatre heures, je ne dirais pas ça. 

- Que fais-tu quand tu ne dessines pas ? Pratiques-tu la musique ? La peinture ? Cuisines-tu ? Je crois savoir que tu es un motard ? Que tu chasses les OVNI ?
- Sport, footing, vélo..., j'ai fais pas mal d'art martiaux, mais maintenant j'ai peur de me casser un truc ou simplement de me faire péter la gueule par un plus jeune et plus costaud. Du coup, je ne fais plus que de la muscu dans un dōjō à Vincennes.
Je suis motard, mais comme je ne circule que sur Paris, ça va se finir en vélo.
Je suis nul en cuisine. Heureusement, ma compagne est un cordon bleu.
La palette graphique a remplacé la palette de peintre. J'ai de vieilles gouaches qui finissent de se fossiliser sur mes étagères et les OVNI m'ont toujours intéressé en tant que phénomène, j'ai un projet à ce propos dans mes cartons.
J'adore la musique mais lorsque je chante sous la douche, je dessoude les tuyauteries.


 Le fameux dōjō du Château de Vincennes

- Un petit mot rapide sur les auteurs que tu as mis en lien sur ton blogue ?
- Herval est un dessinateur extrêmement talentueux, en plus d'être modeste et discret. Il m'a appelé à la suite de l'arrêt de Blanche et a eu des mots très réconfortants, on partage cette passion quasi-enfantine pour la BD. On avait une expression en agence car on travaillait tous deux la nuit sur nos BD : on s'appelait "Les Super-Héros de la BD" ou "Les Dessinateurs Masqués", c'était marrant...

 J'ai rencontré Georges Abolin sur un salon et, bien que débordé par les dédicaces (pendant que moi je dormais), on a discuté de tout et de rien. C'est quelqu'un à la fois lumineux et facile, très positif. Et il a un trait dans le meilleur style belge, une aisance inouïe qui m'impressionne toujours.

 Gunt, je ne l'ai jamais rencontré. On se parle via nos blogs, mais il a l'air très sympa et son style, bien qu'apparemment fun, limite "ado" sert à merveille des histoires très matures.

 Johanna* est une ancienne stagiaire que j'avais croisée en agence et qui a un petit blogue où elle place des BD de son quotidien. En fait, je mets en ligne des blogues de connaissances qui méritent d'être... connues. J'ai l'impression que ça ne servirait pas à grand chose que je mette le blogue de Boulet par exemple.

 Stéphane Créty, je l'ai croisé aussi sur un festival. Il a un sacré caractère. J'aime bien son style même si ses histoires ne sont pas trop ma tasse de thé. Je me souviens de lui piquant des bouteilles de Beaujolais lors d'un dîner, on s'était bien marrés ! Il a des crayonnés sublimes sur son blogue, c'est un vrai virtuose !


- Il y a aussi le blog de mon frangin Christian, très doué, qui a quelques petits albums parus chez Carabas et qui a plusieurs projets dans le four.
 J'espère qu'ils trouveront des éditeurs. 


(*rien à voir à priori avec la dessinatrice/coloriste de chez Delcourt)

- Tes derniers coups de cœur ?
- Bastien Vivès : indéniablement un des grands talents de la BD future. S'il se met à l'humour*, il va casser la baraque. Son blogue est une merveille.

Philippe Scoffoni également : un dessin époustouflant. Je l'ai rencontré il y a peu et comme Herval, c'est quelqu'un dont le talent égale la modestie. À mon avis, c'est un futur grand dessinateur.

Un grand oublié, enfin : Michel Durand. Sa série Cuervos, passée un peu inaperçue, a été une vraie baffe.


(*On conseillera à Thierry Chavant et aux lecteurs du Plan B(d) de se procurer fissa les deux tomes de Poungi la Racaille signés par un mystérieux Bastien... Chanmax. Crise de rire garantie.) 

- Bon, eh bien voilà. Qu'est ce que j'ai oublié d'autre ? Ah si : ton blogue BD préféré ?
- Bah : le tiens ! Tu m'as dis que si je ne disais pas ça, tu ne publierais pas cette interview et que tu dirais partout que mes albums sont de la merde !

- Ha ! Ha ! (ça se paiera). Tu reprends un verre ?
- Oui, je ne suis venu que pour ça ! On porte un toast à l'avenir et à la BD, hein ! Santé, Totoche !
- Santé.
Ah zut, j'ai oublié de lui demander qu'il me la dessine à poil.

(Entretien réalisé le 22 septembre 2010 et fini de torcher par mail les jours suivants. 
Tous les dessins de Blanche sont © Thierry Chavant
Un grand merci à Thierry Chavant pour tout ce temps perdu. 
Aucun auteur de BD n'a été maltraité durant cet enregistrement.
Ce billet est dédié à Oncle Louis. )
(mot-clé : interview Thierry Chavant)