vendredi 30 mai 2008

Pas de Bla bla pour Blublu



Non satisfait de réaliser ses fresques murales aux 4 coins du monde : de Bologne d'où il semble être originaire (???) à Sao Paulo, en passant par Berlin , Rome, Madrid, Belfast, Malte, Gaza, Mexico, Guatemala City, Managua, San Jose (Costa Rica)... , Blu s'est mit en tête d'animer pendant un peu plus de 7 minutes ceux de Buenos Aires, filmant image par image ses dessins (parfois gigantesques) qu'il efface au fur et à mesure que l'action se poursuit ...
Le résultat, se nomme "Muto" ("Muet" en italien).
Mais, assez blablaté, je vous laisse regarder ; c'est stupéfiant !


MUTO a wall-painted animation by BLU from blu on Vimeo.



Comme on peut le voir dans le Blu Blog, Blu s'attaque en ce moment à la Tate Modern de Londres !




Plein de superbes dessins à voir dans le carnet de Blu :





Merci à Mi.

jeudi 29 mai 2008

Terada, Rakuda ,Hiragana, Katakana, et cætera ...

Je profite lâchement que Li-An a les mains dans le cambouis pour lui piquer sans vergogne un commentaire de son blog, datant du mois de mars 2008, afin de pondre un billet sans trop me fouler, et inaugurer du même coup la rubrique "Plan Culte" avec "Rakuda Ga Warau", du japonais Katsuya Terada.



Ce superbe album broché format A4 est paru au Japon en 2003 dans la collection Wanimagazine.

Sous une superbe couverture panoramique à rabats avec impression laquée en relief, on découvre une histoire très noire (”à ne pas mettre en toutes les mains”, dirons-nous) d’une centaine de pages réparties en 9 chapitres, plus proche de la BD européenne que du manga, sur laquelle Katsuya Terada explore différents styles graphiques qui devraient ne pas déplaire aux admirateurs de Gir/Mœbius.

Ce n’est pas de la SF mais plutôt une espèce de Pulp ; le Noir et Blanc prédomine, avec notamment un chapitre contenant un admirable travail de trames. Néanmoins quelques illustrations (dont 2 posters recto-verso) sont admirablement mises en couleur …

Evidemment, le tout est en japonais : on n’y entrave que dalle ! Mais même traduit en français, je pense qu’on ne comprendrait pas plus (au fait, quelqu’un a-t-il réussi à lire jusqu’au bout le graphiquement-fabuleux “Ghost in the Shell” de Masamune Shirow ?).

Et puis ces hiraganas et katakanas sont d’une telle élégance ! Ils ajoutent un côté mystérieux, exotique et opaque à ce glauque récit.

Qu’écrire d’autre ? … Que je ne trouve pas le prix exagéré pour un livre d’une telle qualité venant de surcroît de l’autre bout de la planète. (pour info, après avoir parcouru des kilomètres dans Paris et des dizaines de sites internet, je l'ai trouvé tout simplement ... sur le site de la Fnac , et à un prix défiant toute concurrence !)

Voilà ... Evidemment, c’est ma vision personnelle de l’album : certains détesteront peut-être. En tous cas, j’espère n’avoir pas trop raconté d’âneries ni trahi le bouquin : à vos CB et bonne dégustation !

Et bon courage pour la visite du site ! : http://www.wani.com/

mardi 27 mai 2008

Est-ce que les martinets ? ...


Dans son dernier ouvrage à paraître chez Bayou/Gallimard début juin, Edmond Baudoin nous fait partager ses interrogations sur les relations entre hommes et femmes, l'Amour, l'Art, essayant de résumer tout ce que "l'arleri", ce petit moineau écervelé, a cru comprendre pendant ces années de vols chaotiques.



Certes, nous ne sommes pas tombés du nid pour apprendre que depuis leur plus jeune âge, les mecs se battent pour être le plus fort, le plus rapide en mobylette, avoir le plus gros pare-buffle, pisser le plus loin, etc. Très galamment d'ailleurs, Baudoin évite de nous rappeler que c'est quand même ça qui attire les gonzesses (à part peut-être pour le fait de pisser le plus loin) !


Mais la ballade à travers les années et les rues de Paris que nous propose cette fois-ci le poète niçois est une indéniable réussite, au même titre que les "Couma Aco" et autres "Chemin de St Jean".



C'est en variant les styles : utilisant couleur directe, photos, dessins pleine page, esquisses, et en se jouant des codes spacio-temporels du 9e Art que l'auteur nous emmène avec lui dans les méandres de ses pensées, sans qu'on ne trouve aucun temps mort tout au long de ces 100 pages.

Le mélange fait entre l'auteur et ses personnages, eux-mêmes fictifs ou bien réels, tantôt narrateurs, tantôt acteurs, femmes ou hommes, jeunes ou âgés (voire très âgés) m'a rappelé (toutes proportions gardées) les grandes heures de Manara avec "Jour de Colère" ou "H.P et Giuseppe Bergman" ("suis-je une jolie fille bien dessinée ou une laide mal dessinée ?").

Très émouvante aussi, la galerie de portraits anonymes de prisonniers et l'hommage à Laurence Harlé.



Il parait que les martinets peuvent faire l'amour en plein vol ...
Mais les arleris, comment s'envoient-ils en l'air ?



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Merci à Oslav Boum.

lundi 26 mai 2008

Merde in Japan

A tous ceux qui sont encore persuadés que "le manga, c'est caca", étant, au mieux mal dessiné, au pire d'une belgisante platitude, je recommande vivement la lecture du passionnant "Hors Série n°5" d'AnimeLand , paru en juin 2003 et qu'il est toujours possible de commander sur leur site.

Abordant comme d'habitude tant le manga sur papier que l'anime sur cellulos, ce numéro fournit notamment des trousseaux de clés pour apprécier pleinement ces récits extrêmement orientaux.
Outre les fiches consacrées aux plus grands auteurs et animes, on retiendra en particulier les chapitres consacrés aux spécificités tant graphiques que narratives, aux influences graphiques (des Mondes Flottants à Mœbius, en passant par Walt Disney, Max Fleischer, le Japonisme, Alfons Mucha et l'Art Nouveau) ainsi que le dictionnaire mythologique (vous deviendrez incollables sur les Lucioles et leur Tombeau, les parapluies de Totoro et de Ranma 1/2, les tanukis de Pompoko, Son Gokû illustré par Toriyama et Tezuka, mais également par Terada et Takahashi ou bien encore Princesse Mononoke par Miyazaki ...)




Je reconnais que c'est à la lecture de ce numéro que je fus définitivement convaincu de la richesse de nombreux mangas que je trouvais effectivement immondes quelques semaines auparavant, et que je n'avais à peine tenté d'aborder.


Le passionné de "BD franco-belge tendance Marcinelle" que je suis reconnait même avoir connu une dangereuse période japonisante dont il fut difficile de se remettre, tant son Panthéon personnel tendait à être bouleversé par l'irruption, devenue vite incontrôlée, de si nombreux titres et auteurs nippons ! Trop tard ! Bien que Buck Danny m'ait prévenu dans ma jeunesse : "Quels fourbes, ces satanées faces de citron !", la boîte de Pandore était ouverte !


Hérésie suprême, Totoche en vint même à s'interroger quant à la suprématie du manga sur la "BD" bien de chez nous et se mit alors à traverser une longue période de doute, allant jusqu'à jeter au feu une bonne partie de sa collection de Spirou, Pilote, Tintin, Pif Gadget, Trio, Pistil, (A Suivre ...), Mickey, Métal Hurlant, Télé Junior, Margouillat, Pifou Poche, Playb... (euh non, pas ceux là, je les garde pour la documentation) , etc. (j'abrège, on va pas y passer la nuit) . Force est de constater que nous fûmes bien chauffé cet hiver-là.

C'est donc dans cet état second qu'un ultime réflexe de survie me fit acheter, un soir d'orage sur une aire de service de l'Autouroute de l'Est, le tome 43 des Tuniques Bleues, " Des Bleus et du Blues", (en édition économique, pour être exact) : l'électro-choc procuré par ce summum de la bande dessinée franco-belge (à moins que ce ne fut la foudre ?) remit immédiatement sur la bonne voie le suppôt de l'anti-France que j'étais en train de devenir, qui jura mais un peu tard qu'on ne l'y reprendrai plus.
(Rassurez-vous : depuis, je me suis abonné à Bo-Doï.)




AnimeLand
a récidivé en juillet/août 2006 avec cet "HS n°10" . Malheureusement, la part faite au manga s'est considérablement réduite ...

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Un grand merci et plein de bisous à Mlle Inès (10 ans) pour ses splendides illustrations ayant permis d'étayer mes propos.

dimanche 25 mai 2008

Carton jaune ! (Allo, maman ? : bo ... bo ... bonne fête ! )



Carton jaune
à Flammarion qui, pour remercier les libraires "indépendants" de leur travail de fond effectué depuis des années pour faire connaitre et reconnaitre des auteurs "différents" , semble avoir réservé aux Fnac l'exclusivité de la sortie de "Bienvenue à Boboland", le nouvel album de Dupuy et Berbérian.


C'est du moins ce que j'ai constaté ce week-end, en ne trouvant pas cet album dans mes librairies préférées, situées à deux pas du Forum des Halles. Et, vu la foule qui s'y pressait ce samedi, on imagine le manque à gagner pour les libraires.
Je n'ai évidemment rien contre la Fnac, mais j'imagine que si cette situation inéquitable avait eu lieu il y a quelques années dans les supermarchés Leclerc, on en aurait entendu parler !
...
Et oui, les bobos ne sont plus ce qu'ils étaient ...
Bon, je vous laisse : j'ai un brunch !

samedi 24 mai 2008

La Nouvelle Sitar





Mêlant les sonorités électrisées du sitar, du tampura, de la flûte bansouri et des percussions indiennes (tabla, tambour et kanira) à ceux du violoncelle, du piano flamenco et des percussions vocales (hélas, pas de didjeridoo ce soir à la Cité de la Musique) , Anoushka Shankar (née en 1981 à Londres mais partageant sa vie entre San Diego et New Delhi) sort des râgas classiques dans lesquels elle baigne depuis sa plus tendre enfance sous la houlette de son père et mentor Ravi Shankar pour tracer sa propre voie en fusionnant musique orientale et occidentale.


Les puristes, qui n'y entendront là que de la "world-music pour bobos" pourront se consoler au mois de septembre en allant applaudir (en souhaitant que son état de santé le permette) le grand Ravi Shankar à la Salle Pleyel.

Interrogé à la sortie du concert quant à la prestation de sa fille,
Mr Shankar a confié à notre envoyé spécial : "Je suis ravi".


Anoushka Shankar et sa demi-sœur Norah Jones

Après ce passage le 22 mai à Paris XIX, le Anoushka Shankar Project donnera un second concert en France, le 7 juin 2008 au Palais des Festivités à Évian.

A écouter aussi sur son espace perso.

jeudi 22 mai 2008

L'American Way of Life de Chris Ware

Un de mes agents les plus redoutables (Mi, qu'internet amuse (private joke)) m'informe de la diffusion en ce début de mois de mai du 2e court métrage réalisé par Chris Ware et John Kuramoto pour la version TV d'un show radiophonique étasunien intitulé "This American Life" diffusé par Chicago Public Radio.
La manière de respecter le texte tout en restituant l'ambiance des bouquins de la "Acme Novelty Library" est tout simplement bluffante.




Ne partez pas tout de suite, y'en a encore ! (c'est le premier)

mardi 20 mai 2008

Génial tout Chat tout.



J'avoue avoir hésité un moment avant d'acheter ce numéro spécial de Télérama consacré au Chat de Philippe Geluck, peut-être refroidi par les derniers hors-séries consacrés à la bande dessinée par la presse généraliste, peut-être aussi tout simplement parce que l'œuvre du Dr G m'est en grande partie étrangère :
Parti avec lampe frontale et matériel de survie dans les galeries de la documentation pour les besoins de ce billet, je m'aperçus en effet avec stupeur que les différentes strates de ce qui fut jadis ma bibliothèque (aujourd'hui en partie effondrée et interdite au public) ne contenait que les 2 tomes réimprimés sur PQ par les éditions Librio ...

Le Chat du Radin ... (facile)



Quand Philippe Geluck fait concurrence à Gilles Rochier ...


Une escapade en 2004 à Bruxelles m'avait pourtant convaincu (si cela était nécessaire) du génie de Geluck grâce à la délirante exposition "Le Chat s'expose" qui avait eu lieu à l'Autoworld.


C'est à se demander combien de vie a ce type pour réussir dans tous les domaines qu'il aborde, que ce soit le dessin d'humour et la bande dessinée, le théâtre, la radio ou bien encore la télévision : sa palette créative parait infinie ...
Non, je crois que c'est tout bêtement le format des éditions originales qui m'avait déplu et tenu à l'écart de cette série, lacune qui devrait pouvoir être prochainement comblée du fait de la réédition en petit format de la collection par Casterman.




"Au fond, quand on y pense, un type qui doit être vachement frustré,
c'est le type qui a réalisé le plancher de la chapelle Sixtine ..."
Le Chat


Finalement, les 100 pages de ce magazine se laissent agréablement lire : les analyses de Pierre Stercx, Alain Rey, Thierry Groensteen, entre autres, ne sont ni trop prises de tête, ni trop nunuches.


J'ai particulièrement apprécié la dizaine de pages que Geluck consacre aux dessinateurs de son Panthéon personnel dans lequel on retrouve sans surprise des cartoonistes renommés comme Chas Addams, Bosc, Chaval, Folon, Gébé, Sempé, Siné, Tomi Ungerer mais également d'autres noms auquel je m'attendais moins, soit en raison de leur approche différente de l'humour comme Hergé, Reiser, Saul Steinberg, soit parce que tellement évidents comme Gary Larson : le Chat a peut-être la grosse tête, mais pas son créateur ...


Le jeu du Chat et de la Petite Souris

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2 modèles de Vaillantes restées à l'état de projet,
que l'on peut admirer à l'Autoworld.

lundi 19 mai 2008

Car c'est de l'ombre que viendra la lumière ...

Vous avez jusqu'au 21 septembre 2008 pour vous organiser un petit week-end tranquille dans la Manche et profiter soit de la pluie, soit du soleil pour trainer les vôtres dans la pénombre des salles d'expositions du musée Thomas Henry à Cherbourg-Octeville.

Jusque-là réputé pour sa collection d'œuvres de Jean-François Millet, le musée ose courageusement, grâce à Véronique Liévin et Dominique Paysant, les commissaires d'exposition, ouvrir ses portes tous les 2 ans à un grand artiste plus connu des amateurs de 9e Art que vous êtes, bande de petits sacripants.
Après Enki Bilal, François Schuiten et André Juillard, c'est donc au tour de Jacques de Loustal de s'y coller.



Un excellent travail d'éclairage permet de valoriser le traitement de la lumière et de l'ombre par le dessinateur des mythiques "Barney et la Note Bleue" et autres "Jolie Mer de Chine" :
On est tout d'abord frappé par les "estampes numériques" des studios Franck Bordas dont le grand format (dépassant les 2 mètres) vous immerge au cœur des images issues du portfolio "Nord" édité par Alain Beaulet et que l'on prendrait pour des originaux si ceux-ci n'étaient exposés juste en regard.




Une deuxième salle nous fait découvrir une douzaine de fusains réalisés en résidence d'artiste à Cherbourg, magnifiant les forts de Vauban "customisés par les allemands" (dixit l'auteur), l'espèce de ponton bouffé par la rouille , ainsi que l'épave fantôme échouée dans la rade ...
Le Maître nous révèle dans une petite vidéo son outil secret, absolument indispensable pour réussir un beau fusain : l'annuaire des Pages Jaunes de Paris, savamment calé sous le coude !
(Dans le rubrique "Le saviez-vous ?" on rappellera que le véritable outil fétiche de Loustal, également utilisé par Dupuy-Berbérian, est le stylo-pinceau japonais, permettant de faire des gros trais bien gras, aux bords nets d'un côté et baveux de l'autre.)







Plus que les photo-montages (réalisés à la main, sans Photoshop, s'il vous plait madame !) à admirer, avant que le "bédéphile" ne se retrouve en terrain connu avec une centaine d'originaux et une dizaine de sérigraphies exposées dans les deux dernières salles.



Ouf ! Après tant de culture, on a bien mérité une moule-frite et un baron de bière ! C'est fatiguant ces ponts du mois de mai !


A voir aussi : 4 reportages sur l'expo Clair obscur sur 5050 TV

...

Quant au prochain invité de la biennale, le secret est farouchement gardé ...
Maiiiis en discutant avec un vieux loup de mer rencontré à la réserve ornithologique de l'île de Tatihou, je me suis fait ma petite idée ...
Et comme vous avez eu la gentillesse de lire jusque-là, je vous cache un indice dans le billet :-)

Vos gueules, les mouettes !



dimanche 18 mai 2008

Little Orphan Annie Fanny

Will Elder restera désormais de marbre devant les charmes de ses pin-ups, puisqu'il vient de casser sa pipe à l'âge de 86 ans.


Avec son complice Harvey Kurtzman, il forme donc désormais officiellement la plus grosse paire de saints jamais enregistrée au Paradis (Lolo Ferrari ayant été contrôlée positive à la silicone).
L'occasion pour nous de (re-) découvrir les "énormes" pages de "Little Annie Fanny" parues avant l'invention du "politically correct" dans les pages du Playboy d'Hugh Hefner.

Et à l'heure ou Soleil se sent obligé de sortir une version boostée à coup de lunettes 3D de la superbe série "Sky Doll", on appréciera d'autant plus les rondeurs (sur- ?) naturelles de la pauvre petite Annie Fanny, dues au talent de Will Elder et de Harvey Kurtzman, mais aussi de Jack Davis, Frank Frazetta, Al Jaffee, Russ Heath, Paul Cocker Jr, Arnold Roth, Larry Siegel et Price. (Pour la petite histoire, on notera que Robert Crumb et Gilbert Shelton ont chacun dessiné une page du "East Village Mother" dans l'épisode du 4 juillet 1970.)


Annie Fanny essaye le corsage de Natacha.

Merci Mr Elder, non content de nous avoir fourni un prétexte pour lire Playboy, vous me donnez l'occasion d'inaugurer la nouvelle rubrique "Spécial Gros Seins" (titre provisoire) tant demandée par les plus ultras des tifosi du blog (j'ai les noms des meneurs ...).

Sans les mains.


Druuna peut aller se rhabiller.




So long, Willy comme ils disent dans Jerry Spring ...

l'hommage de Pétillon dans Le Canard enchaîné