samedi 27 février 2010

Et moaï, et moaï, et moaï

Rapa Nui est un confetti de terre posé en plein Pacifique, à peu près à mi-chemin entre le Chili, dont l'île dépend politiquement et économiquement, et Tahiti, un peu plus à l'ouest (4000 bornes, tout de même).
En 1862, les ancêtres des insulaires furent déportés en masse par les Péruviens qui les réduisirent en esclavage afin d'exploiter leurs gisements de guano. C'est ainsi que mourut le dernier roi. Les maladies rapportées dans l'île par les rares survivants achevèrent de détruire cette ancienne civilisation.


Aujourd'hui, la population de l'Île de Pâques (car c'était bien elle) est pacifique et largement métissée. Les jeunes se défient en surf dans la baie d'Hanga Roa et sont fiers d'aller à cheval plutôt qu'en 4x4, au prix de toutes façons inabordable. Ils regardent la mer comme tu regardes un puits et s'il n'y a pas d'hiver, cela n'est pas l'été.


Pourtant, le 24 octobre 2009, les Pascuans se prononçaient par référendum à plus de 96 % en faveur d'une réforme de la constitution visant à limiter l'immigration sur leur territoire ; un comble quand on sait qu'au début du XXe siècle encore, une loi leur interdisait l'émigration !


Le but officiel de la manœuvre est d'éviter que l'île aux moaïs, de seulement 162 km2 (soit un triangle de 23 km de base), peuplée d'à peine 5000 habitants mais visitée par dix fois plus de touristes chaque année, ne se transforme petit à petit en Disney-village. Les insulaires n'ont pas oublié qu'une grande partie de leur île avait déjà servi au XIXe de pâturage aux moutons anglais ! On peut donc comprendre qu'il n'ait pas envie de se la faire de nouveau confisquer, que ce soit par les touristes (manne financière néanmoins nécessaire), par les promoteurs immobiliers ou par les nouveaux riches Chiliens !

"Soñando Rapa Nui"

Quoi qu'on en pense, un an avant cette votation, les enseignants de l'école d'Hanga Roa décidaient d'organiser un sympathique "petit débat sur l'identité insulaire" en invitant leurs élèves à peindre l'île de leurs rêves.
On pourrait aussi rêver que nos dirigeants à nous s'inspirent de cette méthode, s'ils tiennent absolument à débattre d'"identité nationale" ! Mais bon, je ne crois pas qu'ils soient assez ouverts d'esprit, ni qu'ils lisent le blogue...

Voici donc, en vrac, tous les dessins (je n'ai pas su faire un choix) que j'ai pu ramener de mon court séjour à Rapa Nui. Bonne visite.





















"(...) la vieille civilisation de l'Île de Pâques est morte entre 1862 et 1870. Depuis cette date, elle n'attendait plus qu'un devoir d'humanité : que la personne et la dignité des descendants des hommes qui ont taillé les grandes statues fussent respectées par les maîtres de l'Île."
Alfred Métreaux, l'Île de Pâques, Gallimard, 1941


Merci à Carlos Ignacio (6 ans ?), Rafale (13 ans), Javier (13 ans), Toki Ariki (12 ans), Alexis (12 ans), Isidora (12 ans), Guillermo (11 ans), Kiva Haoa (5 ans), Fernanda (5 ans), Pua Hine (5 ans), Hinariru (5 à 8 ans), Otouti (14 ans), Orion (13 ans), Celine (13 ans), Jorge (15 ans), Pablo (13 ans), Diego (13 ans), Carolina (13 ans), Sebastian (15 ans), Ka'anny (13 ans), Abraham (11 ans), Emilia (13 ans) et Macarena (14 ans) pour leurs magnifiques dessins.