Mr López n'a pas été gâté par ses auteurs : effacé, peureux, maladroit, timide, obsédé et donc frustré, physiquement assez disgracieux (il est petit, ventripotent, présente un début de calvitie ; sa petite moustache et ses grandes lunettes ne le mettent pas particulièrement en valeur) et on devine que son sempiternel costume doit embaumer la transpiration et la friture de la cantine. Cet obscur et médiocre employé de bureau est tyrannisé par son patron, doit se battre contre ses requins de collègues et est bien évidemment transparent aux yeux de Leticia, la jolie secrétaire. On espère ne jamais être invité chez les rares connaissances de ce raté, qui est, pour finir, marié à une horrible et énorme mégère qui finit de lui pourrir ses journées en l'humiliant à son retour du travail jusque dans le lit conjugal... Ah si ! Il est également assez malchanceux, comme en témoigne l'hilarant épisode où le poste de télévision tombe en panne juste le soir où son horrible bonne femme a fort envie d'un gros câlin !
Car dès qu'il a franchi la porte des toilettes, le pathétique Mr López se réfugie en effet dans d'autres mondes imaginaires, passés, futurs ou parallèles, fantastiques ou de S.F, oniriques ou érotiques, rappelant graphiquement par moment ceux créés par Mœbius ou Alberto Breccia. Mais ces rêveries ne permettent à ce trouillard de fuir que temporairement ses problèmes, sans les régler, puisqu'il finit toujours pas revenir d'où il vient au bout des cinq pages qui constituent chacun des épisodes.
D'ailleurs, contrairement à Little Nemo dont les songes lui permettent de s'épanouir dans de fantastiques aventures au pays de Slumberland, le pauvre, pauvre, pauvre Mr López (à côté, Lampil aurait l'air d'un jeune premier sexy et enjoué...) demeure, malheureusement pour lui, pratiquement aussi médiocre (même s'il s'y montre quelque fois plus sensible et humain) dans ses rêves que dans la réalité. C'est son imagination fertile qui nous le rend finalement sympathique.
D'ailleurs, contrairement à Little Nemo dont les songes lui permettent de s'épanouir dans de fantastiques aventures au pays de Slumberland, le pauvre, pauvre, pauvre Mr López (à côté, Lampil aurait l'air d'un jeune premier sexy et enjoué...) demeure, malheureusement pour lui, pratiquement aussi médiocre (même s'il s'y montre quelque fois plus sensible et humain) dans ses rêves que dans la réalité. C'est son imagination fertile qui nous le rend finalement sympathique.
On imagine qu'elle devait être un véritable oasis de liberté pour les lecteurs argentins à cette période où la censure étouffait toute création artistique.
"Las Puertitas del Sr. López", qui ont bénéficié en 1988 d'une adaptation cinématographique récompensée au festival Chaplin de Vevey (Suisse), n'ont, à ma connaissance, jamais bénéficié d'une traduction en français... (Pas assez de filles à p... ?)
Pour ne pas risquer la saturation à la lecture de ses rêveries répétées et afin de les savourer pleinement, il convient néanmoins, si vous tombez un jour sur un de ses recueils, de les lire à petites doses, en les piochant selon votre humeur, confortablement assis en un lieu paisible, silencieux, où personne ne viendra perturber votre lecture... Vous voyez ce que je veux dire !
Pour ne pas risquer la saturation à la lecture de ses rêveries répétées et afin de les savourer pleinement, il convient néanmoins, si vous tombez un jour sur un de ses recueils, de les lire à petites doses, en les piochant selon votre humeur, confortablement assis en un lieu paisible, silencieux, où personne ne viendra perturber votre lecture... Vous voyez ce que je veux dire !
16 commentaires:
J'aime bien ces univers onirique, à la limite de l'absurde, en particulier l'extrait ou les gens font la queue :)
Oui, c'est une des plus absurdes, peut-être ma préférée également.
Et pourtant, il n'y a pas de chicas dévêtues, n'en déplaise aux mauvaises langues !
Typiquement un concept défoulatoire :-)
J'ignore pour quelle raison, vu le peu de rapport, ça me fait penser au vagabond des limbes de Ribera et Godard. Sympa en tout cas. Jamais vu avant. Merci Monsieur Totoche pour le coup d'oeil. (Passé de bonnes vacances? ;-))
Jamais lu le Vagabond des Limbes, je n'arrive pas à accrocher avec le trait de Ribera... Peut-être un jour, avec l'âge ;-)
Quelle bonne idée de parler d'Altuna qui me semble un peu mésestimé. Mais toi tu ne fais pas dans la demi-mesure, en analysant directement l'album en espagnol !
Tu parles combien de langues ?
Note que j'avais l'idée de parler une fois de "Loco Chavez", belle série parue en comic strip dans un journal argentin, puis traduite pendant les années 80 en français dans l'album "Grand Reporter". Tu as ainsi devancé devancé mon "scoop" ;-)
Ca doit être la fille alanguie sur le lit et vêtue au minimum syndical, un thème qui revient souvent dans le Vagabond des Limbes... série bizarroïde que j'ai toujours adorée d'ailleurs.
Raymond > J'avais également prévu de parler de l'excellent Loco Chavez prochainement ! (Mon faible niveau en espagnol me rend sa lecture plus difficile (les dialogues des "Puertitas" sont assez brefs et de nombreuses séquences sont muettes, permettant à Altuna de "s'éclater") Finalement, c'est toi qui évente mon projet ! :-)))
Mann > Il y a des filles dévêtues dans "Le vagabond des limbes" ??? Mais pourquoi personne ne m'a prévenu avant ?
Si moi tomber, moi m'en remettre à Dr Totoche.
En fait, il y en a une seule, c'est toujours la même (la fille/fils du prince des Eternautes)
Mais dis moi, Mann ... Muskie a un tout petit bonnet !?! Ça m'étonne que Boyington lise cette série !
Hobopok li y'en a bon boula matari.
Moi y'en a corriger.
Présentement.
Bon, alors d'abord ce n'est pas la taille du bonnet qui fait la valeur de la meuf, et deuxio, le vagabond des limbes c'est comme les épinards, tant que t'y a pas goûté t'aimes pas... (tertio, qui a dit que j'étais obsédé par la (les) chose(s)?
Allah bonheur.
J'aime beaucoup Horacio Altuna, en particulier en noir et blanc. Il a aussi un grand talent pour représenter la jungle urbaine comme dans Fictionnaire (publié en partie en France dans Ere comprimée) qui est pour moi son meilleur "boulot".
Pour ceux que ça intéresse et qui passeraient dans le Quartier Latin, on trouve ces recueils "Ère Comprimée" (mais aussi "Fantastik" et "Thriller" des éditions Campus au prix ridicule de 1 € chez Aaaapoum Bapoum.
Il y a pas mal de déchet mais aussi de vraies pépites à découvrir à l'intérieur (Altuna, Bernet, Max, Ortiz, Fernandez, Prado, J. Gimenez, Thorne, Matena, etc.).
Je suppose qu'on doit trouver ça chez d'autres bouquinistes.
Je viens de ranger ma biblio et de sortir mes vieux "Ère comprimée", ça faisait une paye que je cherchais le nom de l'auteur de fictionnaire, car si il y a un album que j'aimerai bien avoir c'est celui là, mais il existe pas. J'ai que 5 histoires de lui, mais qu'est-ce que c'est bien. Un sacré visionnaire bien en avance sur son temps (mais la dictature ça aide).
Un sacré coup de crayon et une atmosphère de glauquitude, des déatails qui fourmillent dans chaque cases, une maitrise du noir et blanc. Faut l'éditer ce "Fictionnaire" !!!
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