samedi 28 juin 2008

Les Filles du Presing

A l'occasion de la sortie en salle le 30 juillet de "Wall.E", le dernier-né de la famille Pixar, la galerie Arludik, située dans l'île Saint Louis, a eu la bonne idée d'exposer quatre des jeunes talents les plus doués des studios d'Emeryville, Californie : vous pourrez donc y découvrir jusqu'au 23 août des illustrations personnelles de Bill Presing, Enrico Casarosa, Jennifer Chang ainsi que de Scott Morse, qui ont également œuvré auparavant sur "Les Indestructibles" et "Ratatouille".

Jeu : compte-tenu du nombre de filles dévêtues au centimètre carré,
calculez la plus -value qu'aurait effectuée Bill Presing
s'il avait vendu cette planche à la galerie Frédéric Bosser.


A l'occasion du vernissage, Bill Presing était de passage à Paris ce 24 juin afin de présenter son deuxième sketchbook auto-édité qui était ... malheureusement resté coincé à l'imprimerie ! Il aura au moins une bonne excuse pour revenir faire un peu de tourisme chez les mangeurs de grenouilles !

Coming soon ...

C'est en voyant peindre sa maman et en se demandant pourquoi elle n'était pas célèbre que le petit Bill, originaire du New-Jersey, décide qu'il sera un jour un artiste reconnu !
Adolescent, il s'oriente donc vers la carrière d'auteur de comics et rentre à la Joe Kubert Scholl of Cartoon and Graphic d'où il sortira diplômé en 1996.


Cette période ne s'avérant pas particulièrement favorable aux comics, il se tourne alors vers le monde de l'animation en tentant sa chance dans différentes boîtes de production new-yorkaises.
Il se fait vite repérer par ses talents d'encreur, ce qui lui permet d'aborder différentes tâches comme le character design, le storyboard (déjà pour des séries-live de chez Disney, puis plus tard pour des séries animées comme "Sheep in the City" ou "The Venture Bros"), ainsi que la supervision ou la réalisation de décors.
Il crée également, pour le ouaibe, la série d'animation Flash "Gotham Girls" (un spin-off de Batman), avec les personnages Ivy et Harley (sur lesquels ont également travaillé Shane Glines et Bruce Timm).

10 pages de "Rex Steele" à lire en ligne ici.

Il trouve tout de même le temps de créer avec son ami Matt Peters les aventures de "Rex Steele, nazi smasher" dont 3 volumes seront édités par les New-Yorkais de chez Monkey Comics, et qui lui vaudra une nomination aux Ignatz awards en 2000.
Ces aventures ont été compilées chez nous en 2007 par
Akiléos en un solide et dispendieux album cartonné.


Pour faire plaisir à Hobopok (les autres peuvent sauter directement au paragraphe suivant, juste après Rocketeer***** ===> ), je vais me mouiller un peu en écrivant que cette énième parodie du "super-héros patriote étasunien pourfendeur de nazis", lointain descendant de Spy Smasher créé par Bill Parker et C.C Beck pour DC Comics en 1940, ne m'a pas tout à fait convaincu : certaines scènes, comme la rencontre avec les Amazones ou le combat aérien contre le Baron Rouge et son triplan-fantôme, sont certes très réussies du point de vue graphique, mais ces courtes histoires aux trop rares gags manquent un peu de punch et ne permettent ni le développement d'un véritable scénario, ni l'attachement aux personnages qui restent trop superficiels.

L'agrandissement au format 31 x 22 cm me parait inopportun : certaines planches, bien que correctement dessinées, paraissant presque vides, avec 3 ou 4 cases seulement ... Et ce n'est pas la brièveté ni l'insipidité des textes qui allongeront le temps de lecture ...
On regrette également l'absence de couleurs directes auxquelles Presing (dont le dessin a par ailleurs évolué depuis ces -presque- dix années) nous avait habitué avec ses pin-up.
Enfin et surtout, je dois dire que j'ai été agacé par la profusion des svastikas (on en compte plus de 75 sur la page de garde !!!) dont le dessinateur prend un malin plaisir à parsemer ses pages.


Certains classent Rex Steele entre Tom Strong* et Captain America, mais on pourrait également le comparer au très beau "Rocketeer" **de Dave Stevens, ou bien encore à l'excellent "Danger Girl"*** de J. Scott Campbell et Andy Hartnell.

*

**

***

===> (***** Si vous ne vous appelez pas Hobopok, c'est ici pour reprendre la lecture)

Rex Steele sera à son tour adapté en dessin animé par un étudiant en animation, Alex Woo, pour son film de thèse et afin de servir de pilote à une éventuelle série ...


Il semblerait néanmoins que le projet n'ait pas abouti. Les séries mettant en scène des nazis, aussi ridicules et/ou sexy fussent-ils, ne font apparemment plus rire les producteurs (et c'est peut-être heureux ... ?). On n'est plus à l'époque de "Hogan's heroes" (Stalag 13 ou Papa Schultz en français) !

Plusieurs séquences du film ont été réalisées en images de synthèses.

Fatigué de travailler pour la télévision, il frappe alors à la porte de Pixar qui l'embauche aussitôt pour travailler sur "Ratatouille" ainsi que sur le court métrage "Mr Indestructible et ses copains". Il y est actuellement Art director.

Pour moi, son trait rondouillard, très "cartoon", le rapproche plus de la bande dessinée franco-belge que du comics US, peut-être aussi parce que Morris ou surtout Uderzo se sont inspirés, à leurs débuts, des dessins animés américains qu'ils avaient vus enfants ?
Mais même s'il reconnait avoir lu tardivement Astérix ou Tintin, Bill Presing ne se reconnait bien évidemment aucune influence franco-belge !
Je suis néanmoins tombé des nues lorsque j'ai découvert dans un entretien (dont je me suis largement inspiré pour sa biographie) que ses dessinateurs préférés étaient, à côté de Mike Mignola, Ronnie Del Carmen ou Akira Toriyama, tenez-vous bien ... : Jordi Bernet, Denis Bodart, Didier Conrad, Kerascoët, Henk Kuijpers et Joann Sfar !!!
Rien que pour ça, Bill Presing méritait ce billet !

Le premier sketchbook auto-édité par Bill Presing,
que l'on peut commander sur Daily Peril.



Bill Presing n'est peut-être pas tout à fait perdu pour la bande dessinée : il reste très discret sur son nouveau projet, une histoire de science-fiction, qu'il aimerait réaliser en couleurs directes (aquarelle et encre) ...


Many thanks to Bill who let me have a look at his beautiful "Book Plate Betties"' artwork !

15 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est typiquement le genre de jeune surdoué qui m'intéresse autant qu'un robinet chromé, mais comme c'est surtout un "designer", je comprends pourquoi il me laisse froid. Des quatre exposants d'Arludik c'est apparemment le moins créatif et original, ceci dit je ne connais pas plus l'un que les autres donc il se peut que je dise des énormités. N'empêche, il y a un truc qui me sidère, c'est qu'on puisse faire des histoires légères avec le nazisme. Rien que ça et il perd à mes yeux le reste d'intérêt qu'il pouvait avoir. Espérons qu'il se rattrapera avec son histoire de sf. Tiens nous au courant, car il a tout de même un "coup de patte" indéniable (surtout pour les pin-up ;-).

Hobopok a dit…

Aaaah, voilà une chronique qui sent bon la sueur avec des aisselles qui collent à la chemise !

Si c'est pour aller voir une expo de dessins de filles à poil, nul doute qu'on devrait pouvoir trouver des volontaires prêts à se sacrifier pour la cause de l'art.

Et si on peut pas rigoler du nazisme, il va falloir prévenir Chaplin et Lubitsch. Ah, merde, non, c'est trop tard.

Anonyme a dit…

Hobopok,
sauf que ces deux films ont été réalisés avant(ou pendant) la guerre, c'est une nuance de taille !
Et puis il n'est pas interdit de rire sur des sujets graves, mais pas n'importe comment surtout quand il y a médiatisation ; la banalisation n'est jamais loin.
Je n'ai pas lu ces bd, mais trop souvent (en bd, ou en ciné...), le nazi fait office de méchant d'opérette, je n'y peux rien ça me gène.

Totoche Tannenen a dit…

Que dire de chefs d'œuvre comme "La Grande vadrouille" ou "La 7e compagnie" ?

Il n'y a aucun doute que le "record" du nombre de visiteurs pervers dérangés égarés sur le billet du 9 juin consacré à l'expo des planches de Dumontheuil à la galerie Frédéric Bosser après avoir Googlisé "filles à poil" quand ce n'est pas "petites filles à poil" (merci Google analytics !) aurait pu être explosé si j'avais intitulé le billet "Pin-up en uniforme SS" , par exemple ...

Totoche Tannenen a dit…

... La prochaine fois que je croise Max Mosley à une soirée, je lui demande ce qu'il en pense.

Hobopok a dit…

Max Mosley, le prince Harry, Mel Brooks, il y a foison de spécialistes de la spécialité...

Li-An a dit…

Et Indiana Jones alors ?
D'un point de vue US, il y a tout un pan de la culture populaire associé à la lutte contre les vilains nazis. On peut difficilement reprocher à des auteurs d'avoir envie de jouer là-dessus (je rappelle que Mignola lui-même joue à fond ce côté uniformes/croix gammées).
Je suis d'accord pour dire que les comics en grand format est d'une bêtise rare (en fait pas si rare que ça).
Dans la liste de noms donnés dans l'interview, sauras-tu reconnaître l'intrus ?

Totoche Tannenen a dit…

:-))) : J'ai en tous cas mon intrus à moi dans cette liste, je ne sais pas si c'est le même que toi !

J'ai hésité à citer Indy pour ne pas trop m'éloigner de la BD, et n'ayant pas lu l'adaptation de Moliterni et Alessandrini.

Ce n'est pas la lutte contre les Nazis qui me gêne, mais bien l'utilisation A OUTRANCE du svastika et donc sa banalisation, que des petits cons vont ensuite taguer sur les murs et les tombes : un svastika, ça va, trois svastika, bonjour les dégats ... !

Scott Campbell qui, à mon avis, l'a bien compris et est plus imaginatif, a par exemple créé un nouvel insigne dans Danger Girl !

Hobopok a dit…

J'oubliais l'inoubliable Jacques Villeret de Papy fait de la résistance : "Che n'ai pas chanché..."

Totoche Tannenen a dit…

Ach !
Désolé Hobopok ! : Je relance d'un "Hitler = SS" avec Vuillemin et Gourio. (Je précise aux âmes sensibles que je ne le possède pas ni ne l'ai lu ...)

Anonyme a dit…

Enfin des zincs. Merci Totoche. Chez Li-An point n'en vois poindre hélas. Bon, pas mal le P51D et le Fokker de la première planche. Par contre, après il peut faire une boum dans sa bulle tellement y a de l'espace! Là ça me gêne un peu. Comme le môche capotage du F4U de l'anim. Bon, c'est stylisé, certes, mais quand on touche trop aux machines c'est leur enlever leur personnalité inhérente et leur beauté, et ça m'gratouille. Y a des warbirds tellement bien saisis par des gars comme Hugault ou Loutte, par exemple, que j'accroche plus assez quand ça manque un peu d'efforts...
(C'était un commentaire sans intérêt autre que pour Pappy)

Totoche Tannenen a dit…

J'essaie de fidéliser la clientèle, Papy ! :-))
Gamin, j'étais passionné de modelisme, et je me souviens avoir fait la maquette du Mustang P51 D (une en plastique, l'autre en balsa qui volait, et surtout s'écrasait très bien lors de son vol inaugural : -))) , ce qui explique certainement pourquoi je suis passé à un autre hobby !)
Je n'étais pas aussi patient que les "Casseurs de Bois" d'Arthur Piroton !
Aujourd'hui, ce sont plutôt les Zeppelin, comme ceux du Capitaine Marchal par exemple, qui auraient tendance à me faire rêver ...

Mathieu Reynès a dit…

Sympa ce petit tour autour de la belle planète Presing. Et je suis d'accord que la version agrandie de Rex Steele était une très mauvaise idée... mais ça permet de faire un livre très cher !

Totoche Tannenen a dit…

Honoré par ton passage (à peine suggéré) in ze machin, Mathieu :-)
J'espère que tu vas en profiter pour proposer à la jeune (et jolie) galeriste (dont le portrait ne ferait pas tâche sur ton blog) de faire une exposition de tes dessins !

J'espère aussi que tu ne m'en veux pas d'avoir piqué ta Seccotine pour illustrer le billet du 15/04 ...

Totoche Tannenen a dit…

À lire dans le n°7 de Case Mate de l'ami Oslav Boum, à l'occasion de la sortie de Wall-E des studios Pixar : une interview de Bill Presing, Ronnie Del Carmen et Daisuke Tsutsumi (rien que ça !) par Diane Launier.