dimanche 21 juin 2009

Calder : la Ligne Claire en 3D

Joséphine Baker

Jusqu'à cette visite au Centre Pompidou le mois dernier, je ne connaissais d'Alexander Calder (1898-1976) que les fameuses sculptures abstraites pour lesquelles il est universellement connu. Je n'avais même jusqu'alors aperçu sa bobine que dans les aventures d'Odilon Verjus, ce qui m'avait néanmoins permis d'apprendre que l'artiste étasunien avait, à la fin des années folles, vécu à Paris où il avait rencontré Joséphine Baker.

"Adolf",
("Les Exploits d'Odilon Verjus - T.3"),
Laurent Verron/Yann,
Le Lombard, 1999

J'ignorais par contre que cet ingénieur de formation qui, avant de traverser l'Atlantique, fabriquait déjà des jouets faits de bric et de broc et préférait bricoler ses propres ustensiles (grille-pain, passoire...) plutôt que de les acheter, avait auparavant exercé ses talents comme caricaturiste et dessinateur animalier dans les journaux étasuniens. En 1926, il avait même rédigé un "manuel" illustré, insistant sur la difficile nécessité d'arriver à retranscrire toute la dynamique du mouvement dans une image fixe, par définition immobile et en "2D".

"Animal sketching",
Alexander Calder,
Dilecta, 2009 (fac-similé de l'édition de 1926)


"Kiki de Montparnasse"
Catel / José-Louis Bocquet,
Casterman, 2007

C'est donc assez logiquement, qu'arrivé à Montmartre, il se mit à créer des sculptures à base de fil de fer, tout d'abord animalières, de plus en plus élaborées jusqu'à la réalisation de son fameux Cirque, (qui n'a rien à envier à ceux de Mafate ou de Gavarnie) avant de se lancer dans la réalisation de portraits de personnalités de l'époque comme Fernand Léger, Man Ray, Joan Miró, Joséphine Baker ou encore Kiki de Montparnasse, ce qui lui vaudra le surnom de "Daumier du fil de fer" avant qu'il ne passe à l'abstraction.



Je ne peux malheureusement, faute de documents personnels, que montrer ici quelques images piteusement fauchées sur la toile* (il faut décidément que je me décide à acheter un photophone) pour vous donner envie d'aller voir cette formidable exposition, et c'est un amateur de dessin et non de sculpture et encore moins d'art abstrait (mais les "habitués" l'avaient déjà compris) qui l'écrit !


Miró

Kiki

Léger

Il faut aller tourner autour de ces merveilleux "dessins en trois dimensions" pour en apprécier tout leur saveur. Il faut aller les voir s'animer lentement, tourner avec grâce autour du fin câble qui les maintient suspendus en l'air. Il faut aller les voir prendre vie grâce à leur ombre changeante portée sur les parois des salles d'exposition.
La caricature est déjà un art difficile, mais présentement elle est en trois, et même en quatre dimensions, puisque la perception qu'on en a évolue au fil du temps.
Je dirais même plus, ces célébrités ainsi "immortalisées" me sont effectivement apparues comme toujours vivantes.
C'est dire l'immense talent d'Alexander Calder.

En piste :



(* les plus curieux pourront trouver d'autres exemples, notamment sur le site de la Fondation Calder)

3 commentaires:

Li-An a dit…

Il faut vraiment que je passe à Paris. Cette année à été "sans".

Raymond a dit…

Passionnant. Merci de pallier aux manques de notre culture. Il va falloir que je passe à Paris, et que je relise Kiki de Montparnasse ...

Boyington a dit…

"Aaaaa, doub doub doub"
Ayant vu il y a quelque temps ce travail étonnant de Calder que j'ignorais également, honte sur moi, je confirme ce que dit Totoche: expo à ne pas manquer.
"Aaaaa, doub doub doub