mercredi 13 janvier 2010

Pervers Pépère

Blessure d'Amour-Propre par Martin Veyron (Dargaud, 2009)

L'auteur maudit poursuivi jusque dans sa tour d'ivoire ?

Quelle peut être la vie d'un auteur de BD bientôt sexagénaire (si, si), ayant connu son heure de gloire il y a déjà un quart de siècle grâce à un best-seller (L'Amour Propre (ne le reste jamais très longtemps)) adapté au cinéma*, dont le succès fut tel qu'il devait, à son grand désarroi, occulter le reste de son œuvre ?

(image empruntée à Elouarn)

Un auteur, jadis sacré à Angoulême**, peut-il résister à la pression conjuguée de ce "public qui n'a rien compris", ne jurant que par la loi des séries et accessoirement avide de scènes de cul d'une part, et de celle de son éditeur (qui au contraire a tout bien compris, lui) de l'autre ?

Le vrai-faux Martin Veyron, rêvant de jardins secrets et plutôt occupé à régler ses problèmes de plomberie arrivera t-il à assumer longtemps sa vraie-fausse réputation de pornographe chic (le "spécialiste du point G", c'est lui) née de l'ambigüité entretenue par l'auteur avec ses personnages ?


Les réponses à toutes ces questions pourraient bien se trouver dans le dernier ouvrage en date, superbement dessiné et aux réparties cinglantes, du -cette fois-ci- vrai Martin Veyron : l'excellent Blessure d'Amour-Propre.

Eh oui, je découvre -sur le tard, moi aussi- comme un con de lecteur qui n'aurait jamais lu que L'Amour Propre (ne le reste jamais très longtemps), que Martin Veyron est un as du pinceau, dirigeant de main de maître le jeu de ses acteurs dessinés.

Et si Blessure d'Amour-Propre a parfois pu me faire penser aux Wolinski, (Elles ne pensent qu'à ça...), cette espèce de course-poursuite sexuelle (oui, oui, rassurez-vous, il y a de bonnes vieilles scènes de cul) m'a en revanche réellement fait rire (ce n'est évidemment que mon opinion, mais je la partage néanmoins).
Quant aux affres du créateur, elles devraient ravir les amateurs d'introspections chères à Woody Allen : non seulement l'auto-dérision a rarement atteint un tel sommet en Bandes Dessinées, mais, cerise sur le gâteau, dans Blessures d'Amour-Propre, le lecteur est également invité à s'égratigner lui-même !

Martin Veyron (le personnage) :
un croisement entre Mr Jean et Gros Dégueulasse ?

Bien entendu, vous aurez compris que Blessure d'Amour-Propre (qui aurait mérité de figurer dans mon Top 10-2009 si je l'avais lu plus tôt), n'est pas un " vulgaire tome 2", et il n'est nullement nécessaire d'avoir lu le premier t... je veux dire L'Amour Propre (ne le reste jamais très longtemps) pour déguster cette histoire, lue et approuvée par Mme Totoche (qui a, comme vous le savez désormais tous, toujours bon goût...).

Bon, je vous laisse, il faut que j'aille pisser.

J'avais juste demandé (comme tous les gros cons de lecteurs de séries)
à Martin Veyron - à côté de qui Mme Totoche avait décidé
de s'asseoir pour faire une pause (il les aimante, je vous dis !)
de me dessiner une belle gonzesse...
Une manière fort classieuse de la part de ce dandy
de me faire remarquer que je n'étais qu'un gros con tout court...

(Pour joindre Martin Veyron au téléphone, c'est ici)

(*réalisé par lui-même en 1985)
(**Grand Prix en 2001)

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Bonus Bonnet D : bref extrait de L'Amour Propre... chopé sur Dailymotion :

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