La Place du Québec à Paris,
vue par Michel Rabagliati
vue par Michel Rabagliati
Je ne sais pas si l'éruption du volcan Eyjafjölltrüc permettra à Michel Rabagliati de prolonger présentement sa tournée en France, voire en Europe (ses albums sont après tout traduits en allemand, anglais, espagnol et italien), mais en attendant que leur avion re-décolle un jour, les voyageurs bloqués à Paris vont quant à eux avoir le temps d'aller à la rencontre de Paul, l'alter ego dessiné de l'auteur québécois, dont quelques planches originales seront exposées jusqu'au 12 mai au Centre Culturel Canadien, situé sur l'esplanade des Invalides, à deux pas du comptoir d'Air France !

Les bédéphiles regretteront évidemment que cet accrochage de planches ne soit étoffé de quelconque document, mais cela permettra toujours aux touristes de passage dans les beaux quartiers de se faire une idée sur cette série et d'en apprécier la subtile évolution graphique depuis ses débuts, en 1999.

Rappelons que Michel Rabagliati débuta comme infographiste et que c'est Le Journal d'un Album de Dupuy et Berbérian qui servit de déclic à sa deuxième carrière. Ne culpabilisez pas, donc, si vous pensez à Monsieur Jean en lisant les tribulations urbaines de Paul : Michel (vous suivez toujours ?) assume fièrement cet héritage.

extrait du site de Michel Rabagliati
Les lecteurs allergiques aux autobiographies dessinées auraient tort de bouder Paul car, si on se donne la peine de commencer la lecture, on se rend rapidement compte qu'ici c'est... "différent".
Si Michel Rabagliati raconte effectivement plus ou moins sa vie, lui sait le faire avec assez de recul et d'humour pour qu'on n'ait jamais l'impression de lire un truc nombriliste... pour ne pas dire chiant. Ses souvenirs, intelligemment distillés, se transforment ici, grâce à un dessin efficace et soigné -à la fois clair et fouillé- en autant de détails rendant ces vraies-fausses fictions réalistes.
Ainsi se déroule devant nos yeux, au fil de ces romans, un véritable tableau du Québec des années 70 à nos jours, brossé avec une grande sensibilité (et aussi un brin de nostalgie) par Michel Rabagliati.
L'émotion atteint son acmé dans le crissement bon Paul à Québec, dernier opus en date, récompensé cette année par à Angoulême par le prix du public, dont la fin poignante m'a mis la larme à l'œil.
Quitte à passer pour un niauseux, je prends le risque de préciser que les québécismes qui accompagnent ces histoires sont vraiment délicieux et vous suggère de les savourer "à voix haute", comme on se délecte en regardant en V.O. (sous-titré en France !) un épisode d'Un Gars, une fille joué par Sylvie Léonard et Guy A. Lepage.

Ultime consécration (?) et scoop du Plan B(d) : une adaptation cinématographique de Paul serait à l'étude..., tournée en live-motion, comme on dit chez nos cousins !
Je termine en précisant qu'on trouve une intéressante interview de Michel Rabagliati dans le n°25 de Casemate.
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Bonus Totoche-gadget :
cette semaine : le somptueux sac Paul et sa blonde (disponible chez Renaud-Bray) !

Merci à Martine et Christian.