lundi 26 août 2013

Paris mai

Le Joli mai - Chris Marker/Pierre Lhomme - 1962 - Potemkine

 Une splendide affiche de Jean-Philippe Stassen pour un film qui ne l'est pas moins.
 En mai 1962, alors que le sang n'est pas encore séché sur les marches du métro Charonne et que les accords d'Évian se profilent, Chris Marker et Pierre Lhomme descendent dans les rues de la capitale, une des premières caméras portables à l'épaule, pour faire parler les Parigots de leurs préoccupations du moment, leurs envies, leurs amours, leurs emmerdes. En pleine censure gaullienne, la France-d'en-bas n'est pas encore habituée à ce qu'on lui donne ainsi la parole et semble surtout se préoccuper de la fraicheur inhabituelle du printemps.

Le fond de l'air est frais (hum !)

Certains esquivent les questions ou rabâchent les idées reçues, d'autres sont d'une extraordinaire lucidité, comme ces ingénieurs qui voient déjà arriver les nouvelles technologies annonciatrices du chômage et de la perte de dignité des travailleurs, cet étudiant dahoméen remonté contre les missionnaires et qui espère bien un jour civiliser les blancs parmi lesquels il ne compte toujours aucun ami, ce jeune algérien déraciné et récemment diplômé qui prend le racisme en pleine gueule, tendant fièrement l'autre joue...
Plus que des micro-trottoirs, ce sont de véritables portraits croqués sur le vifs qui défilent sous nos yeux. Toujours réalistes, jamais méchants, ils nous apprennent au moins autant sur ces gens que sur nous-mêmes. Yves Montand, en voie-off, prévient : "Dans dix ans, ces images nous paraitront plus lointaines que celle de Paris-1900 aujourd'hui". Les images (la couleur du noir et blanc est sublime) peut-être, les témoignages, non. Il y a sept heures de rushes : on en redemande.


http://www.potemkine.fr/Potemkine-film/Le-joli-mai-le-joli-mai-/pa61m4f202.html

2 commentaires:

Julien a dit…

Excellent billet;heureuse découverte pour ma part.Pas si loin d'un film de Pierre Etaix sur l'aprés 68..?

Totoche Tannenen a dit…

Pas vu.