Olivier Delabarre, alors qu'il était encore étudiant aux Gobelins aux côtés de Bastien Vivès et de Michaël Sanlaville (qui l'encourageaient à laisser tomber) ne pensait sans doute pas, le jour où il décida d'ouvrir un carnet de croquis de Peter de Sève, que cela allait perturber le cours de son existence.
En effet, c'est en tombant sur un dessin de pieuvre de l'illustrateur étasuinien des studios Disney que lui vint l'idée d'essayer d'animer en 3D la démarche de cet animal à huit "pattes" : son sujet de fin d'études était enfin trouvé.
Cette idée n'était pas si saugrenue car, quand on y réfléchit un peu (même à jeûn), on se rend vite compte que les céphalopodes ne courent ni les dessins animés ni les bandes dessinées.
D'autres part, réussir à rendre expressive une face de poulpe relevait d'un triple défi : technique, artistique et humoristique.
C'est ainsi que naquit le projet Oktapodi, un (trop) court métrage d'animation 3D (deux petites minutes) enchaînant néanmoins gags et cascades à un rythme effréné, dignes de la course-poursuite athénienne du Casse de Henri Verneuil, mais cette fois-ci dans les ruelles d'une île paradisaque de l'archipel des Cyclades (mention spéciale au travail sur les reflets aquatiques).
Olivier Delabarre et ses cinq compagnons co-réalisateurs : Julien Bocabeille, François-Xavier Chanioux, Thierry Marchand, Quentin Marmier et Emud Mokhberi obtinrent donc fort logiquement leur diplôme.
Mais l'histoire ne s'arrête pas là puisqu'ils reçurent par la suite une douzaine de prix dans divers festivals aux quatre coins de la planète.
La récompense suprême fut une nomination aux Oscar au début de cette année 2009 !
On sait que la statuette en or fut finalement attribuée à "La Maison en Petits Cubes" du Japonais Kunio Kato...
Mais ce que ne dit pas l'histoire officielle, c'est le petit plaisir que s'offrit Olivier Delabarre lors de la cérémonie : dégainant son téléphone portable, il appela discrètement son pote Bastien Vivès resté en Europe :
"Allo, Bastien ?... Ouais, c'est moi ; ça roule ? Ouais, dis, ch'uis assis à côté de Pénélope Cruz, là... Si... Alors, t'as les boules ?".
Ça valait le coup de bosser aussi dur, non ?
On peut voir le film en meilleur qualité sur le site des Gobelins
D'autres films made in Gobelins.
11 commentaires:
Très chouette, j'aime beaucoup l'envol des mouettes à la fin qui fait "réaliste". Mais cette rue est bien vide :-)
C'est excellent, c'est peu de le dire. Il avait été présenté il y a quelque temps déjà sur l'écran TV, mais pas en entier. Ils sont bons les p'tits français. Ca serait sympa le long métrage maintenant.
Il y a un poulpe dans le Tex Avery censuré par Warner (pas pour cause d'anticéphalopodisme) Half Pint Pygmy.
Thank you, Junior.
Il faut l'avouer, les dessins animés m'énervent (mes enfants regardaient cela à longueur de journée) mais ton petit poulpe m'a fait passer un bon moment. Il y a plusieurs bonnes idées dans ce court métrage, et on nous épargne les sempiternels mêmes gags.
Mais pourquoi passent-ils à longueur de journée de la bouillie japonaise ou américaine à la TV ?
Il y a un bouton (généralement en bas à droite) pour l'éteindre.
Je ne sais pas comment ça se passe en Belgique mais en France il y a beaucoup de séries intéressantes ... et certaines françaises. Ensuite, il faut faire un peu le tri...
> Li-An >>>
Tu voulais certainement parler de la Suisse, d'où nous écrit le jeune Raymond ?
Ils ont un accent un peu ressemblant :-)
@Raymond : il ne faut pas confondre le niveau de production et donc le coût par minute des dessins animés destinés au cinéma et de ceux destinés à la télévision. L'échelle peut aller de 1 à 100.
En l'occurrence, Oktapodi, exercice d'école, entre plutôt dans la première catégorie.
A noter, pour les amateurs, que Nick Park a récemment pondu un nouvel opus de Wallace & Gromit : A matter of loaf and death, encore une fois excellent.
Pour ceux qui aiment les poulpes et les pulps :
http://francesca.net/pulp.html
Nos amis les pieuvres ne sont pas toujours gentilles !
vasco
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