samedi 27 août 2011

Laurence Croix, une femme de couleurs

 C'est avec Laurence Croix, la coloriste du Gauguin de Li-An, des Nemo et Biotope* de Brüno (* et Appollo), du Spirou de Yann et Schwartz ou encore du dernier Blake et Mortimer, ou plutôt avec ses travaux de jeunesse "hors-commerce", que j'ai eu la chance de passer l'été.


 Grâce aux Techniques de mise en couleurs dans la bande dessinée : de l'imagerie d’Épinal à nos jours, son mémoire de maitrise d'arts plastiques présenté en 1998 à Rennes, j'ai enfin compris la différence entre colorisation et coloriage, la subjectivité et le symbolisme des couleurs ou encore leur incidence sur la lisibilité et la narration. Je suis incollable sur l'Histoire de la mise en couleur, de Gutenberg à Photoshop en passant par Épinal, le Yellow Kid et McCay, Hergé et Jacobs, Hislaire, De Crécy et même Yann et Conrad.





La bi-, la tri- et la quadrichromie, le Ben Day de Chaland et Swarte, le double tone de Roy Crane, l'offset, la "couleur directe", les bleus d'imprimerie et même le JV 16 de Léonardo ne sont plus des gros mots, je sais tout, tout, tout (on y croit), tout ce que je n'ai pas déjà oublié ou compris de travers (pas évident le truc des contrastes d'Issen et de Chevreul -chers aux Impressionnistes, je crois- pour un daltonien).


Après un rappel historique et technique, Laurence Croix démontre grâce à une série d'expériences (la série chromatique) menées en couleur directe, sur bleus puis à l'aide de cases préalablement colorisées par ses cobayes, qu'une même série de planches peut raconter différentes histoires en fonction de la colorisation et par là même que la couleur est [bien] un "acteur" à part entière de la bande dessinée. Elle ouvre ainsi la porte à un "OuChroPo", Ouvroir de Chromaticité Potentielle, déjà évoqué par Thierry Groensteen en 1997 dans l'Oupus 1 de L'Association et qui sera développé mathématiquement grâce à l'outil informatique dans son DEA d'Arts plastiques l'année d'après.

Deux ouvrages -passionnants, donc- sur l'enfant pauvre si souvent maltraité du neuvième art, qui m'ont rappelé un autre excellent mémoire que j'avais pu lire il y a quelques années, celui de Cali Rezo sur les couleurs du Dernier chant des Malaterre de François Bourgeon, et qui ne feraient certainement pas tâche dans la pléthore d'ouvrages consacrés aux techniques de la bande dessinée déjà disponibles en librairie.

 Alors, même si Hermann (un des dessinateurs interviewés dans le mémoire de maîtrise aux côtés de Cabanes, Hausman, Midam et Davodeau) trouve "qu'il y a des choses plus agréables à masturber que la cervelle", je remercie Laurence Croix, impressionnante par sa culture, notamment BD, grâce à qui j'aurai tout de même réussi à prendre des couleurs cet été.

(un grand merci également à Ronan)

3 commentaires:

Hobopok a dit…

Comic Sans ! Comique avec...
http://bancomicsans.com/

Totoche Tannenen a dit…

Pauvre Connare :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Vincent_Connare

Raymond a dit…

Voilà en tout cas un livre qui m'intéresserait, moi qui ne sait pas grand chose sur le Ben Day et toutes ces autres techniques barbares.