Vous avez jusqu'au 21 septembre 2008 pour vous organiser un petit week-end tranquille dans la
Manche et profiter soit de la pluie, soit du soleil pour trainer les vôtres dans la pénombre des salles d'expositions du musée
Thomas Henry à
Cherbourg-Octeville.

Jusque-là réputé pour sa collection d'œuvres de
Jean-François Millet, le musée ose courageusement, grâce à
Véronique Liévin et
Dominique Paysant, les commissaires d'exposition, ouvrir ses portes tous les 2 ans à un grand artiste plus connu des amateurs de 9e Art que vous êtes, bande de petits sacripants.
Après
Enki Bilal,
François Schuiten et
André Juillard, c'est donc au tour de
Jacques de Loustal de s'y coller.


Un excellent travail d'éclairage permet de valoriser le traitement de la lumière et de l'ombre par le dessinateur des mythiques
"Barney et la Note Bleue" et autres
"Jolie Mer de Chine" :
On est tout d'abord frappé par les "estampes numériques" des studios
Franck Bordas dont le grand format (dépassant les 2 mètres) vous immerge au cœur des images issues du portfolio
"Nord" édité par
Alain Beaulet et que l'on prendrait pour des originaux si ceux-ci n'étaient exposés juste en regard.


Une deuxième salle nous fait découvrir une douzaine de fusains réalisés
en résidence d'artiste à
Cherbourg, magnifiant les forts de
Vauban "customisés par les allemands" (dixit l'auteur),
l'espèce de ponton bouffé par la rouille , ainsi que l'épave fantôme échouée dans la rade ...
Le Maître nous révèle dans une petite vidéo son outil secret, absolument indispensable pour réussir un beau fusain : l'annuaire des Pages Jaunes de
Paris, savamment calé sous le coude !
(Dans le rubrique "
Le saviez-vous ?" on rappellera que le véritable outil fétiche de
Loustal, également utilisé par
Dupuy-Berbérian, est le stylo-pinceau japonais, permettant de faire des gros trais bien gras, aux bords nets d'un côté et baveux de l'autre.)




Plus que les photo-montages (réalisés à la main, sans Photoshop, s'il vous plait madame !) à admirer, avant que le "bédéphile" ne se retrouve en terrain connu avec une centaine d'originaux et une dizaine de sérigraphies exposées dans les deux dernières salles.

Ouf ! Après tant de culture, on a bien mérité une moule-frite et un baron de bière ! C'est fatiguant ces ponts du mois de mai !
A voir aussi : 4 reportages sur l'expo
Clair obscur sur
5050 TV...
Quant au prochain invité de la biennale, le secret est farouchement gardé ...
Maiiiis en discutant avec un vieux loup de mer rencontré à la réserve ornithologique de l'île de Tatihou, je me suis fait ma petite idée ...
Et comme vous avez eu la gentillesse de lire jusque-là, je vous cache un indice dans le billet :-)
Vos gueules, les mouettes !
Sous une superbe couverture panoramique à rabats avec impression laquée en relief, on découvre une histoire très noire (”à ne pas mettre en toutes les mains”, dirons-nous) d’une centaine de pages réparties en 9 chapitres, plus proche de la BD européenne que du manga, sur laquelle Katsuya Terada explore différents styles graphiques qui devraient ne pas déplaire aux admirateurs de Gir/Mœbius.
Ce n’est pas de la SF mais plutôt une espèce de Pulp ; le Noir et Blanc prédomine, avec notamment un chapitre contenant un admirable travail de trames. Néanmoins quelques illustrations (dont 2 posters recto-verso) sont admirablement mises en couleur …
Evidemment, le tout est en japonais : on n’y entrave que dalle ! Mais même traduit en français, je pense qu’on ne comprendrait pas plus (au fait, quelqu’un a-t-il réussi à lire jusqu’au bout le graphiquement-fabuleux “Ghost in the Shell” de Masamune Shirow ?).
Et puis ces hiraganas et katakanas sont d’une telle élégance ! Ils ajoutent un côté mystérieux, exotique et opaque à ce glauque récit.
Qu’écrire d’autre ? … Que je ne trouve pas le prix exagéré pour un livre d’une telle qualité venant de surcroît de l’autre bout de la planète. (pour info, après avoir parcouru des kilomètres dans Paris et des dizaines de sites internet, je l'ai trouvé tout simplement ... sur le site de la Fnac , et à un prix défiant toute concurrence !)
Voilà ... Evidemment, c’est ma vision personnelle de l’album : certains détesteront peut-être. En tous cas, j’espère n’avoir pas trop raconté d’âneries ni trahi le bouquin : à vos CB et bonne dégustation !
Et bon courage pour la visite du site ! : http://www.wani.com/