
De passage dans le Var cet été, j'ai eu l'occasion de me rendre pour la première fois au festival de Solliès-Ville dont c'était la vingtième édition, et pour lequel une assez importante campagne de publicité nationale avait, semble t-il, été organisée (affiches jusque dans la capitale, publicités dans divers magazines tels Case Mate, Spirou, Télérama ...).
Il faut dire que la liste des auteurs invités était particulièrement alléchante, comme vous pouvez le constater par vous-même sur ces photos :
Etc, etc ...
Un bien beau festival sur le papier, donc. Mais quand on souhaite organiser un évènement d'une telle ampleur, a fortiori avec un tel battage médiatique, il conviendrait de s'en donner les moyens, ou d'avoir un minimum d'imagination. Suffit-il d'aménager un campement de dessinateurs et de libraires d'occasion pour réussir un "festival", même si l'entrée en est gratuite ?
De l'absence de parking ou même de navette, au parcage du bétail de lecteurs sur la grand-place alors que les placettes ombragées ne manquent pas dans le village, en passant par l'installation de certains auteurs en plein cagnard (vous avez déjà vu un Margerin tout rouge ?) et l'intérêt plus que limité de certaines expositions, l'organisation m'a parue un tantinet légère ...
Pas même un carton correctement accroché pour voir le nom de l'auteur (quand il était présent) !
Ne parlons pas des admirateurs tout juste bons à (j'hésitais à écrire "assez abrutis pour") attendre devant une chaise vide et derrière des files de sac à dos sans personne pour les renseigner sur l'éventuelle venue des auteurs annoncés ("Oui, oui, achetez le livre, il va bien finir par arriver" ... ) !
C'est nouveau : à Solliès, seuls celles ou ceux qui ne tombent pas victimes d'insolation (et j'en ai vu !) et qui auront posé leur sac dans la file dès la veille auront dorénavant droit à une dédicace !
Ils n'y a donc pas de plan Vigipirate à Solliès ? Certains organisateurs, comme à Amiens, arrivent pourtant très bien à bannir cette pratique stupide. J'avoue que l'envie m'a démangé plus d'une fois de repartir avec un de ces sacs paraissant particulièrement bien garni !
Après une "charte des dédicaces", à quand une charte du public ?
Et que dire de cette pauvre feuille de papier A4 où il était écrit au feutre "Hommage à Carlos Meglia", accompagnant deux ou trois livres (à vendre) de l'auteur argentin invité et malheureusement disparu quelques jours plus tôt ? Quel vibrant hommage ...
Ah oui, au fait : le Prix spécial 20e anniversaire a été remis à ... Marcel Marlier, pour l'ensemble de son œuvre ... Il paraîtrait que même Lewis Trondheim n'en soit pas revenu ! Je n'ai absolument rien contre le célèbre auteur de Martine, mais elle est où la BD, là ?

Devant un tel mépris du public, le Carton rouge aux organisateurs me semble amplement mérité.
La connerie ayant tout de même des limites, et n'ayant pas envie d'attraper une insolation (même gratuite), je mis les bouts, jurant mais un peu tard qu'on ne m'y prendrait plus. (Après tout, le spectacle de quelques flamants roses à la presqu'île de Giens valaient bien une dédicace de Berberian, non ?)