Le ciel est gris, les queues aux musées monstrueuses, c'est le temps idéal pour aller se mettre à l'abri de la pluie et de faire le plein de couleurs à la bibliothèque Forney (1, rue du figuier, 75004 Paris) qui expose, le temps d'un hiver, une centaine de travaux de Bernard Villemot (1911-1989).
On y découvre, grâce à une donation récente de ses héritiers, l'évolution de l'artiste, depuis les adorables esquisses à la gouache, de la taille d'une boîte d'allumettes, aux géantes affiches définitives, de ses premières commandes pour le cinéma et l'État français (travail, famille, patrie) dans les années 30-40 aux fameuses campagnes pour Orangina, entamée en 1953, Perrier (1956) et Bally (1967) qui finirent d'asseoir sa réputation, en passant par celles pour EDF au début des années 60 -où il commence vraiment à se lâcher, faisant exploser sa palette de couleurs et plongeant dans l'abstraction-, Air France, la SNCF, etc.
Bien que fils du dessinateur humoristique Jean Villemot et ami de Savignac, on ne peut pas dire que ses affiches se démarquaient spécialement par leur humour. Bernard Villemot lui, lorgnait plus vers l'art décoratif proprement dit.
Son admiration pour Matisse ne fait d'ailleurs aucun mystère, notamment quand au vu de ses dernières créations. On reconnait d'ailleurs peut-être également en passant devant telle ou telle affiche les influences de Picasso, De Staël ou Van Dongen...
C'était un temps où la photo n'avait pas encore tué le dessin, où l'appât du gain n'empêchait pas le goût du risque, où les artistes n'étaient pas des employés d'agence. Un temps où l'art était à la portée de tous, sur les murs des villes. Peut-être y avait-il encore un minimum de respect pour les consommateurs ?
Ce qui est troublant, c'est de se souvenir d'avoir vu, en leur temps, quelques-unes de ces publicités. La dernière, pour le Loto, date de 1989. C'était hier.
Allez, courage, il faut déjà retourner dans la rue, affronter les déprimants panneaux Decaux...
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Une fois de plus, Paris bibliothèques édite un beau catalogue, futur collector.
Villemot, peintre en affiches, à la bibliothèque Forney jusqu'au 5 janvier 2013.
Vive la peau d'orange ! |
(voir aussi la chronique d'Hobopok dimanche)
2 commentaires:
Aaah, Villemot ! Mon premier choc graphique, enfant, en voyant sur les murs ses affiches Orangina ! Par contre, son affiche pour l'état français, c'est mon choc à l'âge adulte. Aaah, Villemot… ;-)
Non, l'affiche qui m'a le plus laissé perplexe, c'est celle -d'à peu près la même époque- où l'on voit un athlète faire le "salut olympique", le bras bien tendu si tu vois ce que je veux dire. Elle n'est d'ailleurs pas reprise dans le catalogue d'expo et je n'ai pas réussi à la gougueuliser non plus. Si quelqu'un a ça en magasin...
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