samedi 19 juillet 2008
Rions un peu. Aujourd'hui : "La Profanation".
A la question "Peut-on rire de tout ?", le grand philosophe Pierre Desproges répondait "Oui, mais pas avec n'importe qui" ...
Éternel anxieux, je reconnais me poser régulièrement cette question.
La dernière fois, c'était en parcourant récemment ce recueil, édité au mois de mai par 12bis et les éditions Rotative, reprenant des dessins de Cabu, Catherine Beaunez, Charb, Honoré, Jul, Luz, Riss, Tignous et Wolinski, parus dans Charlie Hebdo, et intitulé "C'est la faute à la société - Faits divers".
Certes, on ne s'attend pas à des gags d'une extrême finesse en s'avançant sur ce genre de terrain, mais je dois dire que le gag de la page 26 m'a laissé perplexe :
J'apprécie pourtant le trait du talentueux Tignous, le thème abordé -en l'occurence le terrible tsunami du 26 décembre 2004- ne me gène pas, je suis un ardent adepte de l'humour noir, je suis un lecteur occasionnel de Charlie-Hebdo dont j'apprécie la liberté de ton, et je trouve assez "rigolote" l'idée d'aller mettre des fleurs dans les trous de nez de la Camarde ...
Alors, quoi ?
Ce que j'ai regretté, dans ce cartoon, c'est sa légende, ou plutôt l'extrait du journal Libération qui l'accompagne, et où l'on peut lire en toutes lettres le nom et le prénom (que j'ai gommés pour ce billet), l'âge et même l'adresse de cette pauvre femme dont l'unique crime est d'avoir laissé trainer son cadavre en état de putréfaction avancée sur une plage paradisiaque que ne renieraient pas Leonardo DeCaprio, Virginie Ledoyen ou Guillaume Canet.
Le prénom de deux pauvres gamines de 2 et 8 ans (les siens ?) qui, semble-t-il, l'accompagnaient, y apparaissent également ...
Que ces informations paraissent au milieu des éphémères lignes du quotidien Libération ou dans un cartoon de Charlie Hebdo, dont la lecture sera vite oubliée, remplacées par d'autres actualités, ne me choque pas.
Ce qui m'étonne plus, c'est de les retrouver fixées à jamais dans les lignes d'un recueil de gags ...
Que l'on tape sur la gueule de dirigeants, politiques, militaires, religieux, économiques ... morts ou vifs, de criminels, ou bien de simples crétins responsables de tel ou tel fait divers est une chose, que l'on se gausse du cadavre mutilé, exposé en place publique, d'une mère de famille innocente en est une autre.
Cet état nauséeux est peut-être bien un nouveau signe témoignant de ma sénilité précoce galopante, mais je ne peux m'empêcher de me demander si la connerie est vraiment de mon côté sur ce coup-là ?
L'affaire Charlie-Hebdo, opposant actuellement Siné à Val, me passe du coup largement au-dessus du cigare.
Carton.
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3 commentaires:
C'est vrai que ça craint un peu du boudin. De nommer nommément des noms.
Toutefois, il conviendrait plutôt de féliciter Tignous pour son extrême mauvais goût et sa relative absence de drôlerie, bref, pour son dessin un peu nul, car comme on le sait, on doit rire de tout si on ne veut pas risquer de ne plus pouvoir rire de rien.
Quant à l'affaire Siné, elle me laisse itou pour le moins perplexe, ça resemble plus à Règlement de comptes à Charlie-Hebdo qu'à un débat de quelque profondeur sur la liberté d'expression.
Eh oui ! L'équipe d'Hara Kiri (ou de Charlie Hebdo) a toujours été à la limite du mauvais goût. C'est à la fois leur force et leur faiblesse. Je ne me sens donc pas tenu d'aprouver tout ce qu'ils font.
En l'occurence, les limites du mauvais goût sont franchies, et ce n'est même pas drôle.
Sinon, j'aime bien ce qu'ils font, mais il y a longtemps que je n'achète plus leur journal, un peu trop axé sur la politique française.
Bon, ça me rassure, je ne suis pas le seul vieux con sur ce blog.
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